Rien ne va plus pour la filière sucrière normande. Après un plan sociale et la suppression de 53 postes en 2019, c’est une fermeture définitive qui menace l’atelier de conditionnement de Nassandres (Eure).
Site de Nassandres : un fleuron menacé
Saint Louis Sucre, racheté par le leader européen Sudzucker en 2001, est implanté en Normandie depuis de nombreuses années. C’est en 1867 que le groupe ouvre une sucrerie à Nassandres, avec environ 1000 employés. Une entreprise qui devient un des principal employeur de la région, où les générations se succèdent :Au fur et à mesure des années, avec l'arrivée des machines, l'usine a commencé à se séparer de ses employés:Mon père il avait sa soeur, ses beaux frères et tout ça qui travaillaient la dedans... c'était familiale"
Puis la sucrerie s'est transformée en atelier de conditionnement en 1988, réduisant encore un peu plus les effectifs... 53 postes avaient déjà été supprimé en 2019, jusqu'au plan de fermeture de cette année. Pour le maire de la ville, c'est une page de l'histoire nassandraise qui se tourne:C'était 3-400 saisonniers pour la saison...parceque tout se faisait à la main, fallait du monde... mon frère quand il a terminé, il n'y avait presque plus personne dans la sucrerie, que la maintenance pratiquement !
Il y a cinq générations qui sont passés par ce lieu, au profit de la réussite sociale, culturelle, économique du secteur... on va faire le nécessaire pour accompagner les personnes dans ces moments difficiles
Un secteur en crise
La fermeture de l'usine arrive alors que le secteur sucrier européen traverse une grave crise depuis la suppression des quotas en 2017. Depuis deux ans déjà, le groupe allemand, Sudzucker, propriétaire de la marque, réduit sa production afin d'essuyer les pertes. Deux sucrières ont déjà été fermées en 2019, celle de Cagny (calvados) et d'Eppeville ( somme).La levée des restrictions a entrainé une surproduction massive de sucre en Europe faisant chuter le prix à 290 euros la tonne en 2019 contre 500 avant 2017. La stratégie actuelle des différents professionnels du secteur est d’assécher le marché en réduisant la capacité de production pour faire remonter le cours du sucre, matière hautement spéculative et à la concurence féroce entre européens et pays émergents.
Toute la chaîne de production est impactée par ces décisions de réduction de production. Des agriculteurs betteraviers qui voient leurs revenues réduit à peau de chagrin, aux employées, directs ou indirects, menacés de licenciment. Les salariés de l'atelier de Nassandres sont les dernières victimes françaises en date de la tempête qui secoue l'univers sucrier.
Les négociations entre la direction de Sudzucker et les différents acteurs sociaux se dérouleront le 20 et 21 octobre, sera alors décidé le sort des 30 employées restant.