Les marchés reprennent petit à petit leur place en Normandie. Mais toutes les villes ne s'organisent pas de la même façon, et l'alternance décidée à Caen provoque la colère des commerçants.
Deux mois sans travailler, et puis enfin le déconfinement, le retour des marchés, la fin du tunnel pour les marchands ambulants. Enfin, normalement...
Car à Caen, la ville a imposé une alternance. Chaque commerçant ne peut venir qu'une semaine sur deux, et ce pour permettre a chacun de pouvoir travailler sans encombrer le lieu.
Ce vendredi matin, place Saint-Sauveur, ils étaient donc moitié moins que d'habitude (130 le vendredi, 300 le dimanche avant le Covid-19).
Ils en ont profité pour distribuer un tract au public présent.
Julien Todeschini vend des fruits et légumes. Il fait partie de la centaine de commerçants qui ont envoyé une lettre à la préfecture. "Les clients sont contents de revenir sur le marché, il y a un peu de monde ce matin, mais tous sont obligés de chercher leurs commerces habituels, s'ils sont là. Nous même, on ne sait pas comment est organisée cette alternance. La Mairie de Caen s'appuie sur le guide des bonnes pratiques de la préfecture, mais cela n'a rien de législatif."
Il se déclare prêt à des actions radicales si rien ne change.
On est pris à la gorge. On ne demande pas d'argent ou d'aides sociales, juste pouvoir travailler normalement.
Selon eux, seul le préfet peut interdire, si le maire l'informe que les conditions sanitaires ne sont pas respectées. "On est prêt à rendre les masques obligatoires pour tous les commerçants et les clients. On est pris à la gorge en ce moment. On ne demande pas d'argent ou d'aides sociales, juste pouvoir travailler normalement."
De plus, les métrages ont été limités à 7 mètres par commerce, là où certains en avaient le double avant. "C'est égalitaire mais inéquitable. On n'a pas tous les mêmes charges, le même nombre d'employés."
Une organisation différente à Alençon et Granville
Ce qui énerve également ces commerçants ambulants qui travaillent dans d'autres villes de la région, c'est "qu'il n'y a qu'à Caen que l'on connait ces restrictions. Le jeudi et la samedi, je suis à Alençon, et ça se passe extrêmement bien depuis le déconfinement", affirme Julien Todeschini. "Le marché a été réparti sur 2-3 places au lieu d'une seule."Même constat pour une de ses collègues qui va à Granville. "Ils ont redéfini le marché pour que tout le monde travaille tout le temps."
Du coup, certains se sont organisés pour créer un marché parallèle près de Caen le vendredi.
Une initiative que Julien ne connaissait pas, avant que nous lui en parlions. Mais il n'était pas tellement surpris, même si il n'en fait pas partie. "C"est normal que chacun défende son bout de gras. Il faut bien essayer de vendre nos marchandises."