Conséquence de la fermeture forcée de son casino, la ville de Ouistreham devrait perdre un million d'euros de recette sur son budget annuel. Une perte énorme qui devrait être compensée par une augmentation exceptionnelle de 30% des impôts sur le foncier, soit 240 € en moyenne par habitant.
Le casino de Ouistreham a rouvert le 2 juin, après quasiment trois mois d'inactivité en raison de l'épidémie de coronavirus. Or, chaque année, l'établissement de jeu participe au budget de la ville à hauteur de deux millions d'euros, soit environ 15% de l'enveloppe annuelle de la cité balnéaire (12 millions d'euros). Pour compenser cette énorme perte de revenu, le maire Romain Bail (LR), et son équipe, ont décidé d'augmenter les impôts, à hauteur de 30%.
Concrètement, environ 5700 Ouistrehamais, sur 9000, seraient assujéttis à cette augmentation. Selon les estimations des services de la commune, cette hausse serait en moyenne de 240 € par an, par foyer. "Cela ne touchera que les classes moyennes et supérieures" précise Romain Bail. L'édile calvadosien a bien conscience de l'impopularité de sa mesure. "Je conçois bien qu'il s'agisse d'une somme importante. Mais, remis dans l'effort global et collectif, c'est une somme qu'il va falloir tous assumer ensemble". Le Républicain n'oublie pas qu'il a été réélu dans un fauteuil dès le premier tour des éléctions municipales en mars dernier.
"Il n'y avait véritablement pas d'autres solutions. Je ne suis pas magicien. Cette situation nous enseigne qu'il faut peut-être sortir de notre dépendance au casino"
Les Ouistréhamais globalement fatalistes
Interrogés sur la mesure, les habitants de la commune côtière semblent comprendre la décision de leur maire. "Une augmentation d'impôt, ça pique toujours. On n'est jamais content par rapport à ça. Après, si c'est une histoire liée au Covid, il faut qu'il y ait un effort de fait par tout le monde", concède une nouvelle arrivante sur la commune. "S'il faut le faire on le fera. Tout le monde doit être un peu solidare, on ne doit pas se monter les un contre les autres", abonde une autre résidente de la commune.
Pour l'opposition, une décision injustifiée
Le confinement n'a rien changé aux vives tensions entre le maire et son opposition. Il était évident que pareille décision serait sujet à controverse. Pour Raphaël Chauvois (PS), l'effort demandé par Romain Bail est bien trop important par rapport au réel manque à gagner de la ville. Pour le démontrer, il s'appuie sur un calcul mathématique :
"Si le casino rapporte 2 millions d'euros à l'année, et qu'il a fermé pendant trois mois, alors la perte de revenu pour la ville s'élève à 450 000 euros". Pour l'adversaire politique de l'édile, "Romain Bail cherche à combler une antériorité fiscale et notamment le million d'euros dilappidé dans l'affaire du centre franco-britannique", qui ne verra pas le jour. Chauvois ajoute : "L'an dernier, avant d'être réelu, Romain Bail a baissé les impôts de 5%. Une fois élu, il les augmente de 30%."
Pour sa défense, l'actuel maire explique que la hause des impôts ne vient pas uniquement compenser l'absence de revenu du casino mais aussi d'autres recettes non perçues, cumulées à des dépenses nées de la crise sanitaire. Outre l'augmentation des prélèvements, des travaux prévus dans l'école sont reportés à 2021, le début de l'aménagement d'une maison d'association est reporté au mois de novembre, et les suvbentions allouées aux associations vont également diminuer. Toutes les manifestations prévues par la communes sont également annulées jusqu'à la fin de l'année, ce qui permettrait d'économiser 300 000 euros.