Gérard Leroy, éleveur bovin dans le Calvados, ne trouve pas de grange où mettre ses animaux à l'abri jusqu'au printemps. L'agriculteur s'inquiète alors que dix vaches doivent mettre bas pendant l’hiver.
À l'approche de l'hiver, Gérard Leroy s'inquiète. L'agriculteur de 63 ans, qui élève une trentaine de vaches limousines à Cesny-les-Sources (Calvados), ne trouve pas de lieu pour mettre son bétail à l'abri jusqu'au retour des beaux jours.
"Je suis éleveur depuis 1992 et c'est la première fois que ça m'arrive", témoigne-t-il. "J'ai fait appel à beaucoup de gens du milieu agricole, mais je ne trouve pas". Chambre consulaire, notaires, sociétés d'aménagement foncier, agences immobilières... Tous ceux à qui l'agriculteur s'est adressé lui ont retourné des réponses négatives, explique-t-il.
L'éleveur occupe une prairie de 12 hectares où son troupeau pâture du printemps jusqu'à l’automne. Mais ce lieu ne dispose d'aucun espace couvert. Jusqu'à l'hiver 2022, les vaches de Gérard Leroy trouvaient donc refuge dans une grange du bocage normand, à quelques dizaines de kilomètres de son exploitation. Mais ce lieu a été acquis en 2023 par un nouveau propriétaire, qui y a installé son propre bétail. "J'ai bien pensé à acheter le bâtiment, mais le prix dépassait le million d'euros, je ne pouvais pas me le permettre", avance-t-il.
Pénurie de terrains agricoles
La mise à disposition des bâtiments "passe beaucoup par le bouche-à-oreille", explique Gérard Leroy, avant d'ajouter : "Dans mon cas, ça n'a pas marché".
"On est dans une région où il y a plus de candidats que d'offre foncière", confirme Stéphane Hamon, le directeur général de la Société d'aménagement foncier et d'établissement rural (SAFER) de Normandie, un établissement public chargé de la gestion foncière des parcelles agricoles. "C'est une région attractive, plutôt en pénurie foncière", explique-t-il.
En Normandie, la SAFER ne peut ainsi apporter de réponse positive qu'à une demande d'occupation de terrain agricole sur trois. "On installe une centaine de jeunes agriculteurs par an, mais il y aurait matière à faire plus" si les parcelles étaient disponibles en plus grand nombre, détaille Stéphane Hamon.
"Je m'inquiète pour mes vaches comme les gens s'inquiètent pour leur chien"
En décembre 2023 déjà, Gérard Leroy n'avait pu mettre à l'abri qu'une dizaine de ses vaches, faute d'avoir trouvé un espace assez grand. Les autres étaient restées en pâturage dans sa prairie.
"Je n'ai pas envie de refaire comme l'année dernière, lance-t-il. Les bêtes sont comme nous, elles n'aiment pas l'eau, alors je suis soucieux, surtout pour celles qui attendent des veaux". Dix vaches de son troupeau devraient mettre bas pendant l'hiver. "Il y en a même une qui attend des jumeaux. S'il y a des soins à apporter après la naissance, c'est vraiment mieux de le faire en intérieur".
Et l'éleveur d'insister, utilisant une comparaison pour faire comprendre son désarroi : "Je m'inquiète pour mes vaches comme les gens s'inquiètent pour leur chien ou leur chat. Il faut vraiment que celles qui vont donner naissance soient à l’abri".