Témoignage. "C’est clairement contradictoire" : avec le retrait des aides à l’agriculture bio, Mathieu galère

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Mathieu Grenier, porte-parole de la confédération paysanne, possède une ferme dans le pays de Caux.
Nous avons rencontré Mathieu Grenier, un agriculteur du pays de Caux. Il nous présente sa vision de son métier et surtout son avenir. Eleveur en bio près de Cany-Barville et porte-parole de la Confédération Paysanne, il veut renouer le lien entre les consommateurs et les paysans. ©France 3 Normandie
Publié le Écrit par Mathilde Riou

Nous avons rencontré Mathieu Grenier, un agriculteur du pays de Caux. Il nous présente sa vision de son métier et surtout son avenir. Eleveur en bio près de Cany-Barville et porte-parole de la Confédération Paysanne, il veut renouer le lien entre les consommateurs et les paysans.

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Tous les agriculteurs sont en colère mais leurs revendications diffèrent en fonction de leur syndicat. Nous avons rencontré Mathieu Grenier, éleveur en bio et porte-parole de la Confédération paysanne.

Comme beaucoup de paysans, lui et son épouse souffrent depuis trois ans de la baisse des prix des produits bio.

Il souhaite que le mouvement des  agriculteurs remette l'humain et sa rémunération au premier plan.

Revenir sur des règles contradictoires

Mathieu Grenier n’est pas issu de l’agriculture. Ce Parisien découvre ce métier à 18 ans lorsqu’il rencontre celle qui deviendra sa femme. Tous les deux étudient l’agronomie.

Ensemble, ils reprennent l’exploitation familiale de son épouse : « on avait envie de vivre en accord avec nos valeurs écologiques, de vivre de la nature ». Il passera la ferme en agriculture biologique avec ses beaux-parents : « cela les a intéressés en fin de carrière de changer le système : plus de vaches à l’herbe, on a changé la rotation pour passer sans les produits phyto ».

Porte-parole de la Confédération paysanne, il fait le même constat que les autres syndicats mais ne propose pas les mêmes solutions : "tous les agriculteurs sont concernés par le fait de travailler beaucoup et de ne pas gagner assez".

"Le contexte politique nous demande deux choses : monter en gamme au niveau écologique et social et en même temps déréguler, d’ouvrir à la concurrence et lâcher sur toutes les règles. C’est clairement contradictoire".

Il prend de plein fouet le retrait des aides à l’agriculture bio sans parvenir à les compenser.

"Si les règles nous protègent, nous aident, elles sont bonnes. Si elles aident à protéger l’environnement, elles sont bonnes. Mais s’il y a plus de règles mais moins de prix, ça ne marche pas. À partir du moment où les prix montent, on pourra accepter des choses".

10 milliards d’euros à redistribuer

En France le budget de la PAC pour l’agriculture est de 10 milliards d’euros. Cet argent-là, il faut le réorienter pour mieux rémunérer les agriculteurs mais sans flamber le prix à la fin. Plus de prix pour les paysans sans inflation pour les consommateurs. Il faut rogner le profit des industriels et des distributeurs. Je pense que là-dessus, il y a de la marge. On a des entreprises qui font beaucoup de profits et qui pourraient les baisser pour que tout le monde s’en sorte.

Mathieu Grenier, éleveur à Cany-Barville

"C’est un sujet de société, donc un sujet politique : quelle agriculture on veut ?" questionne l’agriculteur.

"Est-ce qu’on veut que des grandes fermes dans le pays de Caux comme sur le marché mondial ou est-ce que l’on veut conserver une agriculture qui nourrit des filières locales ? L’idéal c’est d’être nombreux sur le territoire avec des productions diversifiées. Ça a un intérêt écologique, on relocalise la filière alimentaire. Au lieu d’avoir une région spécialisée dans le porc et l’autre dans le blé, on va relocaliser toutes les filières et on reconnecter les paysans avec les agriculteurs. Ça, c’est le monde idéal !", conclut l’agriculteur.

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