Opération escargot dans le Perche : les habitants ne veulent pas être encerclés par les éoliennes

Une cinquantaine de véhicules ont participé à une opération escargot sur la RN 12 pour s'opposer à des projets éoliens autour de la commune de Charencey.

Les éoliennes ne seraient-elles plus dans le vent ? Un peu partout en France et notamment en Normandie, en mer ou sur terre, les albatros d'acier suscitent une opposition croissante dans la population. A Charencey et ses alentours, le sujet anime les conversations depuis maintenant une quinzaine d'années. Un premier projet d'implantation de trois éoliennes est imaginé par ERDF en 2007 à Saint-Maurice-de-Charencey. Quelques années plus tard, c'est l'opérateur Engie qui présente à son tour un projet à Moussonvilliers. Quatre éoliennes de plus dans les cartons. En ce mois de mai 2022, les travaux n'ont toujours pas commencé. Les habitants ne sont pas pour autant rassurés.

Ce samedi 21 mai, une cinquantaine de véhicules, dont quelques camions et tracteurs, ont sillonné la RN12 au rythme d'un escargot pour exprimer leur opposition aux éoliennes. "Il y a des maisons, dont la nôtre, qui pourraient avoir des éoliennes à 700 mètres d'un côté et à 600 mètres de l'autre. On serait encerclés. Ça change complètement la qualité de vie", fulmine Marie-Laure de Brosses, au volant de sa voiture, qui estime, en outre, ne pas être "convaincue par le caractère utile des éoliennes" car "ce sont des énergies intermittentes et ça obligerait à avoir des centrales à gaz et à charbon".

Une population "fortement mobilisée"

A l'initiative de cette opération escargot, deux associations, la Libre association de vigilance et de résistance à l’éolien (Lavre) et l’association Agissons pour le développement durable de l’environnement (APDDE), qui livrent un combat contre ces deux projets depuis de nombreuses années et multiplient les recours en justice. Le projet défendu par Engie a ainsi fait l'objet d'une nouvelle enquête publique en avril dernier après avoir été suspendu par la cour d'appel administrative de Nantes. "La population s'est fortement mobilisée pour exprimer son rejet, la totalité des mairies aux alentours, ainsi qu'à Charencey (commune nouvelle englobant les communes concernées par ces projets) ont voté contre et se sont exprimées auprès du commissaire enquêteur et de la préfecture", se félicite Christophe Méritet, président de l'association APDDE, "Malheureusement, le commissaire enquêteur a décidé de passer outre et d'exprimer un avis favorable."

La balle est donc désormais dans le camp du préfet qui doit donner ou non son feu vert. Les associations entendent donc maintenir la pression. Le maire (sans étiquette) de Charencey, Jean-Claude Juszezak, observe, non sans une certaine lassitude, toute cette agitation de loin. "On retrouve toujours les mêmes arguments qui sont donnés par les associations : perte de la valeur des maisons, nuisances sonores et visuelles. Je ne suis pas spécialement d'accord. Je les entends, c'est tout", indique l'élu local. A ses débuts, le premier projet (ERDF) avait reçu l'aval du conseil municipal de Saint-Maurice-de-Charencey (désormais absorbé dans la commue nouvelle de Charencey). "Il y aura quelques retombées financières, c'est tout, on ne peut avoir que ça comme avantage. On n'a pas attendu (les éoliennes) pour monter des projets dans la commune", minimise le maire, avant de lâcher fataliste : "On peut bien manifester, faire tout ce qu'on veut, mais ça nous sera imposé un jour ou l'autre.

D'autres projets dans les tuyaux ?

Sur le papier, la mobilisation pourrait surprendre au regard de l'ampleur des projets. Il y a d'abord la hauteur des futurs équipements qui inquiète : 165 mètres de haut. Et ces sept éoliennes pourraient être l'arbre qui cache la forêt, craignent les deux associations à la manœuvre. "Le Perche a été identifié comme une zone favorable à l'éolien, on a eu pas mal de sollicitations de promoteurs", reconnait le maire Jean-Claude Juszezak. Il y a trois ans, la société RES a ainsi mené des études préliminaires sur Normandel, située à quelques kilomètres de Charencey. Et rencontré l'opposition des deux associations.

"Si nous laissons passer un projet éolien, nous aurons une multitude de projets qui vont apparaître sur le territoire. Ce ne sera plus du tout la même campagne", redoute Christophe Méritet. "Les plans initiaux menés il y a quelques années par le gouvernement prévoyaient entre 90 et 110 éoliennes sur le nord du Perche", affirme le président de l'association APDDE, "On ne veut pas que notre département ressemble à la Somme où il y a 1200 éoliennes installées. Lorsque vous avez 40 ou 50 éoliennes autour d'un village, celui-ci dépérit, il ne peut pas se développer. Nous, on veut une campagne vivante qui conserve la même qualité environnementale. On veut que les campagnes puissent rester telles qu'on les a connues il y a dix ou quinze ans." La transition écologique attendra.

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