Le projet d'implantation d'un parc éolien à Louversey, dans l'Eure, divise. Des habitants et le maire de Tilleul-Dame-Agnès s'y opposent farouchement. Pour l’heure, aucun projet éolien n’a été acté à Louversey, ni présenté à la préfecture de l’Eure.
Le projet d'un futur parc éolien à Louversey, dans l'Eure, irrite certains habitants de Tilleul-Dame-Agnès, une des communes limitrophes. Ils ne veulent pas des éoliennes et affichent leur contestation sur plusieurs pancartes dans les rues de Tilleul.
Stéphane Guérin, le maire sans étiquette de cette commune de moins de 200 âmes, est lui-même personnellement opposé au projet éolien qu'il "ne trouve pas esthétique juste à côté des maisons". "Ailleurs je suis pour, mais pas chez nous", tranche-t-il, interrogé sur le sujet le 9 octobre.
"Ce projet nous est imposé"
La commune de Louversey est enclavée. Le terrain qui pourrait être retenu est proche de trois communes limitrophes : Berville-la-Campagne, Faverolles-la-Campagne et Tilleul-Dame-Agnès.
Michel et Julien habitent le Tilleul. Ils estiment que les populations de toutes les communes impactées devraient être consultées. "Je suis opposé à ce projet parce qu'il nous est imposé. C'est délibéré dans un conseil municipal d'une commune voisine sans qu'on vienne réellement nous consulter", s'insurge Michel Geslan, conseiller municipal au Tilleul. "Nous étions tous pour un référendum mais M.Capelle [le maire de Louversey, ndlr] n'y est pas favorable", abonde Julien.
"Un territoire propice à l'éolien"
Christophe Capelle joue la carte de la transparence. Il est favorable à l'éolien. Selon lui, il est important d'agir dès maintenant. "On a un territoire qui est propice à l'éolien. Le réchauffement climatique est en cours et il va bien falloir faire quelque chose. Il ne va pas falloir attendre 2050" pour agir, souligne l'élu.
"Ce ne sont pas quatre éoliennes qui vont changer le monde, mais ne rien faire pourrait nous être reproché plus tard. Il faut faire un petit quelque chose aujourd'hui pour la nature, pour nos vies de demain", appuie le maire de Louversey.
Création d'un groupe de travail
Christophe Capelle a créé un groupe de travail constitué de conseillers et d'habitants de la commune afin de mener une réflexion sur ce projet d'implantation. L'objectif est de "s'intéresser à tous les aspects de l'éolien : dépréciation immobilière, intérêt écologique, démantèlement des éoliennes… de façon à pouvoir prendre une décision sur l'implantation ou non d'éoliennes sur notre commune", explique-t-il. Quant à l'avis des communes limitrophes, "il faut en tenir compte", assure l'élu.
Le groupe de travail va présenter son rapport au conseil municipal de Louversey qui prendra une décision. Ce sera ensuite à la préfecture de l'Eure, seule instance à même de valider ou non la création d'un nouveau parc éolien, de trancher.
J'ai déposé une proposition de loi pour demander à ce que le conseil municipal soit consulté et que l'avis de la commune soit pris en compte.
Hervé Maurey, sénateur de l'Eure
De son côté, le sénateur de l'Eure, Hervé Maurey, considère que les élus des quatre communes impactées doivent avoir leur mot à dire. "J'ai déposé une proposition de loi, qui jusqu'à présent n'a pas abouti, pour demander à ce que le conseil municipal soit consulté et que l'avis de la commune soit pris en compte", explique-t-il. Le sénateur déclare avoir également "déposé des amendements pour que les recettes soient partagées entre l'ensemble des communes impactées par l'implantation d'éoliennes".
Les parcs éoliens en Normandie
L’implantation de parcs éoliens proches de communes rurales soulève souvent des débats passionnés. En Normandie, les trois départements les plus concernés par les éoliennes sont, dans l'ordre, la Seine-Maritime, le Calvados et La Manche. Plusieurs projets sont contestés, à l'image de celui qui prévoit la création d’un parc éolien à l'horizon 2025 au sud de Caen, dans le Calvados. Particularité : certaines turbines géantes atteindraient 230 mètres de haut.
Le gouvernement met aussi régulièrement à jour une carte interactive répertoriant les projets de parcs éoliens terrestres en distinguant ceux en cours d'instruction, de ceux autorisés, en construction ou raccordés.
Fin septembre, Catherine MacGregor, directrice générale d'Engie, leader de l'éolien et du solaire en France, a regretté que "l'éolien terrestre" soit "devenu un gros mot" au moment où la transition et la crise énergétiques nécessitent de mobiliser "toutes les énergies renouvelables".
Retard du déploiement de l'éolien terrestre en France
Le déploiement de l'éolien terrestre devrait pourtant encore accentuer son retard en 2022 avec l'installation de capacités nouvelles très en-deçà du niveau nécessaire à la tenue des objectifs énergétiques du pays, a indiqué un bilan du secteur début octobre. Le pays a généré en 2021 le quart de son électricité avec des renouvelables, une part plus faible qu'ailleurs en Europe en raison de la forte proportion du nucléaire.
Le 26 septembre, le gouvernement a dévoilé un projet de loi visant à soutenir le déploiement de ces infrastructures afin d'accélérer la production d'énergies renouvelables. Afin de faciliter l'acceptation des infrastructures comme les parcs éoliens, le texte propose d'en partager les revenus avec les riverains et les communes. La distance et le montant restent à définir, mais le ministère évoque un rayon de cinq kilomètres et 200 euros annuels pour un ménage chauffé à l'électricité.
Fin septembre, le gouvernement a également publié une circulaire aux préfets leur demandant d'accélérer le traitement des dossiers d'énergies renouvelables.