Marc-Antoine Jamet a signé un arrêté contre l'épandage de pesticides près d'activités humaines sur la commune de Val-de-Reuil. Il espère que l'effet d'entrainement des décisions semblables en France change les pratiques agricoles. Le préfet de l'Eure a réagi et saisi le tribunal administratif
Une soixantaine de maires ne veut plus que les pesticides soient épandus près des habitants. La commune de Val-de-Reuil a signé l'arrêté le 27 août.
Le même jour, l'arrêté du maire breton de Langouët était suspendu par le tribunal administratif de Rennes. Motif : "l'incompétence du maire de Langouët pour réglementer l'utilisation des produits phytopharmaceutiques sur le territoire de sa commune."
Mise à jour de cet article par R. Plumet :Je viens de signer l’arrêté interdisant @valdereuil_info l’utilisation de pesticides à moins de 150 mètres de toute activité humaine. Il s’agit de protéger la santé de tous, mais c’est aussi un marqueur : celui de la nécessité écologique, de l’impératif environnemental. pic.twitter.com/ffVBnOEnmp
— Marc-Antoine JAMET (@MA_Jamet) August 27, 2019
Réaction du préfet de l'Eure
Le vendredi 30 août 2019, Thierry Coudert, préfet du département de l'Eure déclarait dans un communiqué avoir pris acte de l'arrêté signé par le maire de Val-de-Reuil et indiqué queLe préfet de l'Eure a ensuite précisé que la mise en place de "chartes départementales ou territoriales" est actuellement à l'étude au ministère de l'Agriculture. Chartes dans lesquelles "les riverains,les élus, sous l'autorité du préfet, doivent s'accorder sur les zones d'épandages. A terme, en cas de désaccord, des zones de non traitement pourront être décidées."Dans la continuité des procédures entreprises à la suite de l'arrêté pris par le maire de Saint-Eloi de Fourques – pour lequel la procédure devant la juridiction administrative est actuellement en cours – le préfet de l'Eure a saisi ce jour le Tribunal Administratif sur le moyen tiré de l'incompétence du maire en matière de réglementation de l'utilisation de produits phytosanitaires.
Une zone d'exclusion ?
A Val-de-Reuil, 16 000 habitants, plusieurs champs bordent les pavillons, petits immeubles. Le maire socialiste, marc-Antoine Jamet a souhaité fixer à 150 mètres la zone d'exclusion pour les épandages de pesticides.Il y a quelques jours, il a été exposé à ces produits en courant avec des amis sur sa commmune.
On est passé dans un nuage de pesticides, on a toussé pendant 10 minutes. Ce n'est pas bon pour la santé, pour la vie
A Val-De-Reuil, Eric Chanu est agriculteur et président de la commission environnement de la chambre d'agriculture de l'Eure. Il estime que cet arrêté est irréaliste "sans engrais, sans produit phytosanitaire, je ne récolte rien." et y voit de la démagogie à quelques mois des élections municipales.
Il explique la difficulté de réaliser pour les agriculteurs de faire des tests d'alternatives aux pesticides dans leurs champs. Lui préfèrerait la rédaction de chartes de "bon voisinage".
La facilité c'est d'acheter sur étagère le pesticide de Monsanto. L'INRA démontre qu'en introduisant des insectes, en faisant de l'agriculture raisonnée, on arrive au même résultat mais c'est plus compliqué
(Marc-Antoine Jamet, maire de Val-de-Reuil)
( Eric Chanu, agriculteur et président de la commission environnement de la chambre d'agriculture de l'Eure)Perdre la moitié de la surface en terme de recettes, c'est la mort de l'exploitation. Il y a des alternatives pour diminuer les pesticides, celles pour arrêter, on ne les connait pas
Un autre arrêté dans l'Eure pour la protection de l'eau
Fin juillet, le maire de Saint-Eloi-de-Fourques, près de Bourgtheroulde, a signé un arrêté de "protection des ressources en eau". Il impose le respect d'une bande de protection de 2 mètres, entre les routes et les zones cultivées, dans laquelle est interdit tout traitement phytosanitaire à base de pesticide. Cette décision municipale fait suite à des résultats d'analyses de l'eau potable de la commune.
Le mouvement de maires amène le gouvernement à réagir. Le 27 août, la ministre de l'environnement Elisabeth Borne a déclaré "Il faut prévoir une distance minimale entre les épandages (de pesticides) et les habitations".