Dans le pays de Caux (Seine-Maritime), Charles Lamarre ne peut pas se permettre de quitter l'exploitation familiale pour aller rejoindre les barrages de ses confrères agriculteurs. Mais il ne se sent pas moins concerné par les problématiques majeures que rencontre sa profession.
Devoir rester à la ferme, mais partager le combat de ses confrères agriculteurs. À la tâche depuis six heures, Charles Lamarre enchaîne les travaux dans sa ferme. Après la traite et le paillage, cet éleveur s'applique à nourrir ses veaux.
"Le lait n'attire plus"
Cette semaine, les deux apprentis qui l'assistent d'habitude lui et son père sont à l'école. Se faire épauler dans la filière laitière est devenu compliqué au fil des années.
"Ça fait maintenant huit ans que mon père prend des apprentis. Avant on avait dix candidatures pour une place. Aujourd'hui, pour avoir une candidature, on doit appeler des CFA et lycées. Le lait n'attire plus", explique Charles Lamarre.
Pas le temps de manifester
Impossible donc pour Charles de quitter sa ferme pour manifester sa colère avec ses collègues.
Pour ma part et comme pour un grand nombre d'exploitants et de jeunes installés, nous n'avons malheureusement pas forcément le temps de se montrer pour manifester, car on a énormément de travail, de papiers à faire, parce qu'aujourd'hui c’est lourd, la charge administrative et encore plus lorsqu’on s'installe.
Charles Lamarre, agriculteur
Charles s'est installé comme exploitant associé avec son père il y a tout juste un an sur une ferme de 100 hectares à côté de Yerville, dans le pays de Caux. "J’ai mis six ans avant de pouvoir m’installer car la structure ne permettait pas mon installation, mais on a dû trouver des solutions pour permettre celle-ci et préparer le départ en retraite de mon père."
Tous deux ont vu ces derniers mois le mouvement de contestation prendre de l'ampleur. Même s'ils partagent les revendications des autres agriculteurs, certaines annonces du Premier ministre les ont séduits comme la poursuite des aides sur le fuel.
L'hiver, 250 litres sont consommés pour assurer le bon fonctionnement de la ferme.
"Le tracteur tourne six heures par jour. C'est pour pailler, pour donner à manger aux vaches. Ça reste un petit plus pour nous par rapport à ce qui a été annoncé par le Premier ministre", lance Didier Lamarre.
Les aides ne suffisent pas
Mais la logique des aides pour compenser leur perte ne les satisfait pas. "On ne demande pas à avoir un chèque par an pour nous satisfaire."
On veut des prix rémunérateurs, pouvoir vivre de notre métier et de notre produit.
Charles Lamarre, agriculteur
Sur les 1 300 euros de salaire que se verse Charles tous les mois, la moitié va au rachat de sa part dans la ferme familiale.