Une centaine de choristes amateurs entonnent des chants révolutionnaires dans un concert-manifestation imaginé par le clarinettiste Sylvain Kassap. Le musicien entend montrer comment un simple refrain peut parfois galvaniser, et donner de la couleur au printemps.
La plupart sont venus sur la foi d'une simple petite annonce passée dans le journal. Le festival de Coutances recherchait des chanteurs et des chanteuses prêt à venir signer un Manifeste. "On a commencé à répéter au mois de janvier" raconte une choriste. "Il y a eu cinq répétitons. Et voir qu'en seulement cinq dimanches, des gens qui ne se connaissaient pas ont réussi à monter ce spectacle, c'est vraiment gratifiant."
Quand le festival a proposé à Sylvain Kassap de lui confier les clés d'une création, le musicien a aussitôt songé à ces chants révolutionnaires qui ont bercé tant et tant de manifestations, et à qui notre époque coupe le souffle. "Une amie m'a fait remarquer qu'on ne chantait plus dans les manifs. Et c'est vrai : il y a une sono, les gens défilent derrière, et ça ne chante pas". Dans un sourire, un choriste relève : "Et puis si vous regardez notre moyenne d'âge... On a tous fait mai 68. C'est une petite cure de jouvence. Ces chants rappellent des souvenirs !"
Manifeste reprend donc quelques refrains qui sont entrés dans les mémoires collecvtives. Le chant des Partisans, le chant des canuts, l'hymne de l'ANC qu'entonnaient les partisans de Nelson Mandela sont tous étroitement liés à des moments où l'histoire a basculé. Ce sont des hymnes à la liberté, des airs qui donnent du coeur. Avant de monter sur scène, une chanteuse s'inquiète : "J'espère qu'il n'y aura pas de couacs. Son voisin la coupe : "Mais non, il n'y aura pas de couac. Le tout, c'est d'y croire !" Après tout, ce sont bien les chanteurs qui donnent leur force à ces refrains : le tout, c'est effectivement d'y croire.
Extrait de Manifeste, le chant des partisans