Avec le déconfinement, les hippodromes normands ont rouvert leurs portes. Mais aucun spectateur n'est admis. Le Prix des Ducs, la plus belle course de l'année en Normandie, a été couru le 13 mai dans un hippodrome de Caen totalement désert.
Ils se donnent rendez-vous chaque année en mai à la Prairie : fraîchement déconfinés, quelques-uns des meilleurs trotteurs français sont venus ce 13 mai à l’hippodrome de Caen. Les partants étaient connus 48 heures avant, comme d’habitude. Et c’est bien le seul repère habituel pour ce Grand Prix des Ducs de Normandie, dont la version 2020 est inédite, pour cause de pandémie de Covid-19.
Programmé le mercredi 13 mai 2020, le Prix des Ducs de #Normandie est la course la plus attendue de l’année sur l’ hippodrome de #Caen?https://t.co/Tf7NUloHYq
— AssisesFilièreEquine (@AFEquine) May 6, 2020
Les courses hippiques à huis clos
Si les chevaux seront là, le public, lui, est interdit d’accès à la Prairie. Tout comme les propriétaires de chevaux, leurs familles… En résumé, seules deux personnes par cheval sont autorisées à pénétrer dans l’hippodrome : le jockey et une personne de l’écurie.Le personnel organisateur (caméraman, commissaires, juges) est lui aussi «réduit à son strict minimum », explique Gilles Ribot, régisseur des hippodromes de Caen et de Cabourg. Une seule entrée, la prise de température et le port du masque obligatoires, registre des entrées et des sorties, gel hydroalcoolique, parcours fléché : les hippodromes qui rouvrent mettent en place des règles drastiques et ont réaménagé leurs infrastructures afin de limiter les contacts entres les personnes.
A Cherbourg-en-Cotentin, le président de l'hippodrome Jean-Philippe Massieu explique que pour la reprise le 12 mai, il était même prévu que le livret du cheval soit « donné par une fenêtre, afin que le personnel de l’écurie ne pénètre pas dans l’infrastructure.»
Ces courses à huis clos ont déjà été expérimentées juste avant le confinement à Caen, le 16 mars dernier. Le lendemain, les sociétés organisatrices décidaient d’arrêter les courses, le PMU paraissant incompatible avec les règles du confinement.
Courses hippiques : « il faut que les paris reprennent »
Depuis la mi-mars, les hippodromes tout comme les bars où les parieurs pouvaient se rassembler et deviser sur les trotteurs sont fermés. Plus de courses, plus de paris. Plus de paris, plus de courses.« 90 à 95% des personnels des sociétés de courses ont été mis au chômage. Il faut que les paris reprennent » selon le régisseur des hippodromes de Caen et de Cabourg. Quelques parieurs se sont bien tournés vers les courses étrangères et jouent en ligne, mais «cela ne représente que 10% de la recette normale» pour le PMU, estime Gilles Ribot.
Avec une reprise des courses à huis clos, impossible de parier sur place car le public est interdit. Dans un premier temps, les bars restent également fermés.
Mais les paris pourront tout de même se faire sous deux formes : le déconfinement va permettre aux buralistes disposant de terminaux d’éditer des tickets de PMU.
Et le pari en ligne s’est développé ces deux derniers mois : « des promotions pendant le confinement ont permis de convaincre quelques fans de parier en ligne sur des courses étrangères. » explique Gilles Ribot, « sachant que les courses étrangères sont un frein car les parieurs français ne connaissent pas les chevaux. ».
Le retour des grand prix français incitera peut-être ces parieurs à continuer à miser via les nouvelles applis du PMU sur leurs smartphones.
Courses hippiques : le calendrier reprend comme s'il ne s'était jamais arrêté
Le temps a été suspendu pour les courses hippiques. Une parenthèse de deux mois que tous les acteurs du trot ont payé cher.
C’est toute une filière qui est en souffrance.
Gilles Ribot, régisseur des hippodromes de Caen et de Cabourg
«Les chevaux sont des sportifs qu’il a fallu continuer à entraîner» explique Gilles Ribot, rejoint par le président de l’hippodrome de Cherbourg-en-Cotentin qui insiste sur le fait que «pendant deux mois, les éleveurs n’ont eu aucune rentrée d’argent, habituellement assurées par les gains au courses. Ils n’ont eu que des charges.»
De leur côté, les hippodromes ne rattraperont pas les courses annulées pendant le confinement. Le calendrier reprend comme s'il ne s'était jamais arrêté.
Pour la Normandie, Cherbourg-en-Cotentin a ouvert le bal avec une réunion premium le 12 mai, et Caen lui a emboîté le pas avec les fameux Grand Prix des Ducs de Normandie et Saint Léger des trotteurs.
Le calendrier prévu se déroulera ainsi jusqu’à nouvel ordre, avec quelques aménagements : les courses programmées dans des hippodromes de catégorie 2 et 3 (Dozulé, Carentan, Valognes, Villedieu-les-Poêles,…) où les rentrées d’argent ne se font que par le biais des entrées, de la restauration et des paris sur place, ne pourront pas avoir lieu. Elles seront donc organisées par des hippodromes de catégorie 1 (Caen, Cherbourg, Cabourg, Graignes, Lisieux, Argentan,…) « afin de donner la possibilité aussi à ces chevaux de courir » plaide Gilles Ribot.
[#COVID19] Reprise de l'activité hippique au #Trot - Calendriers et programmes prévisionnels disponibles en téléchargement au format .pdf ici ? https://t.co/MpRUKWUeEc #RestezChezVous pic.twitter.com/x9m1MNCbVe
— LeTROT (@LeTrot) May 4, 2020
Par exemple, les courses programmées le 21 mai à Dozulé se dérouleront sur l’hippodrome de Caen, et celles programmées à Valognes seront délocalisées à Cherbourg-en Cotentin.
Cherbourg-en-Cotentin, Caen, Graignes, Alençon et Mauquenchy sont les premiers hippodromes normands à reprendre les courses. Les chevaux piaffent d’impatience. Et ils ne sont pas les seuls.