Pour la première fois depuis près de deux mois, le nombre de cas positifs augmente. Entre le 5 et le 11 juin, le taux d'incidence a bondi de 30 %. Le nombre d'hospitalisations continue de baisser mais la résurgence du virus fait craindre une nouvelle vague.
Alors que chacun goûte le plaisir d'avoir renoué avec une vie normale, sans masque, sans distanciation, un épidémiologiste jette un froid en pleine canicule. "La courbe épidémique est exponentielle en France, cela ressemble à une nouvelle vague" de Covid-19, indique ce mercredi sur franceinfo le professeur Antoine Flahault, épidémiologiste et directeur de l’Institut de santé globale à la faculté de médecine de l'université de Genève.
Le scientifique dont la parole fait autorité explique que ce rebond est lié à l'apparition des sous-variants BA.4 et BA.5 venus du Portugal, où "la mortalité a été très importante" ces dernières semaines et particulièrement "chez des personnes âgées de plus de 80 ans. Ce qui se produit au Portugal pourrait se produire avec quelques semaines de décalage chez nous", redoute Antoine Flahaut.
Nouveaux sous-variants
Les chiffres publiés le 15 juin par l'Agence Régionale de Santé en Normandie confirme ce rebond épidémique. "Après avoir connu une forte baisse pendant 8 semaines consécutives, la Normandie connait une hausse du nombre de nouveaux cas et du taux d’incidence : l’incidence régionale s’établit à 276,8 cas pour 100 000 habitants, en hausse de 30,6 %", écrit l'ARS dans son communiqué, ajoutant : "Dans ce contexte, le nombre de reproduction (R) s’établit à 1,29 (contre 0,79 la semaine passée).
Le détail des chiffres par département :
- Calvados : + 28,7 % (taux d’incidence SPF du 05/06 au 11/06 : 301)
- Eure : + 27,5 % (taux d’incidence SPF du 05/06 au 11/06 : 262,4)
- Manche : + 40,5 % (taux d’incidence SPF du 05/06 au 11/06 : 295,3)
- Orne : + 23,4 % (taux d’incidence SPF du 05/06 au 11/06 : 214,9)
- Seine-Maritime : + 30,6 % (taux d’incidence SPF du 05/06 au 11/06 : 276,8)
Le taux de positivité est un autre symptôme de la circulation accrue du virus. "Entre le 5 et le 11 juin, 40 635 personnes ont été testées dont 9 144 ont présenté un résultat positif. Le taux de positivité augmente pour s’établir à 22,5 % contre 17,7 % la semaine précédente", observe l'ARS de Normandie. Cette situation épidémique n'a encore aucune conséquence dans les hôpitaux où les admissions continuent de refluer. "Au 13 juin, 1 026 personnes atteintes du Covid-19 sont hospitalisées (1 095 la semaine dernière), dont 34 en réanimation (33 lors du dernier point de situation). L’incidence en hospitalisation conventionnelle continue de s’améliorer, tandis que le rythme des entrées en réanimation reste peu élevé et stable."
La quatrième dose vivement recommandée pour les plus de 80 ans
À ce jour, "7 743 522 injections qui ont été réalisées en Normandie" se félicite l'Agence Régionale de Santé qui insiste sur la nécessité d'une "mobilisation totale". La quatrième dose de vaccin "est recommandée pour les personnes de 80 ans et plus, les résidents d’EHPAD et d’USLD quel que soit leur âge, ainsi que pour les personnes immunodéprimées, à partir de trois mois après la dernière injection (les personnes concernées ayant eu le Covid-19 plus de 3 mois après leur 1er rappel vaccinal n’ont pas besoin de faire ce 2ème rappel)".
"L’accès à la deuxième dose de rappel de vaccin contre le Covid-19 est également ouvert aux personnes âgées de 60 à 79 ans, avec ou sans comorbidité, dès 6 mois après l’injection du premier rappel ou dès 6 mois après la dernière infection".
Lavage des mains et aération des locaux
Pour tenter de freiner la propagation de ces nouveaux sous-variants extrêmement contagieux, il est toujours recommandé de porter le masque dans "les situations de grande promiscuité, dans les lieux clos et mal ventilés, et en particulier en présence de personnes fragiles". L'ARS de Normandie préconise de ne pas perdre "les bons reflexes" en se lavant souvent les mains et en utilisant du gel hydroalcoolique.
Il est aussi fortement conseillé d'aérer régulièrement les pièces, ce qui, en période de canicule ne va pas forcément de soi. "Au moins 95%, peut-être 99% des contaminations ont lieu dans des milieux clos, mal ventilés, où on est nombreux, souligne l'épidémiologiste Antoine Flahaut. En été, souvent c’est le contraire, on est plus souvent dehors. Mais en ce moment avec la canicule on dit aux gens de fermer les fenêtres, dans les Ehpad on essaye de ne pas faire rentrer l’air chaud de l’extérieur. Donc, il y a des risques finalement pendant l’été de propagation de ce virus".