La cellule officielle de la gendarmerie nationale a donc rendu ses conclusions sur l'enquête des chevaux mutilés : sur 460 chevaux déclarés, 84 auraient subi des violence en relation avec l'homme. Les autres, non.
"20% des violences commises sur les équidés peuvent être impûtées à la main de l'homme", affirme le ministère de l'Intérieur après la révélation des conclusions de 3 mois d'enquête sur tout le territoire.Ainsi, donc les chevaux, les ânes ou les poneys retrouvés cet été mutilés, entaillés, éventrés ou les oreilles coupées, ne serait qu'un épiphénomène.
Sur les 460 cas rencensés, seuls 84 seraient la cause de l'homme. les 376 autres reviendraient à des blessures autoinfligées sur les barbelés ou près des mangeoires, mutilations entre chevaux, attaque d'animaux sauvages, etc.
Le journal le Figaro rapporte les conclusions de 3 mois d'enquête de la cellule spécialisée de la gendarmerie, l'OCLAESP, soit l'Office central de lutte contre les atteintes à l'environnement et à la santé publique, lié au ministère de l'Intérieur.
En Normandie, des dizaines de cas ont été recensés dans l'Orne, la Manche et le Calvados mais aussi en Seine-Maritime et dans l'Eure. Les éleveurs digèrent mal ces conclusions délivrées en catimini.
Depuis le mois de septembre, les gendarmes mènent l'enquête partout en en France, devant des éleveurs désemparés.
"Ils ont eu peur que l'on rende justice nous-même et sont venus nous voir, un par un. En même temps, il y a une opacité totale. On ne sait rien, on nous dit rien. Et l'on ressent comme une intention de minimiser les choses", nous confie un éleveur de l'Orne. Il restera anonyme, c'est mieux pour lui et éventuellement ses chevaux.
Ce rapport et ces conclusions ont été délivrés dans la plus grande discrétion. : "On le découvre dans les médias avec ces chiffres qui tournent en bloucle. Personne ne nous l'a officiellement présenté. On a rien entendu dire dans le milieu."
"84 sur 460 c'est pas beaucoup mais je suis sûre que l'on est dedans"
Dans la Manche, au haras de la Buisonnière, on a jamais vraiment revu un gendarme depuis le drame des deux poulinières blessées en septembre 2020.
Aucune conclusion d'enquête ne leur a été délivrée et même pas sûr que ce soit arrivé jusqu'au tribunal. "On ne sait rien. Vous savez les victimes, c'est comme si ça ne les regardait pas", soupire la maîtresse des lieux.
Alors ces conclusions de l'OCLAESP, ça la fait doucement sourire. Les chevaux en très grande majorité se blesseraient tout seul dans des barbelés ? "Mais ici, il n'y a que des barrières en bois et en fil électrique!"
"84 chevaux blessés par la main de l'homme , c'est déjà énorme", fait remarquer l'éléveuse, certaine qu'on a utilisé dans son pré un cutter ou un scalpel.
Qu'on ne vienne pas me dire que c'est un animal sauvage qui a fait ça à mes juments qui avaient avec elles leurs poulains. Vous avez déjà vu un sanglier ou un renard sauter à un mètre cinquante de hauteur pour attaquer un cheval? Nous, c'est clairement une attaque avec une arme blanche et quelqu'un qui connait les chevaux et qui n'en n'a pas peur qui a fait ça car il y avait une vingtaine d'équidés autour d'elles. 84 actes seraient liés à l'homme ? C'est pas beaucoup mais c'est déjà trop et je suis sûre qu'on est dedans.
"On entend qu'il n'y a finalement que 84 chevaux mais c'est comme si on disait que le dossier des féminicides c'est rien car il n'y a qu'une femme qui meurt tous les trois jours. Je trouve que c'est déjà beaucoup trop en un été en France. Certe, il y a toujours des actes plus ou moins cachés. Des propriétaires peu scrupuleux, des vengeances, etc... mais il y a aussi des animaux blessés ou dépecés miticuleusement", poursuit notre premier éleveur, très déçu de ne pas avoir de vrais infos à sa portée.
Chez lui, près de Bagnoles-de-l'Orne, ses chevaux vivent désormais cadenacés la nuit. "On a pris des habitudes." Et la tension est un peu retombée avec l'automne. "Aussi parce que nos chevaux sont moins dans les près et plus au boxe, vu la saison. Il y a peu, je dormais la fenêtre ouverte, à l'affût du moindre bruit. Je m'apaise un peu."