La Conférence des Évêques de France a engagé une procédure devant le Conseil d'État, estimant que l'interdiction de réunir les fidèles le dimanche constitue une "atteinte à la liberté de culte". En attendant, dans les diocèses normands, on s'organise pour célébrer les messes à distance via internet.

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Les évêques de France sont-ils des rebelles, réfractaires aux mesures de confinement décidées par le gouvernement ? Cette semaine, la Conférence des Évêques de France a annoncé avoir déposé "un référé liberté au Conseil d’État" qui doit être examiné ce jeudi 5 novembre. L'Église de France "estime hors de proportion l’interdiction de célébrer la messe et d’autres sacrements en communauté".

L'État fait-il de l'ingérence ?

Le principe de la liberté de culte est protégé par la loi de 1905 qui a instauré la séparation des Églises et de l'État. Il est écrit que la République "garantit le libre exercice des cultes". Le décret qui interdit la messe du dimanche porte-t-il atteinte à la liberté de culte ? "Il y a une maladresse de l’État dans la manière dont il aborde la vie de culte. Il nous impose la tenue des obsèques mais pas des messes, donc l’État rentre dans notre organisation propre. S’il peut certes imposer des jauges, ce n’est pas à lui de dire quel culte est possible", explique Monseigneur Laurent Le Boulc'h, l'évêque de Coutances chez nos confrères de La Presse de la Manche
La Conférence des Évêques de France prend bien garde de préciser que "les fidèles catholiques (...) respectent l’ensemble des consignes sanitaires qui pèsent sur le pays depuis le début". "L'État fait ce qu'il peut pour lutter contre l'épidémie, reconnaît le père Xavier Signargout qui administre le diocèse de Bayeux-Lisieux. Pour le gouvernement, nous ne sommes pas une activité économique, nous ne produisons rien, mais pourtant, je crois que c'est une activité essentielle".
 

Pour les chrétiens, entendre la parole de Dieu, c'est entretenir l'espérance, c'est se tenir debout.

Père Xavier Signargout, diocèse de Bayeux-Lisieux

"La messe permet aux gens de se retrouver. C'est un moment de vie sociale et de respiration spirituelle. S'il n'y a plus de rassemblement, le risque, c'est l'isolement".

La messe, sur internet

À défaut de pouvoir se tenir devant une assistance en chair et en os, les messes embrassent la mode de l'époque faite de numérique et... de distance. Dans l'Orne, le diocèse de Séez propose par exemple une messe diocésaine chaque dimanche retransmise en direct sur Youtube et sur le site du diocèse. Dans la Manche, chaque paroisse est libre de trouver le moyen d'entretenir le lien avec les fidèles. Celle de Percy Gavray Hambye donne rendez-vous chaque jour sur sa page Facebook pour retrouver le père Fabien.
 
La radio RCF Manche-Orne-Calvados retransmet également une messe chaque matin à 11h. "C'est assez particulier, reconnaît le père Laurent Berthout. On est dans un studio, entouré de micros. Mais on a tout ce qu'il faut pour célébrer la messe et on oublie le contexte. Je sais que c'est très apprécié par les fidèles qui ne peuvent pas sortir". La messe est aussi retransmise en direct sur Facebook. "Mardi, j'ai célébré pour environ 180 personnes".

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Inquiétudes pour les messes de Noël

Pour ceux qui seraient allergiques aux écrans, il est toujours possible de se rendre dans les églises. "Elles sont ouvertes insiste le père Berthout. Il n'y a pas besoin d'attestation spécifique. Cela doit se faire dans le cadre de déplacements autorisés, en allant faire des courses ou sur le chemin du travail."

Dans les paroisses, chacun espère pouvoir se retrouver le plus vite possible. "En ce moment, on commence à préparer Noël. Pâques, c'est la fête des fidèles. Noël a un côté plus populaire. Pour beaucoup de gens, c'est la seule messe de l'année, explique Laurent Berthout. On espère tous que la veillée aura lieu. Si cela n'était pas possible, ce serait un coup dur"
 

Une quête sur internet pour renflouer les caisses

L'impossibilité de rassembler les fidèles a une conséquense plus prosaïque. La petite corbeille qui circule dans les travées des églises le dimanche matin n'est pas anecdotique. Elle "constitue l’une des principales ressources des diocèses et va connaître une baisse comme lors du premier confinement", expliquent les évêques de France.
L'Église lance donc une quête virtuelle sur internet, et "nous invitons les paroissiens à donner", insiste le père Berthout. L'argent collecté dans les églises sert à couvrir les dépenses de personnel, de chauffage et d'entretien. Faute de messe, cette ressource se tarit, et la prière n'y peut rien.

 
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