Prix Bayeux: Le réquisitoire du photographe Tomas van Houtryve contre les drones

Primé en 2006 à Bayeux, le photographe américano-belge expose les photos pour lesquelles il vient de recevoir le 2e prix du World Press Photo, un travail dénonçant les frappes de drones.

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L'exposition s'appelle "Quand le ciel est bleu" et est présentée à l'Hôtel du Doyen dans le cadre du Prix Bayeux-Calvados des correspondants de guerre. Ce titre est inspiré du témoignage d'un garçon de 13 ans devant le Congrès américain en octobre 2013 dont la grand-mère est morte après une frappe de drone alors qu'elle ramassait des okras devant sa maison. "Je n'aime plus quand le ciel est bleu... Je préfère quand le ciel est gris. Les drones ne volent pas quand le ciel est gris", a dit le petit fils,Zubair Rehmann, lui-même blessé lors de cette attaque dans le nord-est du Pakistan.

Pour le photographe américano-belge Tomas van Houtryve, "ce n'est pas une arme magique permettant de tuer les terroristes sans tuer les
civils comme le laissent croire les discours des politiques
". Au Pakistan, entre 2004 et 2013 ces frappes ont tué 3.213 personnes dont 535 civils, 175 enfants et "moins de 2% des victimes étaient des cibles majeures", rappelle le reporter citant l'organisation de presse "Bureau of investigative Journalism", basée à Londres.

Pour montrer la perversité de ces tirs venant de planeurs sans pilote et déclenchés "le plus souvent" depuis une base militaire près de Las Vegas, le journaliste, qui a auparavant couvert la rebellion népalaise, la Chine, la Corée du Nord ou Guantánamo, a décidé de fixer son appareil sur un drone pour aller photographier aux Etats-Unis des scènes "inspirée de frappes réelles de drones américains" au Pakistan.


Tomas van Houtryve est ainsi allé photographier un cours de yoga dans un parc de San Francisco. Vus du ciel, on peut croire que les participants prient. Le photographe entend ainsi souligner le risque d'erreur par une armée américaine qui, selon lui, "autorise à viser des cibles dont le comportement semble suspect". "Les décisions de tuer sont prises en croisant différentes données, par exemple la géolocalisation du portable d'une cible présumée et son comportement observé par drone", précise le journaliste primé en 2006 à Bayeux.

Ce travail du photographe américano-belge vient d'être récompensé du second prix au World Press Photo. Quelques unes de ses photos sont visibles sur le site internet du World Press Photo.

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