A Ouistreham, le ferry repart vers l'Angleterre avec des passagers. Mais la quarantaine n'est pas (encore) levée.

A Ouistreham, le Mont-Saint-Michel a embarqué ce lundi une centaine de passagers direction l'Angleterre. Une première pour la Brittany Ferries depuis plus de 3 mois. Mais de l'autre côté de la Manche, les mesures de quarantaine sont toujours en cours. Elles pourraient être levées cette semaine.

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Une première après "trois mois d'hibernation". Ce lundi 29 juin, au petit jour à Ouistreham, le Mont-Saint-Michel a embarqué autre chose que des marchandises. Une centaine de passagers sont montés à bord pour se rendre de l'autre côté de la Manche. Une reprise timide, mais une reprise quand même pour la Brittany Ferries qui, selon son directeur général Christophe Mathieu, devrait voir en 2020 son chiffre d'affaire baisser de près de 250 millions d'euros par rapport à l'année dernière. "On va tout faire pour préserver l'emploi mais ça aura un impact sur l'emploi saisonnier et sur l'emploi, à moyen terme, de CDD. C'est sûr, ça ne peut pas être autrement."

Et si la compagnie bretonne s'attend à "une saison d'été qui va être au mieux très mauvaise", l'heure était plus que venue pour elle de redémarrer. Pour minimiser les pertes d'une part mais aussi pour "préparer l'avenir", un avenir où le coronavirus sera encore présent un bon moment. "On veut donner envie aux gens de voyager en ferry (...) On est convaincu que, dans ce monde chahuté, le ferry permet le plus de distanciation sociale, il y a de grands espaces à bord." Et pour rassurer, le compagnie a mis en place plusieurs mesures, à commencer par une restriction de sa jauge. "On embarque 550 passagers contre 2000 auparavant sur chaque départ pour que chaque famille soit dans une cabine". Objectif :"essayer de sauver notre saison et aussi, dans les mois qui viennent, prendre des parts de marché sur d'autres modes de transport".

Je ne voulais pas passer par Paris pour minimiser le risque d'infection.

Peter


En ce lundi de reprise, ce n'est pas l'affluence des grands jours. Parmi les premiers passagers, Peter, un citoyen britannique qui vit en France depuis 20 ans. Ce voyage, le quinquagénaire l'attendait depuis longtemps. Mais le coeur lourd. "Je viens voir ma mère à Portsmouth. Elle vit ses derniers jours. J'avais réservé le 15 mais le voyage a été annulé. Là, ça devient urgent." Pour lui, le bateau s'est imposé comme une évidence. "Je ne voulais pas passer par Paris pour minimiser le risque d'infection."

Des Français sont aussi du voyage. Avant la crise, Jean-Baptiste faisait l'aller-retour tous les 15 jours. Le jeune homme vit à Dives-sur-Mer mais travaille dans une entreprise qui possède un site à Exeter. Juste avant le confinement, le Normand a rempli sa voiture en toute hâte avant de rentrer au pays. "C'était bizarre de partir précipitamment sans dire au revoir", se souvient Jean-Baptiste, "Là, je fais un aller-retour de 24 heures pour finir de vider mon appartement. Je ne vais pas pouvoir revoir tout le monde. Mais dès qu'on aura la possibilité de passer plus de temps là-bas, je reviendrai voir mes amis."
 
 

Une "quarantaine" de bonne volonté ?

Depuis le 8 juin, les touristes en provenance de plusieurs pays, dont la France, doivent observer une période de quatorzaine à leur arrivée sur le territoire britannique. Au Royaume-Uni, le secteur du transport aérien, frappé de plein fouet par la crise du coironavirus, est monté au créneau contre cette mesure. Les compagnies aériennes British Airways, Ryanair et EasyJet ont ainsi adressé un courrier au Premier ministre pour dénoncer des dispositions "totalement injustifiées et disproportionnées". En France, le député normand Sébastien Jumel avait tiré la sonnette d'alarme et appelé les pouvoirs publics à "une intervention diplomatique" ainsi qu'à soutenir les liaisons maritimes. "Le lien maritime transmanche c'est 20 000 emplois, 1,5 milliards d'euros réinjectés dans l'économie touristique par les Britanniques qui viennent profiter de la France", rappelait le 11 juin dernier l'élu dieppois.

Pour fouler le sol britannique, le voyageur doit remplir un formulaire sur lequel il indique ses contacts, son adresse de confinement et ses informations de voyage. Le gouvernement de sa Majesté se réserve le droit de choisir un établissement "adapté" si votre lieu de confinement "ne respecte pas les conditions requises", comme le rappelle le ministère français des affaires étrangères. A son arrivée, le touriste est "invité" à télécharger l'équivalent britannique de Stop-Covid et à éviter les transports en commun pour se rendre en quatorzaine.

Durant ces 14 jours, les autorités du Royaume-Uni font appel au civisme de leurs invités : éviter au maximum les sorties et contacts, sauf si une aide extérieure est indispensable ou impossible (besoin de faire des courses mais aucun contact sur place). "Vous êtes susceptible d’être contacté régulièrement pendant cette période pour vérifier que vous respectez cette mesure", indique le Quai d'Orsay. Toute infraction est passible d'une amende de 1000 livres minimum (le montant varie en fonction du risque d'infection).

Un feu tricolore pour réguler les entrées

Ces restrictions de libertés s'imposent également aux citoyens britanniques de retour de l'étranger. Et à l'approche des vacances estivales, le gouvernement a annoncé en fin de semaine dernière un allégement voire une levée de ces mesures, sous certaines conditions, à partir du 6 juillet. Concrètement, un système de feu tricolore va être mis en place. Les pays étrangers vont être classés en vert, orange et rouge selon les risques épidémiques. La quatorzaine serait levée concernant les deux premières catégories. Selon nos confrères britanniques de la BBC,  l'Espagne, la France, la Grèce, l'Italie, les Pays-Bas, la Finlande, la Belgique, la Turquie, l'Allemagne et la Norvège seraient concernés. D'autres pays comme le Portugal ou la Suède ne seraient pas exemptés.  

Un porte-parole du gouvernement britannique a annoncé que la liste devrait être communiquée cette semaine. Des négociations sont en cours avec les autres pays. Ces annonces pourraient intervenir le 30 juin : le Premier ministre Boris Johnson doit présenter ce mardi un vaste plan de relance de l'économie britannique. En période estivale, le tourisme apparaît comme un secteur en première ligne.

Un Royaume-Uni mais pas homogène

Si le contrôle des frontières relève des compétences du gouvernement britannique, les pays composant le Royaume-Uni ont leur mot à dire en matière de protection de la santé. Et dès vendredi dernier, les autorités écossaises indiquaient ne pas avoir encore pris de décision concernant un assouplissement des restrictions de voyages de vacances. L'Ecosse demande au préalable une concertation avec les autorités britanniques mais également du Pays de Galles et d'Irlande du Nord.

Le calendrier d'ouverture des logements réservés aux vacanciers n'est ainsi pas le même sur tout le territoire de Sa Majesté. En Angleterre, la plupart des hébergements seront accessibles à partir du 4 juillet. En Ecosse, la réouverture totale pourrait intervenir le 15 juillet. Quant au Pays de Galles, le gouvernement devrait prendre une décision le 9 juillet.
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