D’ordinaire, le printemps et l’été représentent au moins un tiers du chiffre d’affaires de l’entreprise normande « Scorpion ». Cette société est spécialisée dans les prestations événementielles et audiovisuelles. Le carnet de commande est vide jusqu’à septembre.
Festivals, conventions d’entreprises, foires, fêtes en tout genre et ces deux mots qui reviennent en permanence : « événement annulé ». Le hangar de l’entreprise Scorpion, située dans l’agglomération rouennaise, n’a jamais été aussi rempli de matériel son, lumière et vidéo en cette période de l’année. Micros, rampes de projecteurs, caisses d’enceintes sont bien rangés sur les hautes étagères du sol jusqu’au plafond. Normalement au printemps, tout ce matériel est sorti. « Un tiers de notre activité est perdu jusqu’à mi-juillet, soit une perte de chiffre d’affaires estimée à 500.000 euros » explique le patron Pascal Boivin.
Peut-être y-aura-t-il une deuxième vague de contamination au covid-19 ? C’est la grande inquiétude pour notre secteur économique.
Pas d’événements programmés avant septembre
Du mois d’avril jusqu'au mois d’août, tout a été annulé. « L’été est mort pour notre activité ». Depuis le confinement, le téléphone sonne rarement. La semaine dernière, Pascal Boivin a réceptionné deux appels pour des événements envisagés en octobre et novembre. « Je comprends les clients d’une certaine façon. Comment organiser des conventions d’entreprises, des animations, des grandes fêtes alors qu’on ne connait pas ce que l’avenir nous réserve ? Peut-être y-aura-t-il une deuxième vague de contamination au covid-19 ? C’est la grande inquiétude pour notre secteur économique. » Une grande fête du cheval qui devait se tenir en Normandie autour du 15 août a déjà été annulée. Un centre culturel en Baie de Seine a annoncé refuser tout événement avant le 1er janvier 2021. Selon Pascal Boivin, aucun feu d’artifice ne pourra être tiré en Normandie avant le 14 juillet.Vaut mieux ne rien dire que de faire naître de faux espoirs.
Un manque de clarté et de cohérence de l’exécutif pointé du doigt
Pour Pascal Boivin et plusieurs autres professionnels de l’événementiel, les consignes au plus haut sommet de l’Etat sont floues voire contradictoires : « Le problème c’est la non clarté autour de la sortie du confinement et la tenue de festivités et d’animations. Le président a dit pas d’événements avant fin juillet. Le ministre de la culture a annoncé l’éventualité de petits festivals mais avec des conditions étranges : un seul artiste sur scène, une distance d’un mètre entre les personnes du public, pas plus de 50 spectateurs, un respect des gestes barrière. Qui oserait s’engager dans ce type d’événement ? Vaut mieux ne rien dire que de faire naître de faux espoirs ».A la fin, quoi qu’il arrive, il faudra payer quand même.
Une adaptation économique
Les sept collaborateurs de Pascal Boivin sont au chômage. Le chef d’entreprise a inscrit sa société à la DIRECCTE (Direction régionale des entreprises de la concurrence, de la consommation, du travail et de l’emploi) pour bénéficier de l’aide de l’Etat dans le versement des salaires des employés au chômage partiel. « L’inscription s’est très bien déroulée mais je n’ai toujours pas été remboursé des salaires du mois de mars et je n’ai reçu aucune information de la date du versement. Je continue de puiser dans ma trésorerie mais à partir du mois de mai ça risque de devenir très problématique. » En plus d’un report de charges et de crédits mis en place, le patron a souscrit à un prêt appelé PGE (Prêt Garanti par l'Etat). « C’est un endettement supplémentaire. A la fin, quoi qu’il arrive, il faudra payer quand même. »Les conséquences négatives se mesurent dans l’immédiat et on craint que cela s’étale sur plusieurs années.