Témoignages. À la chasse, les femmes s'imposent : "Ce n'est pas un milieu machiste"

Publié le Écrit par Louise Le Borgne
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Moins de 3% des chasseurs en Normandie sont des femmes. Caroline De Beaunay, chasseresse originaire de la Seine-Maritime et Laure Le Chatelier, directrice de la fédération de chasse du Calvados, témoignent de leur passion.

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"Je n’ai jamais pâti du fait d'être une femme. C'est un milieu qui demeure très majoritairement masculin, mais qui n'est pas machiste, loin de là", expose d'emblée Caroline De Beaunay. À 36 ans, cette responsable de l'indemnisation dans un cabinet de courtage en assurance, à Mont-Saint-Aignan, rejoint dès que possible la campagne dieppoise pour y exercer sa passion : la chasse. 

"Ça surprend toujours un peu les collègues, il y a parfois de la méfiance liée à une méconnaissance du milieu et à des clichés qui ont la vie dure. Mais quand ils voient à quel point ça m'anime, ils comprennent", ajoute-t-elle. Voilà plus de 30 ans que cette fille et petite fille de chasseurs parcourt les bois de Seine-Maritime et de l'Eure.

La Normandie et le Pays de Caux sont des terres de chasse réputées, riches en massifs forestiers et donc, en animaux. Dès le dimanche 17 septembre, jour de l'ouverture de la chasse, de nombreux amateurs enfileront leurs bottes et manteaux fourrés pour parcourir ces territoires, à l'affût de gibier.

Parmi eux : quelques femmes, encore marginales. Ces dernières ne représentent en effet que 3% des effectifs des chasseurs normands et leur nombre tombe à 2% dans la communauté cynégétique du Calvados (chiffres de la saison 2022-2023).

Dépoussiérer l'image de la chasse

Avant d'aller chasser la perdrix, le lièvre, le chevreuil ou encore la bécasse, Caroline De Beaunay ira, elle, d'abord au château de Chambord (Centre-Val de Loire) pour y écouter le brame du cerf : "Ce que j'aime avant tout, c'est le contact avec la nature et la convivialité", explique la chasseresse de 46 ans, qui évoque le souvenir de "grands dîners familiaux" dans la campagne dieppoise. "On essaye de cuisiner au maximum ce que l'on chasse", précise cette amatrice de chasse au tir et au bois.

Dans sa famille, la chasse est une histoire de transmission : "Les plus jeunes font office de rabatteurs - ils marchent dans le bois en ligne pour lever le gibier, sans fusil évidemment - et le reste de la famille chasse jusqu'à 85 ans !", décrit Caroline De Beaunay. Autour d'elle, dans les bois : ses neveux, son frère, son père mais bien peu de femmes. "Il y en a toutefois de plus en plus, pointe la chasseresse, originaire de Bertrouville en Seine-Maritime. J'ai des belles-sœurs, des cousines qui s'y mettent ou qui s'y remettent une fois leurs études terminées ou lorsque leurs enfants ont grandi. C'est peut-être cela qui a longtemps freiné la pratique féminine".

Des campagnes sur les réseaux sociaux pour féminiser

Fini la caricature donc, du vieillard bourru et aviné, immortalisé par le sketch des Inconnus. La chasse se décline désormais (un peu plus) au féminin. La volonté de La Fédération nationale des chasseurs et de son président Willy Schraen est d’accueillir davantage de femmes dans ses rangs. Conséquence : le milieu a multiplié les campagnes sur les réseaux sociaux et des influenceurs spécialisés ont émergé, à l'instar de la Perpignanaise Johanna Clermont, qui promeut une pratique au féminin. 

Et le message semble trouver son public : "On observe déjà plus de 12% de femmes parmi les candidats au permis de chasse, preuve que les choses évoluent", abonde Laure Lechatellier, directrice de la fédération départementale des chasseurs du Calvados depuis 2019.

Il n'y a d'ailleurs pas que la pratique qui s'ouvre peu à peu. Les instances décisionnaires intègrent elles aussi davantage de femmes, au minimum une par conseil d'administration. L'ancienne conseillère régionale (EELV) fait ainsi partie des 15 femmes (sur 93 fédérations départementales) à occuper la fonction de directrice. 

"J'ai eu un excellent accueil. Tout le monde a fait preuve de beaucoup de courtoisie, en me témoignant beaucoup de respect", évoque la responsable qui se réjouit de voir de plus en plus de jeunes femmes passer le pas de la porte de l'association. Le chemin vers l'équité reste toutefois encore long, au sein d'une communauté attachée à ses traditions.

La saison de chasse s'ouvrira le 17 septembre à 9h dans le Calvados, la Seine-Maritime et l'Eure, et le 24 septembre pour les départements de la Manche et l'Orne.

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