La Normandie compte près de 3000 planteurs de betteraves sucrières. Depuis la fin des quotas 2017, la filière connaît une réorganisation sans précédent sur fond de concurrence mondiale, de surproduction et aussi souvent de logique strictement financière. Rencontre avec un planteur de l'Eure.
Depuis plusieurs semaines une crise historique frappe la filière de la betterave sucrière dans notre région. Dernier projet en date : la fermeture d'ici à 2020 de l'usine Saint-Louis à Cagny dans le Calvados propriété du groupe allemand Sudzucker.
Du côté des producteurs de betteraves, on s'inquiète de voir ces mauvaises nouvelles tomber les unes après les autres. A Eppeville, dans la Somme, la sucrerie - appartenant également à Sudzucker - est aussi menacée de fermeture. Pour les agriculteurs tout l'enjeu est de garder les lieux de transformations de la betterave au plus près de leurs cultures.
"On privilégie le cours de l'action du groupe industriel au détriment des planteurs"
Alexandre Quillet est planteur de betteraves sucrières et président de la Confédération générale des planteurs de betteraves (CGB) de l'Eure. Pour lui la logique financière a pris le pas sur la logique agricole depuis la fin des quotas en octobre 2017.Financièrement les actionnaires réfléchissent sur une période de 3 mois, au delà, ils ne veulent pas en entendre parler. Pour nous les agriculteurs, le temps est bien plus long. Pour nous le court terme c'est plus de deux ans - Alexandre Quillet, planteur
Depuis la fin des quotas, le cours du sucre sur le marche mondial (en bleu foncé) mais surtout sur le marché européen (en bleu clair) chute. Avec une conséquence directe : la baisse des revenus pour les planteurs normands de betteraves.
Malgré ce constat, Alexandre Quillet veut pourtant croire encore aux atouts de la filière « betterave sucrière » française sur le marché mondial. Au sein de la confédération générale des betteraviers, il se bat désormais pour racheter les sucreries de Cagny et Eppeville au groupe allemand sudzoucker. Mais à l'heure actuelle, les discussions sont au point mort.
Les progrès que nous faisons sur le plan de génétique nous permettent de dire que la betterave continue de progresser en rendement contrairement à la canne à sucre. Et, comme la demande de sucre ne s'arrêtera jamais, je pense que ce sont les pays les plus compétitifs, les plus producteurs, qui s'imposeront sur le marché - Alexandre Quillet, planteur
VIDÉO : reportage dans l'Eure
(Reportage : François Pesquet, Patrice Cornily)