Le Code de la rue à Paris : entre sanction et pédagogie, quel bilan un an après sa mise en place ?

Depuis la mise en place de son "Code de la rue", censé rappeler les principales règles de circulation à respecter dans la capitale, la Ville dit vouloir toujours "mieux assurer la sécurité des usagers les plus vulnérables". Multiplication des PV, stages de sensibilisation… Nous avons suivi des policiers municipaux.

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"Une Mini noire, à 52 km/h, elle arrive vers vous", prévient à la radio un motard, muni d’une paire de jumelles radar et garé le long de l’avenue Daumesnil au cœur du bois de Vincennes. Le policier prévient une dizaine d’autres policiers municipaux, réunis un peu plus loin pour intercepter les contrevenants dans le cadre d’une opération de contrôle de vitesse.

Sanction pour le conducteur de la Mini : le retrait d’un point du permis de conduire, et une amende de 135 euros (minorée à 90 euros si elle est payée rapidement). "Ici c’est limité à 30 km/h, comme la majorité des rues de la capitale, explique le brigadier Zenon, entre deux coups de sifflet. La vitesse pour les voitures, les vélos qui passent les feux ou qui roulent sur le trottoir… On essaye de réguler tout ça, ça passe beaucoup par la pédagogie. On ne peut pas verbaliser tout le monde."

Un mois et demi après la mort de Paul, un cycliste écrasé sur le boulevard Malesherbes par un automobiliste aujourd’hui mis en examen pour meurtre et écroué, comment les différents usagers de la route cohabitent dans la capitale ? "On n’est jamais à l’abri d’un énervement, les gens manquent parfois de patience, mais en général les choses se passent bien", estime le brigadier.

"Il y a souvent des tensions, des incompréhensions"

Thomas, un commercial verbalisé à 40 km/h au volant d’un SUV Volkswagen, explique de son côté avoir "un gros souci avec les deux roues" : "Je conduis tous les jours à Paris, il y a un sentiment d’impunité. L’inter-files pour les motards, pas de casque, les vélos qui coupent les voies… On doit prévoir l’imprévisible, c’est un stress permanent. Il y a souvent des tensions, des incompréhensions. Parfois je me fais taper la vitre ou le rétro. Mais je n’ai pas le temps de me fâcher, je ne vais pas m’arrêter pour me mettre sur la tronche avec quelqu’un qui fait n’importe quoi. On a l’impression que la voiture a forcément tort, c’est injuste."

Pour "mieux assurer la sécurité des usagers les plus vulnérables, c'est-à-dire les piétons - qui sont les principales victimes de la violence routière - et les cyclistes", la Ville a mis en place l’été dernier un Code de la rue, rappelle Nicolas Nordman, l’adjoint en charge de la prévention, de l'aide aux victimes, de la sécurité et de la police municipale.

L’élu PS loue justement "une montée en puissance de la police municipale parisienne, qui compte plus de 2 200 agents" : "Elle doit prioriser dans ses actions la mise en œuvre du Code de la rue, qui remet en avant les principales règles du code de la route à respecter dans une grande ville aussi dense que la capitale. Avec le Code de la rue, on veut une meilleure cohabitation entre tous les usagers à Paris."

Hausse du nombre de PV et stages de sensibilisation

"On a augmenté de 50% le nombre de missions de protection routière entre 2022 et 2023, et de 3,5% le nombre de PV dressés dans ce cadre, poursuit-il. L'écrasante majorité des infractions concernent les véhicules motorisés, qui représentent 85-90% des contraventions. Les véhicules à moteur causent les plus grands dommages en cas d'accident corporel, avec des conséquences qui peuvent être mortelles. On peut citer le non-respect des pistes cyclables, des couloirs de bus, des feux, des priorités piétonnes, des sas vélos, ou encore le stationnement gênant."

"Tout le monde doit respecter les règles, note par ailleurs l’adjoint. Les sanctions concernent aussi les cyclistes, avec 30 000 PV en un an. L’impact avec un vélo est toujours moins risqué qu'avec un SUV, mais il peut être dangereux pour un piéton. Respecter le Code de la route, c'est aussi un moyen pour les cyclistes de ne pas se mettre eux-mêmes en danger." 

Nicolas Nordman met enfin en avant des "stages d’information à destination des personnes pris en infraction" organisés depuis un an : "Soit vous payez immédiatement le PV, soit vous avez une demi-journée de sensibilisation aux risques. Il y a des interventions de la police, des pompiers et des secours." L’élu souligne que la mairie veut "faire diminuer l'accidentologie" et "faire en sorte que la ville soit plus apaisée face à l’évolution des mobilités". "L’idée est d’accompagner le changement des mentalités pour qu’on puisse tous mieux accepter l’autre dans la rue", souligne-t-il.

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