Chevaux mutilés : Luc coordonne un groupe Facebook qui organise la surveillance des chevaux en Normandie

Les mutilations et agressions d'équidés se multiplient en France depuis plusieurs semaines. Dans l'Orne, un amoureux des chevaux a créé le groupe Facebook Surveillance équidés Basse-Normandie. Son but : susciter l'entraide plutôt que la psychose. 

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"La motivation, on ne la saisit pas. Quand on a besoin d'exprimer une violence, dans la pyramide de ceux qui vont souffrir, les premiers sont les animaux." Luc (un pseudonyme) n'est pas un professionnel du monde équin mais il voue un véritable amour aux chevaux. "Ils nous font confiance, ils n'ont pas de raison de se méfier. Et aujourd'hui, c'est ça leur fragilité." Depuis une dizaine de jours, une large partie de l'emploi du temps de ce cavalier amateur est consacrée à l'administration d'un groupe Facebook : "Surveillance équidés Basse-Normandie."

Si certains appellent à la justice sur le réseau social, Luc, lui, prône une dynamique positive. "On n'est pas là pour arrêter ceux qui font ça, on n'est pas là pour les filmer, on n'est pas là pour se substituer aux forces de l'ordre qui mènent l'enquête. (....) Ce qu'on peut faire, c'est de la prévention." Et la prévention passe, selon lui, par l'organisation de rondes autour des élevages.

Se montrer pour se protéger

Si l'interpellation d'un homme lundi dans le Haut-Rhin a pu faire naître quelques espoirs dans le monde équin (l'individu a finalement été mis hors de cause), enquêteurs et éleveurs savent que les auteurs de ces agressions sont mutiples. "Toutes les personnes qui copient ce mode opératoire pour se défouler et en profiter pour déverser leur colère et leur haine, ceux-là ne sont pas facilement identifiables. Pour se protéger, il faut montrer qu'on est là.
La prévention, c'est aussi connecter les gens entre-eux pour rompre la solitude. Et peut-être éviter des drames. "J'ai deux dames qui ont une ferme pédagogique. Elles m'ont dit : on est épuisées parce qu'on est seules et que toutes les nuits on fait des rondes. Elles assurent des rondes toute la nuit de 23 heures à 6 heures du matin. Elle sont à bout." Alors Luc joue, en quelque sorte, les entremetteurs. "L'idée, c'est que les gens se regroupent, que les gens s'identifient, se voient en physique." Et s'organisent, en respectant de bonnes pratiques.

Un climat de confiance

"Recueillez les numéros de téléphone, appelez-les. C'est un premier filtre. Une fois que vous avez un certain nombre de contacts, vous pouvez envisager d'organiser une réunion publique", conseille l'administrateur du groupe "Surveillance équidés Basse-Normandie, "Impliquez la gendarmerie locale, demandez à ce qu'il y ait un référent sûreté qui participe à cette réunion. Si vous garantissez ça à ceux qui viennent, vous créez un climat de confiance."
Les règles, c'est Luc qui les a édictées. Et leur acceptation conditionne l'entrée (ou non) dans le groupe Facebook. La modération des publications postées par les membres (plus d'un millier aujourd'hui) constitue une tâche chronophage mais indispensable "Là je lis :"Prenez vos fusils". Ce commentaire, je le supprime, je ne me pose pas de question. Pas d'incitation à la violence", explique Luc devant son ordinateur.

Une traînée de poudre

Durant les premiers jours, l'administrateur a dû trouver ses marques. Et les imposer. "Dans la plupart des groupes, ce qui s'exprime, c'est l'anxiété, l'angoisse à chaque fois qu'on découvre que des chevaux ont été mutilés, ça fait trainée de poudre, ça va être relayé 10 fois, 20 fois. Aujourd'hui, je ne laisse plus passer que ce qui se passe en Basse-Normandie, sauf si ça laisse de la matière à réfléchir ou des infos utiles, pratiques."
Un travail de filtrage pour imprimer, d'une certaine façon, une ligne éditoriale voire une philosophie; "Mettre son fusil sous le lit ne vous libère pas de la peur mais vous enchaine à cette peur-là. Je refuse ça parce que ça ne nous permet pas d'avancer. D'avoir modéré, filtré certaines publications, ça a créé une dynamique. En quelques jours, on a créé une dynamique positive de gens qui sont prêts à aider."

Et ultime conseil qui ne manque pas de sel, venant d'un administrateur Facebook : "Commencez par aller voir votre voisinage sur le terrain. Vous n'avez pas besoin des réseaux sociaux pour aller taper à la porte de votre voisin qui habite à 500 mètres."
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