Chaque année, les villes gagnent du terrain sur les campagnes, comment limiter ce processus d’urbanisation qui dévore des milliers d’hectares de terres agricoles ? Faut-il revoir notre politique d’aménagement du territoire et notamment en matière d’habitat, le secteur le plus consommateur d’espaces naturels ? Franck Besnier ouvre le débat dans dimanche en politique ce week-end à 11h30 sur France 3 Normandie.
Franck Besnier ouvre le débat dans ce nouveau numéro de Dimanche en Politique, ce dimanche à 11h30 sur France 3 Normandie.
L’équivalent d’un terrain de football disparaît toutes les 4 heures
Années après années, inexorablement, les villes s’agrandissent à coups de lotissements, de routes, de zones commerciales et industrielles.
L’équivalent d’un terrain de football de zones agricoles disparaît toutes les 4 heures, ce sont 19 000 hectares de terres agricoles, 177 exploitations qui ont disparu au cours des 10 dernières années.
La Normandie est la 4ème région qui artificialise le plus les sols derrière l’Île-de-France, les Pays de la Loire et la Bretagne.
Les élus comme Joël Bruneau, le maire (LR) de Caen reconnaissent que cette politique du bétonnage correspond à des projets votés il y a une quinzaine d’années, mais qu’aujourd’hui, l’heure est à une prise de conscience :
La prise de conscience ne date pas de la dernière loi climat et résilience. Aujourd’hui, Caen la Mer est dans une agglomération qui avec les communautés de communes voisines ont déjà travaillé pour réduire la consommation d’espaces. Déjà sur les 10 dernières années, on avait déjà baissé de 35% par rapport à avant, ce n’est pas suffisant mais c’est déjà une première étape.
Joël Bruneau,Maire (LR) de Caen
Le Zéro Artificialisation Nette, un outil pour une région plus verte ?
Pour obliger les communes à ne plus bétonner, le gouvernement à travers la loi climat et résilience votée en 2021 a lancé le ZAN : le Zéro Artificialisation Nette. L’objectif est de réduire d'ici sept ans de moitié l’étalement urbain et d’ici 2050 de compenser chaque M2 construit par 1m2 végétalisé. C’est le conseil régional qui est chargé de sa mise en place. Les arbitrages s’annoncent difficiles, notamment dans les zones littorales où il faudra composer avec la pression immobilière et le changement du trait de côte.
Construire pour attirer de nouveaux habitants ?
Les communes ont parfois construit à outrance. Les lotissements se sont développés autour des agglomérations avec pour effet de voir les centres-villes se vider. 70% de l’artificialisation des sols concerne l’habitat. Le paradoxe, c’est que les villes s'étalent alors que le nombre d’habitants continue par endroit de diminuer. C’est ainsi que le Havre, Cherbourg ou encore Evreux ont subi une baisse de leur démographie alors que Rouen et Caen ont inversé leur courbe avec un déplacement des populations des zones rurales vers les grandes agglomérations.
La pression est là tout de même puisque nous sommes en zone inondable donc les difficultés également se posent à nous pour pouvoir construire et nous avons décidé de travailler sur l’existant, de densifier notre village de façon harmonieuse, en créant un éco-quartier sur une friche industrielle donc là ce sont de gros enjeux passionnants de dépollution, de tenir compte des risques d’inondation également avec la Seine. Peut-être qu’aujourd’hui on peut renouer avec ces vies de quartier, ces vies de village, c’est un autre imaginaire, il faut le rendre nécessaire.
Laëtitia Sanchez,conseillère régionale EELV et Maire de Saint-Pierre du Vauvray (27)
La maison avec terrain deviendra-t-elle un bien rare ?
Alors que les prix de l’immobilier ont augmenté de 30% en Normandie au cours des 5 dernières années, la pression risque de s’accroître encore un peu plus dans certains secteurs où il sera plus difficile de construire, car la pression immobilière y est maximale. C’est le cas de nombreuses villes du littoral comme Deauville où les prix ont atteint des sommets (6800 €/m2) contre 3100€/m2 à Caen ou 2900€/m2 à Rouen.
La grosse demande, ça reste de la maison individuelle avec le petit jardin même si aujourd’hui, on est plus sur des jardins, des lotissements qui font 1 000/1500 m². Les gens ne nous demandent plus ça, mais ils veulent quand même avoir leur petit terrain autour qui fait 200/300 m². Mais de croire que tout le monde ira dans les immeubles, ça je n’y crois absolument pas aujourd’hui.
Tony Hamon,Président de la Fnaim Normandie
Comment préserver le littoral de l'urbanisation ?
Avec ses 630 kilomètres de côtes, la Normandie est confrontée à une arrivée de nouveaux habitants et le réchauffement climatique pourrait bien amplifier ce phénomène avec une population en quête de fraîcheur et d’espaces préservés, mais pour combien de temps ?
La bétonisation de nos côtes est une préoccupation des élus. La loi littoral mise en place en 1986 a permis de protéger le bord de mer, mais les constructions réalisées en zone de submersions marines exposent les habitants à des risques naturels qu’il faut gérer dès maintenant.
Si vous regardez les travaux du GIEC Normand, je voudrai aussi attirer l’attention là-dessus, notre littoral va reculer donc en fait aujourd’hui, il est attractif mais peut être que dans 20/30 il ne le sera plus du tout et du coup il va y avoir aussi des mouvements à la fois d’attractivité, d’arrivée de nouveaux habitants mais aussi la relocalisation d’habitats, mais aussi d’activités économiques, artisanales sur le rétro-littoral ou sur d’autres parties de notre région.
Elisabeth Taudière,Directrice de l'association Territoires pionniers
Cette émission est à découvrir ce dimanche 21 mai à 11h30 sur France 3 Normandie et en replay sur la plateforme France.TV