En mars dernier, un homme aurait percuté une cycliste sur la D80 entre le Neubourg et Grand-Bourgtheroulde (Eure). Il aurait ensuite achevé la victime avant de la faire disparaitre. Mais qui est cette femme ? Un appel à témoins a été lancé par la gendarmerie.
> Dernière minute : mardi 20 décembre, nous apprenions la remise en liberté du suspect à la demande de de son avocate. Information confirmée par le Procureur de la République d'Evreux, qui déplore que l'appel à témoins des gendarmes lancé mi-novembre n'ait pas fonctionné. Le suspect, placé sous contrôle judiciaire, demeure mis en examen pour "assassinat, recel de cadavres et destruction de preuves".
C'est un crime pour le moins inédit et sordide sur lequel se penchent les gendarmes de l'Eure. Depuis le mois de mai, un homme de 46 ans est soupçonné d'avoir renversé une cycliste et de l'avoir achevé à coups de pelle. Les faits se seraient déroulés sur la départementale 80 entre Le Neubourg et Grand-Bourgtheroulde (Eure). Mais pour l'heure l'identité de la victime est inconnue et son corps reste introuvable. La Gendarmerie Nationale lance un appel à témoin.
Le 14 mai dernier, une femme se rend à la gendarmerie de Dieppe pour dénoncer un crime. Selon elle, son ex-compagnon aurait renversé, deux mois plus tôt, une cycliste sur une route départementale de l'Eure. Ce dernier s'était alors confié au téléphone, quelques heures après les faits, à son ex-compagne, avant de se rétracter rapidement. Il l'aurait rappelée expliquant que c'était "une mauvaise blague".
Des traces de sang sur les mains
Pourtant de nombreux détails interpellent les enquêteurs. Le 9 mars, le jour des faits, une amie du suspect se rend au domicile de l'homme. Selon le procureur de la République d'Evreux, Rémi Coutin, cette amie aurait constaté "un gros impact circulaire" et "des marques rouges" sur le pare-brise de la voiture avec laquelle il aurait percuté la victime. "Il était paniqué, visiblement ivre, en train de nettoyer des traces de sang sur ses mains", a-t-elle expliqué aux gendarmes.
Plus tôt dans la journée du 9, le suspect avait expliqué, en détails, au téléphone à son ex-femme le crime qu'il venait de commettre. Selon ses dires, après avoir percuté la cycliste il l'aurait "ramassée", ainsi que son vélo, pour les enterrer dans une forêt proche. "La victime âgée entre 40 et 60 ans présentait une grande plaie au visage et était inconsciente", précise le procureur d'Evreux. Inconsciente mais pas décédée. Pris de panique, le conducteur aurait alors achevé la femme à coups de pelle avant de faire disparaitre son corps, qui reste introuvable à ce jour. Son vélo, brisé en deux, a été découvert à la déchetterie du Grand-Bourgtheroulde.
Un autre élément vient également interpeller les gendarmes. La voiture du suspect, une audi A4 noire, est retrouvée calcinée le 12 avril par un agriculteur, près du lieu des faits. Il expliquera que sa voiture avait alors été volée, avant de se rétracter, et d'avouer qu'il avait lui-même mis le feu à son véhicule.
Le 24 mai dernier, le parquet d'Evreux ouvre une information judiciaire contre X pour meurtre, blessures involontaires, recel de cadavre et destruction de preuves. Un mois plus tard, le principal suspect est interpellé à son domicile à Saint-Pierre-du-Bosguérard (Eure).
Des versions "fluctuantes"
En garde à vue, l'homme dira d'abord qu'il a tout inventé, "pour faire une blague à son ex-femme et tenter de 'la récupérer'", précise Rémi Coutin. Les traces de sang sur sa voiture ? "Du ketchup et du sang de poule" aurait-il expliqué aux gendarmes.
Finalement, dans un second temps, il assumera avoir percuté une cycliste. Mais selon ses dires, cette dernière serait repartie sans difficultés.
Depuis, il a été mis en examen pour assassinat, recel de cadavre, obstruction de preuves et dénonciation mensongère. Il a été placé en détention provisoire sur décision du juge des libertés et de la détention. Mais l'enquête patine.
Les gendarmes n'ont retrouvé aucun corps, les fouilles restent infructueuses et aucune disparition concordante n'a été signalée. "S'agit-il d'une personne isolée ?" s'interroge le colonel Thierry Jourdren de la section de recherches de Rouen. En tout cas, le suspect avait décrit la victime comme "une clocharde". L'appel à témoin, peut-être le dernier espoir des enquêteurs pour tenter de connaître le fin mot de cette histoire sordide.