"Il faut continuer le travail sur la liberté d'expression", réagit le corps enseignant après l'assassinat de Samuel Paty

Près d'une semaine après l'attentat de Conflans-Sainte-Honorine, les professeurs de Normandie, région d'où venait Abdoullakh Anzorov, s'inquiètent des conditions de la rentrée : comment aborder au mieux la mort de Samuel Paty et la liberté d'expression ?

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Près d'une semaine après l'attentat de Conflans-Saint-Honorine (Yvelines), la profession est toujours en émoi. En Normandie, région d'où venait l'assaillant de Samuel Paty, Abdoullakh Anzorov, les enseignants sont sous le choc : "Nous sommes avant tout sidérés. On a été choqués", explique Claire-Marie Féret, co-secrétaire du syndicat SNES-FSU à Rouen.

Mais très vite, la professeure change de ton : "Puis est venue la colère. Une colère légitime après toutes les récupérations politiques. Notamment celles du ministère qui est tout de suite venue à notre chevet, alors que la politique actuelle nous malmène et nous piétine depuis de nombreux mois. On a l'impression que c'est de la provocation."

Comment aborder la rentrée ?

Outre ces "provocations", Claire-Marie Féret craint que le devoir de mémoire se fasse sans réelle concertation dès la rentrée, après les vacances de la Toussaint. "Ce que l'on craint, c'est de devoir aborder le travail sur la liberté d'expression sans aucune formation. Nous n'avons pas encore assez d'éléments pour évoquer ce qui s'est passé. Nous demandons un temps en équipe avant la rentrée, pourquoi pas les deux premières heures."

Les différentes organisations syndicales du secteur ont été reçues par la rectrice de Caen, lundi 19 octobre. De concert, ils ont demandé une ligne directrice : comment évoquer l'attentat de Conflans et ses causes ? "Il faut aborder la question de la meilleure des manières. Nous avons la volonté de respecter la temporalité des choses et ne pas être dans l'émotion dès les premiers moments. Nous avons encore en tête ce qui s'est passé après les attentats de Charlie Hebdo. Ce n'était pas simple dans certaines classes pour quelques collègues."
 
Pour elle, "la pire des choses, ce serait de demander une minute de silence dès la rentrée, dans les salles de classe. Des collègues se retrouveraient seuls face à tous les élèves sans avoir pu aborder cette attaque au préalable avec eux."

"Poursuivre notre travail sur la liberté d'expression"

Franck Collard, président de l'association des professeurs d'histoire et de géographie, explique la situation difficile dans laquelle se sont retrouvés plusieurs de ses collègues : "Il est parfois difficile selon les établissements, les personnalités des élèves, d'aborder les sujets délicats de la laïcité, pour lesquels les professeurs ne sont clairement pas assez formés", a-t-il déclaré à l'AFP

"Depuis les attaques terroristes de 2015, les cours d'EMC ont clairement évolué : un effort a été fait pour donner aux enseignants des consignes plus précises, des documents d'accompagnement ont été mis à leur disposition", poursuit-il.
 
Pascal Bossuyt, secrétaire-adjoint Sgen-CFDT en Haute-Normandie, acquiesce : "Suite aux attaques de Charlie Hebdo, j'en ai parlé à mes élèves. Certains ne voulaient pas voir les caricatures de Mahomet, ce que je peux comprendre. Mais tous étaient concernés et étaient contre ce qu'il s'était passé."

Le professeur d'histoire-géographie à Petit-Couronne, près de Rouen, a nuancé les causes des récents événements : "Après cet attentat, on s'est penché sur le rôle de l'éducation. Mais, ce n'est pas tant un problème lié à l'école. C'est davantage un problème lié aux réseaux sociaux et à leur utilisation par les plus jeunes."
 
Il tient tout de même à évoquer l'intérêt des cours d'EMC (Enseignement moral et civique), malgré l'attaque de Conflans : "Il faut poursuivre notre travail sur la liberté d'expression et d'opinion. Sans cela, on met à mal les droits de l'Homme et on se prive de notre liberté." 



 
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