En raison de l'épidémie de covid-19, l’Insee a décidé de diffuser le nombre de décès par jour et par département. Et de façon suprenante, le mois de mars dans notre région a été moins meurtrier que les années précédentes. Toutefois, des disparités et des boulversements apparaissent.
Jamais un virus n'avait fait autant parler de lui au niveau mondial. Et pour cause, les chiffres impressionnent : 1,7 millions de personnes confirmées touchées, plus de 100.000 morts dans le monde depuis le début de l'épidémie de coronavirus, fin 2019 en Chine.
Pour tenter de prendre la mesure de l'impact réel de la pandémie, l’Institut national de la statistique et des études économiques actualise chaque semaine ses statistiques sur la mortalité en France, par âge, sexe, lieu de décès et zone géographique.
La grippe de 2018 plus tueuse
Au dernier décompte de l'Agence régionale de Santé, la Normandie n'apparait toujours pas dans les zones les plus touchées. Avec 188 décès dus officiellement à ce virus, notre région représente au 10 avril, 1,4 % du total français (13.197 morts du covid-19).
Et selon les chiffres de l'INSEE, cela n'a pas vraiment boulversé chez nous les courbes habituelles de mortalité (toutes raisons comprises) :
2873 morts en Normandie sur le mois de mars 2020, contre 2807 en 2019 (+2 %)
Seuls les hôpitaux et cliniques privées ont connu une hausse réelle de 6 % des décès pendant cette période (+ 2 % pour les ehpads, + 1 % pour les décès au domicile).
Mais si on regarde 2018, il y a de quoi largement relativiser, puisque la grippe hivernale avait fait beaucoup plus de victimes, portant la mortalité normande à 3343 personnes en mars.
Des disparités par département
Si la Seine-Maritime et le Calvados sont les départements normands les plus exposés au virus actuellement, les chiffres généraux de mortalité indiquent des surprises.Ainsi 3 départements ont vu le nombre de décès baisser en mars 2020, par rapport en 2019. Légèrement pour le Calvados (645 contre 650), comme l'Eure (353 contre 357). Le phénomène est encore plus marqué dans l'Orne, -7% (265 contre 285).
Mars 2018 | Mars 2019 | Mars 2020 | |
Calvados | 723 | 650 | 645 |
Manche | 545 | 460 | 495 |
Orne | 317 | 286 | 265 |
Seine-Maritime | 1339 | 1054 | 1115 |
Eure | 419 | 357 | 353 |
En terme d'âge, notre région est également soumise à des évolutions différentes selon les départements.
Ainsi, la Manche a vu la mortalité bondir de 33 % chez les personnes de plus de 85 ans. A l'opposée, dans l'Eure, ce sont les moins de 64 ans qui ont connu une hécatombe : + 31%.
La Manche, encore elle, a connu un bond des décès dans les ehpads (+31%) et au domicile (+24%). Augmentation aussi des décès au domicile dans l'Eure (+ 17%). Par contre, dans l'Orne, c'est l'inverse (-42 %).
Si les hommes sont en France les plus touchés, ces 2 départements connaissent également des situations inverses pour le sexe : + 14 % de décès chez les femmes dans la Manche, - 16 % dans l'Orne.