Après des mois d'incertitude les salariés du site de Pitres (Eure) sont soulagés : le tribunal de commerce de Paris a accepté le plan de continuation de l'entreprise en difficulté et ses 400 emplois.
Ce mardi matin (19 octobre 2021) les représentants syndicaux de l'entreprise de métallurgie Manoir Industrie de Pitres (Eure) étaient soulagés et tenaient à remercier tous ceux qui depuis des mois ont œuvré pour sauver cette usine : "les collectivités locales qui ont soutenu les salariés, la Région qui nous soutient et aussi le préfet qui a suivi le dossier."
Propriété d'actionnaires chinois, cette entreprise spécialisée dans la fabrication de vannes et de tubes spéciaux pour les secteurs de la défense, du nucléaire et de la pétrochimie, et dont le carnet de commandes est bien rempli, a été confrontée à des difficultés de trésorerie et est passée très près d'une liquidation après un redressement judiciaire.
400 emplois sauvés
Finalement l'actionnaire (le fonds d'investissement chinois CAM SPC) a décidé d'investir 20 millions d'euros pour l'année 2021, puis 30 millions pour les années 2022 et 2023. Un engagement financier qui fait partie d'un plan de redressement par voie de continuation qui a été validé le 15 octobre 2021 par le tribunal de commerce de Paris.
Ce plan, qui repose sur une forte croissance de l'activité appuyée notamment sur la reprise des activités nucléaires prévoit le maintien des 400 emplois, CDI et CDD.
"Une bonne nouvelle !"
Un jugement qui, à Pitres, est vécu comme un soulagement et une délivrance par les salariés et les représentants syndicaux mobilisés depuis des mois pour sauver leur usine. C'est le cas d'Aurélie Wuilque, élue CGT du CSE de Manoir Industrie :
"Bien sûr que c'est une bonne nouvelle ! On peut s'en réjouir car ça fait des mois qu'on est en procédure de redressement judiciaire et on peut dire que ça a été très éprouvant pour les salariés, pour le moral général… Là on attend vraiment une nouvelle impulsion, un nouveau départ de la production. On espère que les clients vont nous renouveler leur confiance et qu'on va pouvoir repartir sur de bonnes bases !"
La représentante des salariés, qui précise que certains de ses collègues, confrontés à l'attente et à l'incertitude, ont démissionné ces derniers mois, exprime toutefois des réserves sur l'avenir du site. Selon elle, si les emplois sont sauvés, il reste à moderniser l'outil de production pour permettre à l'entreprise d'être plus performante et mieux armée pour faire face à concurrence :
"Ce qu'on attend c'est de voir les effets positifs de la nouvelle organisation. On attend aussi une amélioration en termes de process industriel et de l'investissement puisque notre entreprise et l'outil industriel en ont grandement besoin."
Depuis des années et des années on a été un petit peu laissé à l'abandon et l'outil se détériore et n'est plus dans la performance."
Nouveau départ et dialogue social
Si les salariés sont soulagés, ils restent toutefois attentifs au contexte de la reprise de l'activité dans les prochains mois, notamment sur la question des salaires.
"Ça fait cinq ans qu'il ne s'est absolument rien passé pour personne en termes de revalorisation salariale, donc ce qu'on aimerait c'est qu'on soit entendu et que les gens soient considérés" prévient Aurélie Wuilque.
L'élue CGT souhaite en effet un dialogue social au sein de l'entreprise où des salariés "ne sont pas sortis indemnes" de plusieurs mois de période difficile. Elle explique qu'il va falloir recréer de la motivation et du dynamisme et que beaucoup de ses collègues attendent des signaux positifs de la direction.