Sur les étals, les prix des poissons flambent atteignant parfois une hausse de 20 %. L’augmentation du prix de l’essence, les conséquences du Brexit, ou la raréfaction des poissons dans les mers et océans, les raisons de cette hausse sont multiples.
Sur le marché de poissons de Dieppe, cabillauds, turbots et autres espèces affichent des prix au kilo de plus en plus élevés. Une augmentation fulgurante qui résulte de plusieurs facteurs et qui ne risque pas de s'arrêter de si tôt.
L'augmentation du prix du gasoil, raison principale de la hausse
En moins de 6 mois, le prix du gasoil pour les pêcheurs est passé de 70 cts à plus de 1euros le litre. Une augmentation considérable qui vient perturber directement les cours du marché.
"Une partie du salaire des marins pêcheurs est prélevée pour financer la consommation en carburant. Pour éviter d'impacter leur revenue, on est obligé d'augmenter le prix du poisson à la vente... pas le choix", nous explique Stéphanie Daubert, propriétaire de la poissonnerie Maison Daubert à Courseulles-sur-mer.
Malgré l'aide de 35 centimes par litre accordée par le gouvernement, les professionnels du secteur redoutent que l'augmentation se poursuive, d'autant plus avec le prolongement de la guerre en Ukraine qui rend les prévisions extrêmement difficiles.
Une raréfaction de l'offre et une demande toujours aussi forte
Des hausses qui, pour le moment, n'effraient pas les consommateurs toujours plus nombreux à consommer du poisson. Sur les étals des criées les prix fluctuent en fonction de l'offre et de la demande. Une demande qui dépasse les frontières, les mareyeurs sont de plus en plus nombreux à expédier des poissons à l'étranger pressurisant d'autant plus un marché déjà tendu.
Pour Miguel Marguerie, mareyeur à Dieppe, la raréfaction de l'offre dû à la mobilisation des marins pêcheurs face à la hausse des prix du carburant, a eu un impact immédiat sur les cours. "Les bateaux se sont mis en grève ou ont arrêté d’aller à la mer donc il y a eu moins d’apport mais la demande étant toujours là, les prix augmentent forcément," analyse-t-il.
Il pointe aussi le faiblissement de la population de poissons. Un phénomène accentué par la surpêche mais aussi par le dérèglement climatique qui perturbe l'écosystème marin. Une étude publiée le 17 juin 2019 affirme que certains animaux marins de taille importante, à l'image du cabillaud ou du haddock, pourrait même disparaître. Une prédiction déjà ressentie sur nos côtes.
Même si on a des mers encore poissonneuses, on pêche de moins en moins de cabillaud par exemple. Y en a encore en Bretagne, moi je le fais venir d’Ecosse, là où la mer est plus froide.
Stéphanie Daubert, propriétaire poissonnerie
Changer ses habitudes de consommation pour limiter la casse
Les poissons nobles tel que le turbot, la lotte ou bien la sole seront les plus impactés par la hausse des prix, jusqu'à atteindre des tarifs "exorbitants". Dans une poissonnerie du centre ville de Dieppe, le gérant mise sur un changement des habitudes de sa clientèle.
C’est à nous de conseiller les gens pour se diversifier, s’orienter vers de plus petits poissons. Tel que le maquereau, le merlan, ou le chinchard. Leur donner des petites recettes de manière à mieux apprécier ces nouveaux produits.
Renald Vassar, gérant poissonnerie A la marée du jour
Une alternative qui permet à toutes les bourses de profiter des bienfaits de la mer sans trop impacter un pouvoir d'achat déjà mal en point.