Éducation. Les classes flexibles, quel est ce nouveau concept d'enseignement qui arrive en France

Depuis la rentrée de septembre 2023, l'école élémentaire Georges-Charpak, au Thuit-de-l’Oison (Eure), expérimente les classes flexibles. Un projet pédagogique innovant où les élèves travaillent en groupe ou de manière autonome.

Dans les couloirs de l'école élémentaire Georges-Charpak, des manteaux, des cartables... et des chaussures. Dans les salles de classe, on étudie en chaussons ou en chaussettes, assis sur une chaise, un tabouret, ou encore par terre. C'est ce qu'on appelle une classe flexible. 

"On a réfléchi au bien-être des enfants, explique Nathalie Cardon, directrice de l'école. Il y a des enfants qui ont besoin de bouger dans la classe, de changer de place régulièrement. C'est cette liberté de choix qui fait que les enfants n'auront plus la pression et l'angoisse d'avoir à réfléchir, à essayer de se concentrer sur ce qui se passe et donc ils seront disponibles pour les apprentissages."

"Chaque élève avance à son rythme"

Nous rendons visite à la classe de CM1/CM2 de Sandie Oger, professeure des écoles à Georges-Charpak depuis six ans. Ce jour-là, c'est cours de conjugaison et d'orthographe. Dans la salle de classe, plusieurs espaces sont aménagés. Un petit groupe d'une dizaine d'élèves, installé assis sur une chaise ou par terre, exécute l'exercice de la maîtresse au tableau, avec son aide si besoin.

"On a un espace de travail en commun pour découvrir et renforcer des notions ou les aider sur des petites difficultés", nous explique Sandie Oger.

Derrière, d'autres espaces sont installés dans la salle de classe pour travailler en autonomie, seul ou avec ses camarades. Un petit groupe de trois semble jouer à un jeu de société. "On ne dirait pas comme ça, mais ils apprennent", nous lance Sandie Oger. 

Les ateliers durent une vingtaine de minutes. À chaque sonnerie, changement de table et d'exercice. "Chaque élève avance à son rythme, chaque élève a un programme personnalisé. Ce qui fait qu'un élève plutôt en avance va pouvoir continuer d'évoluer à son rythme et un élève en difficulté va pouvoir prendre le temps d'acquérir les notions avant de passer à la suite."

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Éducation. Les classes flexibles expérimentées dans un village de l'Eure • ©France Télévisions

Exit les cours traditionnels, les élèves semblent conquis par la méthode. "C'est plus facile d'apprendre que quand on écoute la maîtresse toute la journée assise sur la même chaise", nous lance Manon, 9 ans.

Exit les notes, place aux ceintures

Les élèves ne sont pas notés. Ici, on parle de couleurs de ceintures. Comme au judo, les élèves passent les niveaux en mathématiques et en français, de la ceinture blanche à la ceinture noire. "Quand tu changes de couleurs, c'est de plus en plus dur, on apprend d'autres choses", nous explique Nélya, élève de CM1.

Cette dernière, doit passer sa ceinture vert clair d'orthographe. "Si je ne fais pas plus de deux erreurs par exercice, je peux la passer."

"Les enfants sont contents de venir à l'école"

Sur les 12 classes de l'école, toutes sont désormais flexibles et les résultats semblent déjà là. "Les résultats sont énormes, constate la directrice Nathalie Cardon. Il n'y a plus de stress sur les évaluations puisque chacun évolue à son rythme. Les enfants sont contents de venir à l'école."

Cette nouvelle manière d'apprendre est inspirée des méthodes d'apprentissages pour les élèves ayant des troubles du spectre autistique ou des élèves hyperactifs. "Depuis des années, nous avons des élèves en situation de handicap et il a fallu réfléchir à la façon dont on allait enseigner. On s'est rendu compte que la méthode d'enseignements pour ces élèves-là pouvait être valable pour tous les élèves", explique la directrice.

Prochaine étape : étendre la méthode flexible à la cour de récréation. Plusieurs espaces sont en cours d'aménagement.