À la rentrée 2024, l'uniforme obligatoire et gratuit sera instauré dans certaines écoles publiques de Vernon et Evreux. Leurs maires ont répondu à l'appel à candidature du ministère de l'Education. Ils nous expliquent leurs motivations.
À 39 ans, le jeune maire divers droite est favorable au port de l'uniforme dans les écoles publiques. François Ouzilleau tient à préciser que "ce n'est pas du tout une position réactionnaire ou conservatrice".
Aux écoles de décider
La ville de 24 000 habitants est candidate pour l'expérimentation lancée dans toutes les académies de France. Mi-février, le ministère recensait 87 écoles volontaires pour tester pendant deux ans au moins la "tenue unique" appelée aussi "uniforme".
À Vernon, la décision sera certaine quand les conseils d'écoles se seront prononcés.
La mairie se positionne pour, puis les écoles et les parents disposent.
François Ouzilleau, maire de Vernon (Divers droite)
Il annonce que l'école Arc-en-ciel s'est proposée pour l'expérimentation à la rentrée de septembre 2024. Elle fait partie du quartier des Eglantiers, qui bénéficie depuis peu des actions de politique prioritaire de la ville.
L'uniforme contre les inégalités et le communautarisme
François Ouzilleau explique ce qu'il attend de l'uniforme. "Gommer des inégalités sociales" et les moqueries entre camarades sur la tenue, "au moins l'uniforme met tout le monde sur un pied d'égalité".
Dans sa commune multiculturelle (avec trois quartiers prioritaires), l'élu ajoute "cela peut agir aussi sur une certaine forme de communautarisme". Enfin, il pense que l'uniforme "permet d'afficher qu'on appartient à un corps, à une école et d'être fier de représenter son établissement". Et le maire précise que "cela ne coûtera pas un euro aux parents".
À la sortie de l'école Arc-en-ciel, les parents sont bien au courant de cette nouveauté prévue pour la rentrée. Une jeune mère commente : "Il y a beaucoup de différences, ça peut être bien rapport aux vêtements ou aux marques". Une autre estime que cela ne changera rien.
Une petite fille de sept ans explique qu'elle aime beaucoup être vêtue de rouge mais serait prête à y renoncer pour l'uniforme.
C'est une bonne idée, comme ça on va avoir la même tenue, on va se ressembler, comme si on était des sœurs, des jumelles.
Une élève de l'école primaire Arc-en-ciel de Vernon
"Séparer l'école de la société pour la protéger"
À Evreux, trois écoles (deux primaires et une maternelle) sont retenues pour l'expérimentation de la tenue unique. Le maire Guy Lefrand (Les Républicains) et sa majorité ont voté pour ce projet.
Les conseils d'écoles doivent à leur tour se prononcer. Les noms des trois écoles ne sont pas encore communiqués pour cette raison.
Le maire explique son intérêt pour ce test : "L'uniforme marque le fait de faire partie d'une communauté et aussi de séparer, l'école du reste de la vie en société, ne serait-ce que pour la protéger". Comme son homologue vernonnais, il espère que cette tenue puisse gommer les différences sociales.
Il souhaite aussi relativiser les choses :
Cela ne réglera pas tous les problèmes, c'est un des éléments. Le rôle des enseignants est majeur , et celui de la parentalité reste prioritaire.
Guy Lefrand, maire d'Evreux (Les Républicains)
Guy Lefrand précise que le "trousseau" serait composé de blouses pour les enfants de la maternelle et de tee-shirts, polos et pulls pour les élèves de primaire.
Le coût sera partagé entre l'Etat et la Ville d'Evreux. "Nous espérons que des entreprises locales normandes répondront à cet appel à projet", ajoute l'édile de l'Eure.
Un sujet de diversion pour le syndicat SNUIPP et la FCPE
Dans l'Eure, le SNUIPP-FSU, syndicat du secondaire, conteste l'intérêt de l'expérimentation de l'uniforme.
L’arrivée de l’uniforme inquiète car l'uniforme va coûter de l’argent. Pour nous, c’est un coup de projecteur qui cache les autres problèmes de l’école. C'est un faux débat.
Mathilde Marnière, co-secrétaire du SNUIPP-FSU 27.
Le syndicat se pose aussi des questions sur le côté "ménager" de ces vêtements à porter chaque jour "La charge mentale à la maison, pour faire les lessives. Il faudra s'assurer que l'uniforme est prêt à réutiliser en temps et en heure. Sans parler des difficultés en cas de garde alternée."
La fédération des parents d'élèves de l'Eure (FCPE) voit dans cette expérimentation "une diversion" du ministère de l'Education "pour éviter les vrais sujets alors que la carte scolaire est présentée", commente une représentante.
La FCPE de l'Eure aurait préféré des engagements sur la baisse des effectifs en classe.
Le ministère vient d'annoncer qu'il reculait à juin la date butoir pour que les communes se portent candidates au port de la tenue unique. Il faudra au moins 100 écoles pour lancer cette expérimentation.