Ce lundi 14 décembre, le GIEC normand composé de scientifiques de la Région présentait au Conseil Régional son rapport d'expertise. Un constat alarmant.
Deux scénarios, un optimiste, un pessimiste. Mais dans les deux cas de figure, une certitude. Le climat change et ses répercussions en Normandie ne promettent pas des lendemains qui chantent.
" Mais le scénario le plus optimiste au vu du niveau des gaz à effets de serres tels qu'ils sont aujourd'hui n'est tout simplement pas réaliste", explique Benoit Laignel, chercheur et universitaire en Géosciences et Environnement à Rouen , co-président du GIEC normand , un groupe constitué d’experts régionaux chargés de traduire les prévisions GIEC international ( Groupe d'experts Intergouvernemental sur l'Evolution du Climat) pour la Normandie.
Le climat : hausse de 2 à 4 degrés entre 2040 et 2100
Les projections des scientifiques normands découpent ainsi le reste du 21 e siècle en deux tranches de 30 ans c'est selon, 2041-2070 et 2071-2100 avec des variations de températures de 0, 8 à 4, 1 pour les projections les plus hautes. "Retenons une augmentation de 2 à 4 degrés avec des jours de chaleurs de plus en plus nombreux, c'est-à -dire avec des températures de plus de 30 degrès, 30 à 40 jours par an pour l'intérieur des terres."
La Normandie connue pour sa pluviosité pourrait voir ses précipitations baisser de 15 % avec moins de pluie l'été et davantage l'hiver, des pluies susceptibles de provoquer des inondations, des crues et du ruissellement. " On ne relève pas une augmentation du nombre de tempêtes mais leur intensité pourrait être plus importante."
Risque sanitaire et industriel
D'après les projections, la température de l'eau de la Seine en 2100 pourrait augmenter de 2 degrés et son débit moyen baisser de 10 à 30 %. A noter également une baisse de niveau des nappes souterraines qui peuvent aller dans l'Eure ou le pays de Caux jusqu'à 10 mètres.
" En ce qui concerne la qualité de l'eau, nous sommes dans l'hypothèse : qui dit augmentation des précipitations intenses avec occupation des sols égale veut dire augmentation du ruissellement et de l'érosion et donc augmentation de la turbidité des cours d'eau et des contaminants associés aux particules bactériens ou métalliques" .
Autre conséquence du réchauffement climatique : l'entrée marine dans les eaux souterraines car le niveau des mers s'élève et le niveau des nappes, lui, baisse. La salinisation des eaux douces est déjà présente sur la côte Ouest de la Manche, dans les Vallées de l'Orne et de l'Aure. " Cette intrusion marine peut aller jusqu'à 3, 5 km par endroit".
Cette inondation des vallées aura aussi un impact sur le risque industriel notamment sur les sites Seveso, nombreux sur la boucle de la Seine à Rouen.
Pour l'homme, l'impact est aussi très lourd : surmortalité, pathologies chroniques à cause de la pollution atmosphérique, des canicules et des maladies infectieuses transmises par des insectes.
Ainsi les projections pour 2100 prévoient une augmentation des maladies cutanées et oculaires dont +22% de cancers cutanés chez les plus de 65 ans.
Etat d'urgence climatique
Pendant que les scientifiques présentaient leurs travaux, une trentaine de militants d' Extinction rebellion manifestait dans l'enceinte de l'Abbaye aux dames. " Le conseil régional accueille le GIEC Normand créé par Hervé Morin ( ...) , GIEC Normand qui n’est qu’un instrument de communication pour Morin puisque rien n’anticipe le réchauffement climatique, l’effondrement de la biodiversité et le tarissement des ressources dans son plan de relance. Ce que nous souhaitons aussi dénoncer."
Des représentants de ce mouvement activiste, écologiste et féministe ont été reçus par Hervé Morin, ils réclament la création d'une assemblée citoyenne normande et l'instauration d'un état d'urgence climatique.
Pour rappel, les prévisions du GIEC normand doivent permettre de se préparer aux impacts du changement climatique et de faire en sorte que le territoire, ses acteurs et ses habitants s’y préparent. Ces conclusions doivent faire évoluer les politiques publiques et privées en Normandie.