Débat sur les déchets nucléaires : pour la première fois, vous avez la parole

Pour la  première fois depuis un demi-siècle et la mise en service des premières centrale nucléaires dans le pays, le public est invité à donner son avis à travers 22 rencontres débats organisés jusqu’au 25 septembre. Yannick Rousselet de Greenpeace a répondu à nos questions. 

Que faire de nos déchets radioactifs ? La question de la saturation aujourd’hui se pose. Une grande consultation publique s’est ouverte le mercredi 24 avril à la Mutualité à Paris avec 22 rencontres-débats programmées dans toute la France jusqu’à la fin du mois de septembre, à l'occasion de la révision du « Plan national de gestion des matières et déchets radioactifs ». 


Yannick Rousselet, militant antinucléaire, chargé des questions nucléaires pour Greenpeace, membre du Haut comité pour la transparence et l’information sur la sécurité nucléaire, membre de la Commission locale d’information Areva La Hague, a répondu à nos questions et apporte sa vision alors que l'une de ces rencontres se tenait à Caen (14). Les prochaines en Normandie auront lieu à Cherbourg le 11 juin, à Rouen le 4 juillet. 

L’été dernier, l’Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (l’Andra) faisait état de plus de 1 million et demi de mètres cubes de déchets radioactifs existants sur notre territoire. Comment les gérer ?

YR: en France, on a déjà généré 1,6 millions de mètres cubes de déchets radioactifs dont près de 60 % sont issus de la filière électro-nucléaire...Qui n’a pas fini d’en générer. 60 % de ces déchets sont de « faible et moyenne activité à vie courte » et 31 % de « très faible activité ». Les plus dangereux, dits de « haute activité » (0,2 % du volume total) et ceux de « moyenne activité à vie longue » (2,9 %) ont vocation à être enfouis dans le centre de stockage de Bure (Meuse).

Selon les prévisions, l’on pourrait atteindre les 2,5 millions en 2030.

Aucun pays n’a de solution sûre et pérenne. 

Et va se poser la question du démantèlement des usines nucléaires les plus anciennes qui vont générer des métaux à faible radioactivité mais que la législation française impose de stocker. 
 




Qu’attendez-vous de cette consultation ?

YR:  Le contexte est inédit en raison du vieillissement des centrales, de la saturation des centres de stockage, des coûts faramineux. Tout le monde va se retrouver face à un principe de réalité. 

L'enjeu est de pouvoir au delà des associations habituelles, au-delà des exploitants ( EDF, Orano) que les citoyns s'emparent de ce débat qui n'est pas seulement un débat technique mais social, sociétal qui nous concernent tous et les générations à venir sur des centaines de milliers d'années, notamment au travers des déchets radioactifs à haute activité,  à vie longue. Comme c'est le cas à la Hague. Il y aura toujours dans un siècle ces déchets hauutement radiocatifs vitrifiés et ce, même si le projet de Bure aboutissait. 

Vous vous êtes justement opposé à l’enfouissement des déchets nucléaires prévu à Bure (projet Cigéo)  dans la Meuse...

YR: L'enfouissement pose des problèmes notamment d'un point de vue géologique avec des risques d’incendie, d’explosion et de contamination des eaux. Les déchets les plus dangereux sont ceux de la Hague, de Marcoule (Gard), de Cadarache (Bouches du Rhône).  Ilne représentent que 4% du volume total (soit 30 piscines olympiques) mais concentre 99% de leur radioactivité. En 2006, la France a opté pour le stockage en couche géologiques profondes, les colis seront enfouis à 500 mètres sous terre dans des couches d’argile, à Bure, dans la Meuse. 
Une fois refermé, plus question d’intervenir, plus de surveillance, on "parie" sur le confinement géologique. Mais pour certains scientifiques, il est  impossible de garantir une fiabilité à 100%. On ne peut pas jouer avec ça. 

L’entreposage à sec en subsurface (jusqu’à 30 m de profondeur) est une voie à étudier. Elle est utilisée en Suisse. Les Belges ont vidé les piscines de leurs centrales. Orano sait travailler pour cette filière. À la différence du stockage très profond, elle présente plusieurs avantages. Cette méthode est beaucoup plus flexible. Elle n’utilise pas d’eau. Et surtout, elle permet un retour en arrière. Peut-être que des avancées scientifiques nous permettront de mieux traiter les déchets à haute activité. S’ils sont enfouis à Cigéo, on ne pourra plus rien faire.

A  l'avenir, on peut imaginer réduire la toxicité des déchets ultimes (procés de séparation-transmutation), le Commissariat à l’énergie atomique travaille dessus mais est encore au stade de la recherche. 
 

Cigéo à Bure : 5 questions pour comprendre

Le projet CIGEO d'enfouissement de déchets nucléaires en Meuse date de 1998 et a pour origine des études entamées dans les années 50.Implanté à Bure, il est porté par l'Agence Nationale pour la gestion des Déchets RAdioactifs ( ANDRA).Mais dès 1991, ce principe d'enfouissement a été contesté par les écologistes et d'un certain nombre de scientifiques.


Faut-il poursuivre le retraitement des combustibles usés ?

Non!  L’industrie nucléaire prétend que 96 % des matières produites sont recyclables, alors que moins de 1 % du combustible usé est finalement réutilisé. 

Si l’on comptabilise les quantités de matières recyclées, il convient de considérer un taux de recyclage inférieur à 1 %.  Cette affirmation ne vient pas d’écologistes en guerre contre le nucléaire. Elle est écrite noir sur blanc dans un rapport du Haut Comité pour la transparence et l’information sur la sécurité nucléaire. C'est évidemment le site de la Hague qui est problématique, saturé, avec de surcroît la question du transport de ces déchets. 


Quelle est la crise la plus forte sur cette problématique des déchets? 


La crise la plus forte est celle des combustibles usés qu’EDF garde dans les piscines de ses centrales. Elles ne sont pas destinées à cet usage, notamment pour des questions de sécurité. Elles sont normalement utilisées pour le refroidissement des combustibles à leur sortie des réacteurs, mais dans un délai raisonnable. 

 
Reportage Franck Besnier. 
  
 
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