D-Day : 5 histoires que vous ne connaissez (sans doute) pas sur le Débarquement

Un sosie de Montgomery pour tromper les Allemands, le sable normand prélevé et analysé par les Alliés en janvier 1944, le nom de code des plages du Jour J, le son de la cornemuse sur Sword Beach, autant d'histoires mémorables du D-Day que nous allons vous raconter avec les dessins de Chaunu.

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Le Débarquement de Normandie est la plus grande opération combinée de l'histoire. C'est une aventure militaire, technologique et humaine sans précédent. Mais connaissez-vous tous les détails des préparatifs et du déroulé du Jour J ? A l'occasion de la sortie du livre Histoires mémorables du Débarquement et de la Bataille de Normandie écrit par Jean-Baptiste Pattier avec les dessins de Chaunu, nous vous dévoilons quelques anecdotes et faits historiques passionnants trop souvent oubliés...
 

1. Le sable normand en éprouvette 

Après avoir nagé depuis leur embarcation, ils s’approchent à la nage du rivage dans la plus grande discrétion. Puis ils rampent pour atteindre le sable. L’objectif de la mission : prélever des échantillons du sol à différents endroits de la plage.

Une fois la Normandie choisie en 1943 pour le Débarquement, une question centrale taraude les esprits des généraux alliés : les plages de Normandie supporteront-elles le poids des blindés, le débarquement des dizaines de milliers de soldats et des centaines de milliers de tonnes de matériel ? Il est donc décidé d’envoyer dans le plus grand secret, depuis l’Angleterre et par la mer, des militaires pour des missions nocturnes de reconnaissance sur les plages de Normandie.
 
Une des expéditions les plus emblématiques est celle du 1er janvier 1944. Le major Scott-Bowden et le sergent Ogden-Smith sont chargés d’inspecter les plages du secteur britannique. Après avoir nagé depuis leur embarcation, ils s’approchent à la nage du rivage dans la plus grande discrétion. Puis ils rampent pour atteindre le sable. Ils portent dans leur dos, une douzaine de longs tubes numérotés au phosphore.

L’objectif de la mission : prélever des échantillons du sol à différents endroits de la plage avec pour obligation de référencer leur provenance géographique en la notant sur une tablette fixée au bras. Du sable normand est emmené dans un des tubes mais aussi de la tangue s’étendant sur un banc repéré au préalable par photographies aériennes. L’opération permet de confirmer la présence de ce sédiment et surtout de contrôler sa résistance. Après avoir rempli huit tubes de divers prélèvements, les deux hommes regagnent leur bateau. Par la suite, ils ont mené une autre opération à Omaha Beach.
 
 

2. Le sosie de Montgomery 

Il s'appelle Clifton James et sa ressemblance avec l'emblématique Monty est stupéfiante.Il doit simuler une tournée en méditerranée à quelques jours du Jour J en Normandie. 

Dans le cadre de l'opération Fortitude qui a pour objectif de tromper les Allemands sur le lieu du débarquement, un lieutenant australien est casté par les autorités alliées pour incarner le général britannique Montgomery. Il s'appelle Clifton James et sa ressemblance avec l'emblématique Monty est stupéfiante. Il doit simuler une tournée en méditerranée à quelques jours du Jour J en Normandie. 
Après avoir appris en Angleterre la façon de parler de Montgomery, sa démarche, ses attitudes corporelles, il s'envole pour Gibraltar au soir du 25 mai 1944. L'idée est de faire croire aux Allemands qu'une vaste opération se prépare en direction des Balkans.
 
Au petit matin, avant d’atterrir, surprise générale dans l’appareil : il sent l’alcool et le « Monty Bis » est incapable de se réveiller. Les généraux présents à bord tentent tout pour l’éveiller : eau froide, plusieurs tapes, ils l’exposent à l’air froid des bouches d’aération. Une fois debout, ils l’obligent à marcher dans l’allée centrale pour qu’il reprenne ses esprits et puisse mettre un pied devant l’autre le plus adroitement possible. Une fois l’avion posé sur la piste, il descend les marches de l’avion et salue le gouverneur de Gibraltar sans trébucher au son de « God Save The King ».

La tournée méditerranéenne peut commencer. Lors de la réception organisée par le gouverneur de Gibraltar, de nombreux Espagnols soupçonnés de travailler pour les services secrets allemands sont invités. Le vrai faux Montgomery évoque sciemment le « Plan 303 ». Le scénario est bien rodé car une fois ce nom de code évoqué, il se tait en jouant le rôle du haut gradé soucieux de respecter le devoir de réserve. La discrétion et le secret restent de mise, on ne sait jamais, au cas où quelques oreilles attentives et malveillantes seraient dans les parages. L’objectif est atteint, après les rapports de leurs agents, les Allemands s’empressent d’enquêter sur ce prétendu « Plan 303 ». Le lendemain, il décolle pour Alger. Il enchaîne les réunions, les réceptions, les entrevues. Tous les espions à la botte de l’Allemagne nazie ne pouvaient que constater l’omniprésence de cette figure emblématique de l’état-major allié. La supercherie est une parfaite réussite. Les Allemands décident de maintenir dans le sud de la France la 19e Armée. Une force ennemie de moins sur les côtes normandes.
 
 

3. Juno Beach : le prénom de l'épouse d'un lieutenant canadien 

Finalement, le lieutenant-colonel canadien Dawnay, dans les parages aux moments des discussions, propose Juno, le prénom de sa femme, comme nom de code. C’est adopté !

Comme pour toute opération "top secret", des noms de code sont attribués aux lieux géographiques, il est donc essentiel de nommer les plages du débarquement. Les Américains doivent partir à l'assaut de deux plages normandes. Une seule se situe dans le département de la Manche et s'étend entre Saint-Martin-de-Vareville et Sainte-Marie-du-Mont, sur la côte sud-est du Cotentin. Le nom choisi pour cette zone est Utah Beach en référence à un Etat américain. Puis vient la première plage à l’ouest du Calvados : Omaha Beach. Ce nom vient d'une ville du Nebraska.

Côté britannique, le général Montgomery baptise les secteurs britanniques. Gold Beach pour les plages à l’est d’Arromanches et Sword Beach pour la zone la plus à l’est à hauteur des communes de Colleville-sur-Orne et Ouistreham. Ces noms sont les diminutifs de goldfish et de swordfish, respectivement poisson rouge et espadon en français. Pour les plages du secteur canadien situées entre Gold Beach et Sword Beach, Montgomery propose Jelly Beach (qui signifie méduse en Anglais).
 
Mais Churchill n’apprécie guère cette proposition. Le Premier ministre britannique ne souhaite pas associer le mot « méduse » à un événement historique où probablement de nombreux soldats vont mourir. Finalement, le lieutenant-colonel canadien Dawnay, dans les parages aux moments des discussions, propose Juno, le prénom de sa femme, comme nom de code. C’est adopté ! Il est vrai que cette appellation est moins dans l’esprit du nom de code du débarquement. L’opération est baptisée Neptune, en référence au dieu romain de la mer et de la navigation.
 
 

4. Débarquer au son de la cornemuse 

Dans ce vacarme tonitruant, le célèbre et l’unique piper Bill Millin se met alors à jouer "The road to the Isles" en longeant la plage.

A Sword Beach, en secteur britannique, sur la plage de Colleville-sur-Orne, lord Lovat, seigneur écossais est à la tête du numéro 4 commando. Accompagné de ses hommes et de son joueur de cornemuse, ils foulent enfin le sable normand. Même si le règlement interdit la cornemuse sur le terrain des affrontements, lord Lovat s’en contrefiche et prend un malin plaisir à souligner qu’il s’agit d’un ordre anglais tout en précisant qu’il est écossais.
 
Dans ce vacarme tonitruant, le célèbre et l’unique piper Bill Millin se met alors à jouer The road to the Isles en longeant la plage. Si certains assaillants se réjouissent et font le signe de la victoire, un sergent offusqué par une telle fantaisie en plein débarquement insulte Bill Millin qui reste droit comme un i. Imperturbable, il continue à joueur de la cornemuse.
Après avoir débarqué, lord Lovat et son fidèle joueur de cornemuse Bill Millin sont déjà passés par là. Contrairement à l’image répandue par le film Le Jour le plus long, épique mais truffé d’erreurs historiques, l’iconique piper ne traverse pas Pegasus Bridge au son de sa cornemuse même si l’envie ne lui manque pas. Le passage du pont de Bénouville est marqué par des tirs ennemis. Des balles sifflent de toutes parts, Bill Millin traverse Pegasus Bridge presque entièrement accroupi pour se protéger lui-même et bien sûr sa cornemuse. Une fois arrivé sur l’autre rive, il se remet à jouer. Il entonne alors March of the Cameron.
 
 

5. Les îles Saint-Marcouf et les îles anglo-normandes : aux antipodes de la Libération 

Les Américains craignent sur les îles Saint-Marcouf  la présence d'Allemands, de canons ou même d’un simple poste d’observation compromettant l’effet de surprise et les opérations sur Utah.

Deux heures avant le débarquement sur les plages du Calvados et de la Manche, un premier débarquement allié a lieu sur les îles Saint-Marcouf, situées à 8 kilomètres des côtes d’Utah Beach où le grand assaut est prévu pour 6 h 30 du matin.
Les Américains craignent sur les îles Saint-Marcouf  la présence d'Allemands, de canons ou même d’un simple poste d’observation compromettant l’effet de surprise et les opérations sur Utah.

Le 6 juin 1944, à 4 h 30, quatre éclaireurs s’approchent silencieusement des îles en canots pneumatiques. Très vite, ils constatent l’absence de pièces d’artillerie et d’Allemands sur les îles Saint-Marcouf. Une fois l’information transmise à leurs supérieurs, à 5 h 30 du matin, 130 soldats des 4e et 24e Cavalry Groups débarquent sur les îles et occupent ces territoires normands. Aucun affrontement n’a eu lieu, mais à cause de mines placées auparavant par les Allemands, le bilan n’est pas nul. Deux Américains sont tués et dix-sept sont blessés. Les îles Saint-Marcouf sont donc les premières terres de Normandie libérées depuis la mer par les Alliés.
À l’inverse, il faudra attendre le 8 mai 1945 pour que les îles anglo-normandes ne soient plus occupées par les Allemands.
Le 6 juin 1944, les habitants des îles anglo-normandes sont pleins d’espoir après cinq années d’occupation. Mais en vain, et ils le comprennent rapidement, ils doivent se résigner à attendre. Au début de l'année 1945, les habitants et l’occupant manquent toujours de vivres sur les îles anglo-normandes. Alors, dans la nuit du 8 au 9 mars 1945, vers 1 heure du matin, 250 soldats allemands participent à un raid sur Granville. Selon les rapports, entre deux et six habitants de Granville sont tués au cours de cette attaque.

Un autre raid est mené par les Allemands le 5 avril 1945, un commando en provenance de Jersey débarque au cap de la Hague. Les 18 Allemands qui le composent sont immédiatement faits prisonniers. Mais soucieux de se battre jusqu’au bout pour l’honneur du Reich et de ses armées, le vice-amiral Hüffmeier, commandant de la garnison des îles anglo-normandes et fervent nazi, envisage de mener une nouvelle attaque le 7 mai 1945, mais la guerre est finie. Le 8 mai 1945, les Allemands encore présents sur les îles anglo-normandes se rendent aux Alliés. Le matin du 9 mai 1945, la reddition est signée à bord du destroyer de la Royal Navy, le HMS Bulldog.
 






 
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