Rodéos motorisés dans le Calvados : les têtes brûlées du bitume rattrapées par les forces de l'ordre grâce à la vidéo

Plusieurs rodéos motorisés ont été organisés cet été dans le Calvados. Nombre de leurs participants, pour beaucoup mineurs, ont été interpellés par les gendarmes et policiers quelques temps après les faits : les forces de l'ordre privilégient l'analyse des vidéos plutôt que les courses-poursuites.

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Durant le confinement, le nombre de rodéos a augmenté en France de près de 15 %. "Ce n'est pas un phénomène récent et ce n'est pas un phénomène qui s'affaiblit", déclare Amélie Cladière, la procureure de la République de Caen. Pour preuve, les différents rassemblements de deux roues organisés cet été dans le Calvados. "A l'expression de rodéos urbains, je préfère l'expression rodéo motorisé car cela concerne à la fois les zones urbaines que les zones rurales." Et pour identifier les participants et contrevenants, les forces de l'ordre, police et gendarmerie, ont bien souvent eu recours à la vidéo.

Deux youtubers rigolards

Fin juillet, un appel est lancé sur les réseaux sociaux pour un rodéo à Saint-André-sur-Orne. Le rendez-vous est fixé au 9 août dans une zone industrielle de cette commune de la périphérie de Caen. Le jour j, les gendarmes sont présents. A leur arrivée, une trentaine de cyclomoteurs sont réunis, prêts à brûler l'asphalte. Deux youtubers ont également fait le déplacement de Reims, à bord d'un Sirocco aux performances quelque peu gonflées : 480 chevaux au lieu des 250 d'origine. Les forces de l'ordre procèdent à des relevés d'identité et adressent des mises en garde aux participants, en majorité des mineurs, avant de quitter les lieux. De retour quelques heures plus tard, ils constatent diverses infraction et mettent fin au rassemblement. A la fin de leur vidéo, les deux youtubers, rigolards, racontent "Au début, ils ont menacé de mettre les motos à la fourrière mais bon, on était en règle, ça va. Tous, ils étaient tous super cools."

Ce type de délinquance est commis pour être vu et pour être su

Philippe Court, préfet du Calvados

Les gendarmes étaient surtout patients et minutieux. Et la vidéo des deux youtubers leur a permis d'identifier participants et véhicules avant de lancer les convocations. "Les mineurs ont été entendus avec leurs parents, ça permet à ces derniers de prendre conscience des risques pris par leurs enfants", explique le colonel Christophe Junqua. Outre 11 rappels à la loi, le dossier de Saint-André sur-Orne s'est conclu par l'immobilisation de 17 véhicules avant une remise aux normes, l'envoi d'une dizaine d'autres en fourrière ainsi que de trois protagonistes de ce rodéo devant les tribunaux. "Ce type de délinquance a pour caractéristique qu'il est commis pour être vu et pour être su", note Philippe Court, préfet du Calvados, "Il y a un phénomène d'émulation qui se passe sur les réseaux sociaux. Ces rassemblements sont annoncés en amont sur les réseaux sociaux, sur des canaux bien souvent ouverts, et après, ces actes de délinquance sont montrés comme un trophée sur les mêmes réseaux."

10 rodéos en un an

En zone police, la vidéo a également été très utile aux enquêteurs. A Honfleur, tout d'abord, où une dizaine de rodéos ont été recensés dans le quartier de Canteloup les Marronniers entre juin 2019 et juin 2020. A l'issue d'un "travail de longue haleine", s'appuyant sur les plaintes des bailleurs et riverains mais aussi des images de vidéo surveillance, quatre individus, âgés de 18 à 22 ans, ont été interpellés le 30 juin à leur domicile. Leurs véhicules ont été confisqués. Les jeunes hommes sont poursuivis en justice.

Il est hors de question de se lancer dans des courses-poursuites

Amélie Cladière, procureure de la République de Caen


A Hérouville, la vidéo surveillance et l'aide de la police municipale ont permis, comme à Honfleur, d'interpeller des participants aux courses sauvages du 8 et 18 juillet ainsi que du 18 août derniers. "On les laisse s'enfuir pour mieux les récupérer ensuite", résume Olivier Lequestre, directeur départemental de la sécurité publique. "Les gens sont parfois surpris qu'on ne fasse pas cesser immédiatement le trouble qui les dérange et qui est manifestement dangereux. En réalité, il est hors de question de se lancer dans des courses-poursuites", explique Amélie Cladière, procureure de la République de Caen. Pour les forces de l'ordre, il en va de la sécurité des riverains mais aussi des participants à ces rodéos, souvent très jeunes. "On agit à froid. Ce n'est pas une infraction sur laquelle on peut réagir à chaud en faisant cesser et en interpellant immédiatement.

Jusqu'à deux ans de prison

Dans le dossier hérouvillais, un mineur de 16 ans a été envoyé en centre éducatif fermé. Un autre "pilote" a été condamné à une peine de prison ferme aménageable. Un dernier protagoniste doit être jugé ce mercredi 14 octobre. "Le rodéo en soi est un délit, l'emprisonnement est encourru, l'amende est encourrue, le travail d'intérêt général est envisageable et la loi prévoit une confiscation obligatoire du véhiucle, comme pour une conduite sous emprise alcoolique", rappelle la procureure de la République de Caen. Les participants et les organisateurs risquent jusqu'à deux ans de prison et 30 000 euros d'amende.
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