Le lion Jon a été saisi par le procureur de l'Eure et confié à l'association de défense des animaux One Voice. Plusieurs plaintes avaient été déposées par l'association pour irrégularité administrative de possession de l'animal et actes de cruauté.
Amaigri, sans dent et sans griffe... C'est dans un état de grande faiblesse que l'association de défense des animaux One Voice a recupéré le lion Jon. Sa garde leur a été confiée par le procureur d'Évreux, ce mardi 10 juin 2020. Dans une vidéo choc, l'association One Voice montre les séquelles visibles sur le corps de l'animal.
Dégriffé, édenté, affamé... non, Jon ne vient pas du zoo d’un pays en guerre, nous venons de le secourir d’un cirque en France. Pour @Prefet27, dans ce cirque, les animaux sont en «bonne santé». Les #CirquesSansAnimaux, c’est quand ils seront morts?https://t.co/GeQMEcLUxH pic.twitter.com/9x4Qvi9JU2
— One Voice (@onevoiceanimal) June 10, 2020
"Stigmates de mutilations"
La présidente de l'association One Voice, Muriel Arnal fait part de son profonde indignation.
Jon présente les stigmates des mutilations et des cruautés qu'il a subies des années durant, sans aucun répit. Son supplice est celui de tous les lions des cirques, majestueux animaux réduits à l'état de pantins auxquels on a ôté tout espoir.
Muriel Arnal, présidente-fondatrice de One Voice
Le docteur biologiste Chris Draper, spécialiste du bien-être des animaux en captivité, a lui aussi constaté la faible santé de l'animal.
Je travaille depuis 16 ans sur la question des animaux sauvages dans les cirques. J'ai été choqué de voir l'état dans lequel se trouve Jon. Il est extrêmement maigre. Le temps aidera à déterminer si cette maigreur résulte d'une alimentation inappropriée ou d'un problème de santé sous-jacent. Je suis ravi de le savoir aujourd'hui en lieu sûr, où ses problèmes de santé pourront être évalués et traités correctement.
Dr. Chris Draper, biologiste
Enquêtes en cours
L'association One Voice a porté plainte en octobre 2018 pour actes de cruauté et irrégularité administrative de possession du lion Jon.L'association milite désormais pour la saisie de quatre lionnes, encore sous la responsabilité de l'établissement. Elle regrette les conclusions d'une évaluation de la préfecture de l'Eure qui estime que les cinq animaux étaient en "bonne santé générale".
À la presse, la préfecture de l’Eure a dit le jour de la saisie que les animaux étaient en « bonne santé générale ». Il reste quatre lionnes, anciennes camarades de bagne de Jon : Hannah, Patty, Céleste et Marli, aux mains du dresseur (...). Nous déposons plainte en leur nom !
Suite à la diffusion de la vidéo par l'association, la préfecture de l'Eure a réagi.
Après avoir constaté que le cirque détenait 5 lions alors qu'il ne disposait d'autorisations que pour 4, un animal a été saisi (...). Le cirque incrimé a fait l'objet d'une visite de contrôle (...). En aucun cas, il n'y a eu de vérification vétérinaire de l'état des animaux. Le rapport conclut donc uniquement à leur "apparente bonne santé".
Préfet de l'Eure, le 10 juin 2020
Par ailleurs, "dans le cadre de l'enquête judiciaire (...), les diagnostics relatifs à l'état de santé des animaux toujours détenus par le cirque sont toujours en cours et qu'en fonction les mesures seront prises" peut-on encore lire dans le communiqué.
Réactions en chaîne
Après la parution du communiqué de la préfecture, l'association One Voice a déclaré "découvrir avec stupeur qu'une inspection a été réalisée le 27 avril 2020, soit il y a un mois et demi par les inspecteurs vétérinaires de la préfecture de l'Eure, lesquels n'ont pas remarqué l'état déplorable des animaux et notamment du lion, et pire, ont conclu à leur « apparente bonne santé », alors même que la préfecture est seule garante du bien-être de ces animaux et par conséquent tenue de procéder à un contrôle régulier de ces établissements notamment s'agissant des enjeux de protection animale."
Elle poursuit :
Le préfet déclare que ces inspections n'ont pas vocation à déterminer si le bien-être des animaux est respecté mais qu'elles se limitent à l'apparence. On est bien d'accord que c'est précisément là qu'est le problème. Il faut que cela change. Ces inspections doivent inclure la protection des animaux, comme le prévoient les textes. Quoi qu'il en soit, qui peut sérieusement penser que le lion Jon jouissait d'une apparente bonne santé il y a un mois et demi ?!
Une enquête judiciaire est toujours en cours.