Les opposants l'appelaient DDay Land, le projet Normandy Memory franchit une nouvelle étape. Il obtient le soutien du comité d'éthique chargé d'étudier le dossier du spectacle historique retraçant la Seconde Guerre mondiale.
Des entretiens ont été organisés auprès d'un comité d'éthique afin de déterminer la qualité mémorielle du projet Normandy Memory - anciennement Hommage aux héros. Les 12 membres du comité d'éthique viennent de rendre un avis favorable. Une décision prise après 5 réunions de consultation lancées depuis novembre 2022. Chacun était invité à s'exprimer sur le sujet, afin que tous les avis soient entendus.
Normandy Memory est un projet privé à caractère lucratif. Cela ne l'empêche pas d'avoir des ambitions qualitatives.
Comité d'éthique
Serge Barcellini, co-président du comité d'éthique, estime qu'il faut désormais entrer dans une troisième séquence propre à la transmission de la mémoire de cette période. Après la construction de lieux de mémoires comme les cimetières, après la direction de la mémoire par les vétérans, resterait à entrer dans une ère mémorielle nouvelle. "Elle aura besoin de structures nouvelles adaptées aux jeunes d'aujourd'hui qui ne connaîtront pas l'histoire, adaptées au moment où il n'y aura plus de survivants et adaptées à la concurrence mémorielle entre les pays du monde."
Avis favorable assorti d'une mise en garde
Cette mise en garde concerne la nécessité d'un suivi sur le long terme. Le comité d'éthique "a soulevé la question des 50 prochaines années. Il y a tout à parier qu'il y aura des évolutions à la fois techniques et dans le contenu. D'où l'importance d'un comité de suivi car l'accord donné aujourd'hui ne sera pas valable dans 30 ans" précise le compte rendu.
Serge Barcellini complète avec la nécessité "d'avoir une vision globale. Si ce site est créé, il faut une volonté forte d'accompagner la poursuite des cimetières et des grandes nécropoles qui sont des lieux où l'on ressent l'histoire. Il faut qu'il y ait cette émotion partagée à côté des grands lieux pédagogiques".
Les opposants au projet redoutaient dès 2021 une "exploitation du Débarquement, une spectacularisation de la guerre, et une immersion comme caricature de la pédagogie". Sans parler du risque de détourner une partie du public qui se rend déjà dans les musées, le budget des visiteurs de la région n'étant pas extensible. Certains opposants ont d'ailleurs formulé leurs inquiétudes à ce propos devant le comité d'éthique, comme des élus de la commune de Ranville.
Un avis consultatif
La décision d'en passer par un tel comité d'éthique avait été prise par Hervé Morin, le président de région. Le comité d'éthique ne traite que l'aspect mémoriel du projet, et son avis n'est que consultatif. Ses détracteurs (historiens, économistes ou descendants) comme Marc Girault se disent "pas surpris par cette décision puisque le comité d'éthique n'avait pour but réel que de rendre le projet le plus acceptable possible, sans le remettre en cause".
"J'imagine que l'enquête publique qui devrait suivre permettra d'émettre des objections environnementales et d'ordre économique. Nos arguments de fond - ce n'est pas la bonne façon de transmettre l'histoire - n'ont pas vocation à être abordés lors de cette enquête" poursuit-il.
Quant à l'objectif des concepteurs de ce spectacle immersif, c'est une ouverture à l'horizon 2026.