Avec le vieillissement de la population, les besoins en aide-soignants sont croissants. Mais le métier semble peu attractif. En Normandie, les instituts de formation ont rallongé leurs délais d'inscription pour trouver des candidats.
"Faut aimer ce qu'on fait, c'est complètement une évidence, c'est important d'exercer ce métier avec amour et passion." Depuis la rentrée de septembre, Manon Cenedesé se forme à Vire à son futur métier, celui d'aide-soigante, qu'elle a choisi par vocation. "La réalité de ce métier, c'est réaliser des soins et accompagner des personnes qui sont en perte d'autonomie donc c'est un très beau métier", explique Magalie Loivet, coordinatrice pédagogique Institut de formation d'aides-soignants de Vire.
Un "très beau métier" qui, de plus, ne manque pas de débouchés. "Tous les étudiants on du travail. Mes collègues de la formation aide-soignant reçoivent tous les jours des offres d'emploi pour les futurs aides-soignants." Ainsi, selon Pôle Emploi, plus de 58 000 projets de recrutement d'aide-soignants ont été recensés en France en 2018. Et pourtant, les candidats se font de plus en plus rares. Près de 50% des employeurs recontrent des difficultés dans leur recrutement. Et ce manque d'attractivité rejaillit sur les instituts de formation.
"On est très inquiet"
Déjà, l'an dernier, l'institut virois avait eu de la peine à boucler sa promotion. En ce début d'année, on recense deux moins de candidats qu'en 2018. "Pour l'instant on a réussi à atteindre nos quotas, on a des promotions complètes mais pour cette année, on est très inquiet", reconnait Magalie Loivet. Et l'institut de formation de Vire est loin d'être un cas isolé. A tel point qu'en Normandie, la date limite de dépôt des candidatures a été reculée d'une semaine. Les aspirants aide-soignants ont désormais jusqu'au 22 janvier pour remettre leur dossier.❗️Les inscriptions aux concours d'aide-soignant en @RegionNormandie sont ouvertes jusqu'au 22 janvier 2019. Plus d'informations : https://t.co/FEwA940WeS ?#orientation @acCaen pic.twitter.com/Xial3vK8kT
— Onisep Normandie (@OnisepNormandie) 16 janvier 2019
Pour Magalie Loivet, cette situation découle peut-être d'un problème de communication. "On a eu quelques reportages qui ont montré les difficultés de la profession, bien qu'on puisse exercer ce métier dans de bonnes conditions, dans beaucoup d'établissements. C'est une profession très riche sur le plan relationnel, on est vraiment au contact des patients donc nous on a vraiment du mal à expliquer ce manque d'intérêt." Au printemps dernier, le mouvement de grève dans les Epahd (gros pourvoyeurs d'emplois pour les aides-soignants), avait mis en lumière les conditions de travail et le manque de moyens dans ces établissements. D'autres observateurs du secteur pointent aussi des rémunérations peu attractives pour expliquer cette crise des vocations.
Reportage de Hélène Jacques et Florie Castainets
Intervenantes:
- Manon Cenedesé, élève aide-soignante
- Morgane Bizot
- Magalie Loivet, coordinatrice pédagogique Institut de formation d'aides-soignants de Vire