Déconfinement et fête des mères : dans les EPHAD normands, les conditions de visite s'assouplissent

Les règles de visite dans les EPHAD vont être moins strictes : deux visiteurs en chambre seront autorisés, même plus si la rencontre a lieu en extérieur,et les mineurs seront bienvenus. L'attente des familles est grande avant le we de fête des mères, mais les directions doivent encore s'organiser.  

"Il était temps!" souffle, soulagée, Chloé Moru, directrice adjointe d'une maison de retraite à Condé-en-Normandie. "Je suis satisfaite des assouplissements qui ont été annoncés. Au quotidien, même les familles qui se sont montrées compréhensives au début du confinement commençaient à exprimer leur colère et leur frustation de ne pas voir suffisamment leurs proches", poursuit-elle.

Les nouvelles mesures pour les visites en EHPAD


Concrètement le ministère de la santé autorise désormais que les visites reprennent (quand la situation le permet) dans les chambres, où deux personnes pourront être présentes avec le résident.
Si les visites peuvent avoir lieu à l'extérieur, "plus de deux personnes à la fois" pourront être présentes, même des mineurs s'ils portent un masque.
D'ailleurs toutes les mesures de protection comme "le lavage des mains, la distanciation physique et le port du masque chirurgical restent ainsi obligatoires pour tous les visiteurs" précise le communiqué du ministère de la santé. 

Toujours pas d'embrassades ou de câlins en vue donc, même si plus aucun personnel ne sera là pour superviser les visites.
Outre ces visites privées, "la reprise [...]des activités collectives en tout petit groupe peut être décidée". 


Satisfaction donc, mais Chloé Moru nuance tout de même : "Même si on attendait vraiment ces mesures, selon les résidents et leur pathologie, le port du masque et la distanciation sociale imposée créent parfois beaucoup de troubles chez nos résidents atteints de maladie neuro-dégénératives. Les patients ne s'y retrouvent pas toujours, tandis que les familles, elles, sont très en demande de ces rencontres", avance-t-elle prudemment.

"Mais globalement, les assouplissements nous soulagent : les résidents avaient l'impression d'être punis, ils se sentaient emprisonnés. Nos équipes ont été inventives, et se sont vraiment investies pour aider les résidents à oublier le cadre strict imposé, mais il était temps d'alléger cela. Chez certains patients, de petites dépressions pointaient."
 

Comment mettre en place l’assouplissement des visites ?


Reste une question : la mise en place et l'encadrement de ces mesures. 
La responsabilité de chaque chef d'établissement est engagée, alors certains -qui ne peuvent ou ne souhaitent s'exprimer pour le moment - s'avouent tout de même "inquiets et en attente de directives de la part de leur groupe".
Du côté de Korian par exemple, la responsable médias Marjorie Castoriadis explique que "le groupe attend les consignes du ministère. Le protocole sera élaboré dans la semaine alors on ne peut pas encore préciser comment les nouvelles visites seront organisées, mais on fera en sorte de les rendre possible à partir de vendredi ".
La plupart des directions d'établissement font donc montre de prudence, en toute conscience de l’attente des résidents et de leurs familles à l'approche d'un moment traditionnellement fêté par les Français. 

Jusqu’à présent, direction, personnel soignant et familles se sentaient oubliés des pouvoirs publics.

Consciente de ce problème de manque de règles claires, la Férération Hospitalière de France-Normandie avait interpellé l'Etat sur ce malaise et demandé un assouplissement des règles de déconfinement dans les EPHAD normands.
"Nous, FHF Normandie, demandons instamment au gouvernement de bien vouloir prendre en compte la situation épidémiologique territoriale pour permettre un déconfinement indispensable et adapté, de l’ensemble des établissements sociaux et médico-sociaux normands, quitte à instaurer une modularité en fonction de l’exposition présente et passée au virus au sein de la Région."

Aucune directive claire n'a été donnée par les ministères et pouvoirs publics. Edouard Philippe n'avait pas mentionné le déconfinement dans les EPHAD dans son dernier discours. La situation se jouait donc sur le terrain, et à la carte.
Parfois, pour le meilleur comme à Bretteville sur Odon, avant l’annonce de l’assouplissement des visites....

Reportage de J. Gélébart, C. Leloche et F. Lefeuvre avec la participation de Patrice Machuret, Directeur de la Résidence Soleil
Groupe Les Séréniales de Bretteville sur Odon, dans le Calvados, et les familles des résidents 



 
....Parfois pour le pire....Certaines situations familiales sont dramatiques pour les familles privées de la joie des retrouvailles après les deux mois de confinement. Sur les réseaux sociaux, les récits affluent sur l'impossibilité, parfois absurde, de ne pas pouvoir voir les résidents d'EPHAD dans de bonnes conditions.
Témoignage de Daniel Gautier venu pour les 98 ans de sa maman résidente à l'EPHAD mutualiste La Source de Mondeville (14)
 

Comme le dit dans son communiqué de presse la Fédération Hospitaliere de France de Normandie  ( FFH)

" Il ne semble faire aucun doute qu’aujourd’hui les drames humains qui se produisent dans les EHPAD sont davantage causés par l’isolement que par le coronavirus."



 
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