Les témoignages de personnes indiquant avoir subi des piqûres de seringues se multiplient en France. À Caen ou encore dans la Manche des cas ont été signalés. Face à cette situation, que faire si l’on pense en être victime ? On fait le point avec Dominique Puechmaille, procureure d'Évreux.

"À ma connaissance, il n’y a pas eu de signalement pour le moment, aucune remontée à ce sujet", indique la procureure de la République d'Évreux, Dominique Puechmaille. Si on ne déplore aucun signalement de piqûres à la seringue dans l'Eure, on ne peut pas en dire autant dans d'autres endroits de France, dont Caen et la Manche, où l'on rapporte un certain nombre de suspicions de ce type d'agression. Les personnes touchées racontent avoir ressenti une piqûre mais parfois pas. Souvent, les témoignages évoquent un état de faiblesse, d'inconscience et des épisodes de crises d'angoisse suite à la piqûre.

Selon Dominique Puechmaille, la première chose à effectuer pour "faire cesser le phénomène" est de le faire savoir rapidement aux autorités.

"Le fait que ce soit signalé ça rentre dans les banques de données, ça permet de faire des rapprochements", selon la magistrate qui conseille de porter plainte "le plus tôt possible."

Porter plainte avant ou après le passage à l’hôpital ?

Brandon, 21 ans est l’une des victimes présumées de ces attaques à la piqûre. Lors du Carnaval de Caen en avril dernier, le jeune homme soupçonne avoir reçu une injection contre sa volonté. Si sur le moment il ne sent rien, après la fête, il rentre chez lui, s'endort quelques heures et au réveil il constate une gêne dans son bras droit.

J'ai senti une lourdeur comme lorsque je fais un vaccin, c'était bizarre. Du coup j'ai commencé à toucher là où j'avais une petite douleur et j'ai senti une bosse. Au début je ne me suis pas trop inquiété mais le lendemain j'ai eu un hématome avec une petite trace de piqûre. J'avais entendu parler des agressions aux piqûres de seringue, j'ai vraiment stressé et sur les conseils d'une amie j'ai appelé le 15 qui m'ont expliqué que je n'étais pas le seul à les appeler pour leur parler d'une piqûre au bras.

Brandon, 21 ans

France 3 Normandie

Sans attendre, il décide d'aller voir les forces de l'ordre et de porter plainte : "Mais elle -la plainte- n'a pas été prise par la police car aucune agression n'a été constatée. Je suis ensuite allé aux urgences mais eux m'ont dit que sans plainte ils ne pouvaient pas faire d'analyses. Je n'ai pas fait de malaise, ni perdu connaissance, donc je ne pense pas que ce soit du GHB. De toute façon je ne le saurais jamais car j'ai dû attendre quatre jours pour avoir un rendez-vous chez le médecin pour obtenir une ordonnance et pouvoir aller faire des analyses au CHU de Caen."

Or, "l’hôpital est censé faire les prélèvements", précise la procureure d’Evreux. C’est d’ailleurs la première chose à faire pour la personne qui pense avoir été piquée. Il faut "se rendre à l’hôpital et demander à ce que les prélèvements urine /sang / cheveux, les 3 si possible, soient fait, indique-t-elle. Ce qui permet ensuite, dans un second temps, d’aller déposer plainte en indiquant que les tests ont été effectués."

Je conseille donc : d’abord l’hôpital et ensuite le dépôt de plainte.

Dominique Puechmaille, procureure de la République d'Evreux

France 3 Normandie

La magistrate conseille même à la victime de préciser à l’hôpital être dans une démarche de dépôt de plainte. Interrogé sur un éventuel protocole spécifique délivré aux hôpitaux sur les tests à réaliser dans les établissements de soin normands, l’ARS Normandie indique ne pas avoir donné d’instructions mais assure que les professionnels sont "bien informés de la conduite à tenir devant ces situations." 

Dans le cas de suspicion de piqûres de ce type, il est recommandé aux personnes concernées de se rapprocher rapidement d’un service d’accueil des urgences pour prise en charge médicale de la victime, pour faire constater l’effraction cutanée et proposer, après évaluation médicale, une stratégie thérapeutique dans le cadre de la prise en charge de l’accident d’exposition au sang (traitement post-exposition au VIH et suivi sérologique). Dans ce cadre, des analyses toxicologiques pourront être réalisées pour identifier une éventuelle substance injectée.

ARS Normandie

France 3 Normandie

Dans la nuit du jeudi 12 à vendredi 13 mai 2022, des jeunes auraient subi des piqûres au Sunset Club de Saint-Lô. Ils ont été transportés à l’hôpital de la ville où ils auraient justement subi des tests. "Elle a aussi eu des médicaments contre le VIH", témoigne une jeune fille présente dans la boîte de nuit, à propos de son amie, victime d'une piqûre contre son gré.

Un système de sécurité renforcé

Face à cette situation, certaines boîtes de nuit renforcent leur système de sécurité. C’est le cas de la discothèque Le 32 à Caen. Depuis trois semaines, son patron, Jean-Baptiste Jautee, indique avoir "renouvelé le système de vidéo surveillance sur l’intégralité de l’établissement" ainsi que s’être équipé de détecteurs de métaux. Il précise aussi avoir mis en place un "contrôle systématique des sacs" et un "vestiaire obligatoire."

Coût total de son système de sécurité amélioré : 20 000 euros. "Je préfère investir et avoir une clientèle en sécurité", indique celui dont la boîte de nuit a été épinglée sur la page instagram #balancetonbar à Caen. Une page où sont recensés des témoignages de personnes racontant avoir été droguées et/ou victimes de piqûres. "Tous les établissements sont cités, réagit-il. Le problème, c’est qu’on apprend des choses par ce biais là. On est visés sur les réseaux sociaux sans être au courant. Si demain on me rapporte un document de l’hôpital je serais le premier à porter plainte avec la victime", poursuit le patron de la cette boîte de nuit caennaise.

Pour l'heure en France, plusieurs dizaines de plaintes ont été déposées pour piqûre à la seringue.

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