"Ce que j’ai fait, c'est horrible." Elle reconnaît avoir tué son mari, démembré et brûlé son corps

Le procès d’Aline T. a débuté ce vendredi 15 décembre 2023 devant la cour d’Assises de l’Eure à Evreux. Cette femme de 58 ans comparaît pour le meurtre de son mari Michel H. en 2017.

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Six ans et demi après les faits, le procès d’Aline T. s’ouvre ce vendredi. La quinquagénaire est accusée d’avoir tué son mari, Michel H., à Beaumesnil dans l’Eure.

Elle a reconnu avoir tiré sur lui au fusil, avant d’avoir tenté de brûler son corps, puis l’avoir démembré. À la barre ce matin, elle nie en revanche avoir prémédité son geste. Elle déclare : "ce que j’ai fait, c'est horrible, grave, mais je tenais à être là pour expliquer, assumer". Avant d’ajouter :  "aujourd’hui, je me déteste, je ne sais pas comment j’ai pu en arriver là. J’ai peur."

Retrouvez Arthur Deshayes et Didier Meunier, nos journalistes en direct pendant l'audience :

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Rappel des faits

Le procès s’est ouvert avec un long rappel des faits par la présidente de la cour d’Assises.
Fin novembre 2018, Yolande Q. signale à la gendarmerie de Bernay que son ex-mari Michel H. est injoignable. L’homme n’a pas donné de signe de vie depuis un an. Ensemble, ils sont propriétaires d’une maison à Beaumesnil, où vit Aline T., alors épouse de Michel H. depuis 2013.

Yolande Q. qualifie son divorce comme conflictuel. Elle décrit Michel H. comme violent et manipulateur. Les gendarmes ouvrent une première enquête pour disparition inquiétante puis une information judiciaire. Les enquêteurs prennent contact avec Aline T. qui assure que son mari est en Corse avec sa nouvelle amie. C’est d’ailleurs cette version qu’elle donnera aux personnes s’inquiétant de l’absence du septuagénaire. Aline T. prendra soin de répondre à des messages avec le téléphone de son mari pour n’éveiller aucun doute.

Au moment de l’enquête, la quinquagénaire vit avec son nouveau compagnon Philippe F.. Ce dernier est également jugé lors de ce procès pour non-dénonciation de crime et recel de corps. En effet, Aline T. lui aurait avoué le crime et Philippe F. l’aurait aidé à transporter le corps dans sa voiture. Il encourt 5 ans de prison.

Tué d’un coup de fusil puis démembré et brûlé

L’enquête et les aveux d’Aline T. permettront de retracer ce crime sordide même si des zones d’ombre persistent. En juin 2017, le couple est séparé. Aline T. retourne au domicile conjugal pendant que Michel H. est chez son kinésithérapeute. Le praticien sera la dernière personne à l’avoir vu vivant. Au retour de sa séance, Aline T. l’attend avec un fusil. Elle n'aurait pas supporté que son mari mette ses affaires en désordre. Quatre impacts de balles de fusil de chasse seront retrouvés au moment de l’enquête.

Dans un premier temps, elle tente de brûler le corps. En vain. Elle décide finalement de le découper et de disperser ces morceaux. Peu de restes de corps seront retrouvés par les enquêteurs.

Ce que j’ai fait c’est horrible. Quand il y a des difficultés on passe à l’acte, on s’en va et on a plus ces problèmes, on les affronte pas. J’ai fait quelque chose de très grave, mais je tenais à être là.

Aline T.

Selon ses propres termes, elle souhaite désormais "pouvoir expliquer, dire les choses, pour le bien de tout le monde. Aussi bien partie civile et tout le monde. La lâcheté, c’est pas mon truc. Je voulais être là. Et surtout assumer, ce qui se passera après. Le « après » ça sera de me dire tiens le coup, et tu pourras reprendre ton travail car ils t’attendent. Tout dépend des années, mais c’est aussi un jour pouvoir revoir ma petite fille."

Trois années de détention provisoire

Aline T. comparaît libre, sous contrôle judiciaire, sa détention provisoire a pris fin en mars 2022. L’enjeu de ce procès sera de comprendre s’il y a eu ou non préméditation et quel était le mobile d'Aline T. 

Ce vendredi après-midi, au procès, un gendarme a rapporté des propos d’Aline T. : "elle a dit, dans ses derniers interrogatoires, qu’elle voulait tuer en allant au domicile de Michel H., le jour du meurtre". 

Pourquoi Aline T. a-t-elle tiré sur Michel H. ? Il était alors son époux, mais ils étaient séparés. Me Djema, avocat de l’accusée, devrait exploiter la piste de la légitime défense en réaction à de possibles violences conjugales.

Aline T. a déclaré qu’elle aurait subi des violences de la part de Michel H. Qu’elle serait partie à plusieurs reprises de leur maison pour y échapper et s'être confiée à des assistantes sociales. Elle a ajouté s’être rendue à deux reprises aux urgences de Bernay suite à ces coups. Michel H. a été décrit plusieurs comme quelqu’un qui peut être violent.

Procès jusqu'au mercredi 20 décembre

Mais l’avocat de la partie civile, Me François, n’y croit pas. Il explique : "ce sera thèse défense, c’était le cas au tout début. On a peine à y croire (…) De notre côté, les motivations ne font pas de doute. Le comportement de l’accusé après les faits parle de lui-même ; pillage des comptes, usage de la maison, mainmise sur patrimoine de Michel. De notre point de vue c’est clair." Selon Me Francois, Aline T. utilise la carte bleue de son défunt époux, et dépense près de 60 000 euros, sans éveiller les soupçons.

Ce sera aux jurés de décider. Le procès doit se tenir jusqu’au mercredi 20 décembre 2023. Aline T. encourt la perpétuité.

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