"C'est aberrant" : pourquoi l’eau coûtera 60% plus cher pour ces habitants de l'Eure

Et ce n’est pas un poisson d’avril. A compter du 1er avril 2024, 32 000 abonnés qui dépendent du syndicat d'eau du Roumois et du plateau du Neubourg (SERPN) verront leur facture augmenter fortement. En cause, des investissements importants pour entretenir le réseau et se conformer aux normes en vigueur.

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La décision a été prise le 22 février 2024 par le syndicat d’eau du Roumois et du plateau du Neubourg, lors de son assemblée générale.

Le  1er avril 2024, le prix du m3 d’eau va passer de 1,70 euro à 2,40 euros hors taxes. Et les abonnements vont également être revus à la hausse : de 45 à 115 euros annuels pour les diamètres les plus faibles et de 1 000 à 2 450 euros pour les diamètres les plus élevés. Cela concerne 96 communes.

Une augmentation jugée aberrante

Dans les rues de Bosc-Roger en Roumois, près du Grand Bourgtheroulde dans l’Eure, ce lundi 26 février 2024, visiblement, la nouvelle n’a pas encore fait le tour des habitants. Mais les premiers interrogés se montrent agacés.

"C’est aberrant, répond un couple. Nous avons déjà du mal à finir nos fins de mois avec tout ce qu’on a à payer;" Pour cet autre retraité, cette augmentation n’est pas normale : "l’électricité et maintenant l’eau. Ça passe et tout le monde accepte ça. Personne ne dit rien".

À la sortie d’une grande surface, cette jeune femme préfère prendre la nouvelle avec le sourire : " mon père restreint déjà l’eau au maximum. Alors là, je vais avoir le droit à une douche seulement par mois ! "

De lourds investissements nécessaires

Du côté du syndicat du bassin d’eau du Roumois et du plateau du Neubourg, on comprend l’agacement; "nous sommes usagers nous-mêmes", explique Fabien Artaud, premier vice-président du SERPN en charge de la protection de la ressource.

"Nous subissons également cette augmentation. Mais nous n’avons pas d’autre choix", précise-t-il. "Nous referons un point chaque année pour voir s’il est possible de réajuster le prix de l’eau mais en attendant, dès 2025, il nous faut trouver cinq millions d’euros", conclut-il.

Des résidus de produits phytosanitaires dans l'eau

Julie Leboulenger est directrice technique au SERPN. Elle explique cette augmentation par des besoins d’investissements importants de la collectivité. "Les analyses des derniers mois ont mis en avant des problèmes de pollution par des résidus de produits phytosanitaires sur la majorité de nos points d’eau. Ceci nous oblige à mettre en place des stations de traitement de l’eau pour retrouver la conformité de l’eau que nous fournissons."

D’après le syndicat, une station de traitement de l’eau coûte environ cinq millions d’euros."Nous avons obtenu une phase dérogatoire de quelques années mais nous devons réaliser six stations sur notre territoire en un temps court", détaille Julie Leboulenger.  

Au-delà de ces investissements structurels, le réseau doit également être entretenu : "notre territoire compte 1 500 kilomètres de réseau déployés après la guerre. Si nous voulons le maintenir, il nous faut entretenir ce patrimoine, c’est-à-dire les conduites de distribution d’eau ainsi que les châteaux d’eau et les stations actuelles de traitement. Entretenir le réseau permet d’éviter les fuites."

Les élus sollicités

Le SERPN indique avoir fait appel à l’Agence de l’eau pour obtenir des subventions à hauteur de 35%. D’après le syndicat, "même en mobilisant de l’emprunt pour étaler les dépenses, nous avons besoin de ressources financières que nous ne pouvons trouver qu’auprès des usagers sur leur facture d’eau", explique Julie Leboulenger.

Face à une telle augmentation, le SERPN a sollicité les élus locaux, députés et sénateurs. Il a même écrit au président de la République pour l’alerter sur l’impact de ces investissements sur les consommateurs. Pour l’heure, le syndicat attend toujours une réponse.

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