Des soupçons d'agression à la seringue durant le Carnaval étudiant à Caen

Des participants au Carnaval étudiant à Caen, le jeudi 7 avril 2022, s'inquiètent d'une possible agression. Ils auraient été piqués volontairement par une seringue durant la fête. Trois signalements « sous toutes réserves » ont été confirmés par la procureure de la République de Caen.

Déguisé, Brandon, 21 ans s'amuse au carnaval de Caen avec ses amis. L'étudiant en 3ème année d'éco-gestion profite de cette belle journée en défilant aux côtés des carnavaliers et carnavalières. Un peu plus tard, il se rend au Parc Expo où plusieurs concerts ont lieu. Sur le moment il ne sent rien mais après la fête il rentre chez lui, s'endort quelques heures et au réveil il constate une gêne dans son bras droit : "J'ai senti une lourdeur comme lorsque je fais un vaccin, c'était bizarre. Du coup j'ai commencé à toucher là où j'avais une petite douleur et j'ai senti une bosse. Au début je ne me suis pas trop inquiété mais le lendemain j'ai eu un hématome avec une petite trace de piqûre. J'avais entendu parler des agressions aux piqûres de seringue, j'ai vraiment stressé et sur les conseils d'une amie j'ai appelé le 15 qui m'ont expliqué que je n'étais pas le seul à les appeler pour leur parler d'une piqûre au bras".

J'avais un hématome sur mon bras droit et il y a avait une trace de piqûre

Brandon, 21 ans

Le jeune homme soupçonne donc une injection contre sa volonté lors du carnaval. Sans attendre il décide d'aller voir les forces de l'ordre et porter plainte : "Mais elle n'a pas été prise par la police car aucune agression n'a été constatée. Je suis ensuite allé aux urgences mais eux m'ont dit que sans plainte ils ne pouvaient pas faire d'analyses. Je n'ai pas fait de malaise, ni perdu connaissance, donc je ne pense pas que ce soit du GHB. De toute façon je ne le saurais jamais car j'ai dû attendre quatre jours pour avoir un rendez-vous chez le médecin pour obtenir une ordonnance et pouvoir aller faire des analyses au CHU de Caen".

Brandon a pu laisser une main courante. Il a été vacciné contre l'hépatite B. Et concernant le VIH il a fait une prise de sang avec un résultat prévu fin mai. La clinique de la Miséricorde à Caen ainsi que le CHU de Caen que nous avons contacté n'ont pas souhaité s'exprimer sur le sujet. 

Trois témoignages entendus

"Nous avons eu trois signalements de soupçons de piqûres pendant le carnaval, des signalements sous réserves" explique avec prudence Amélie Cladière, procureure de la République de Caen. "Actuellement, là encore sous réserves, aucun toxique n’a été mis en évidence dans ce contexte".

De son côté, la préfecture du Calvados confirme ces suspicions : "Pendant le carnaval, je me suis rendu au poste de secours de la manifestation", explique Julien Decré, directeur de cabinet du préfet. "Trois personnes s’y sont présentées. Elles ont expliqué avoir été victimes d’une piqûre ou présenté un état incohérent avec ce qu’elles avaient consommé auparavant. J’ai donc tout de suite demandé aux forces de l'ordre qu’elles soient entendues. Elles ont été prises en charge par les secours et emmenées au CHU pour y subir des examens".

Ce nouveau phénomène fait son apparition après une autre pratique dénoncée ces derniers mois dans le Calvados : celle d’une possible administration volontaire de GHB, appelée drogue du violeur, au cours de soirées, notamment dans des boissons. Alors la préfecture appelle à la plus grande vigilance. 

Jusqu'à présent, les investigations menées ne permettent pas de confirmer que les douleurs au bras ou un état second soient la conséquence d'une quelconque injection. 

Des bars et discothèques caennais font de la prévention

Depuis plusieurs semaines les piqûres dans les boîtes de nuit font l'objet de plusieurs enquêtes en France. De nombreuses plaintes ont été déposées dans plusieurs villes mais à ce stade, les résultats des analyses toxicologiques n'ont pas permis de déterminer si une substance nuisible avait été administrée.

Dans la ville de Caen, des bars et discothèques font de la prévention face à ce phénomène. C'est le cas de Myriam Putignier, directrice du El Ché Guevara Club, qui a décidé de poster un message d'alerte sur les réseaux sociaux : "Je ne veux pas faire la même erreur qu'avec le GHB, je préfère prendre les devants et alerter les jeunes sur les piqûres, je suis responsable des personnes qui viennent s'amuser chez moi et je veux les sensibiliser. Il faut que l'action "Balance ton bar" ait servi à quelque chose donc j'en parle, je préviens et je veux faire le maximum pour que cela ne se produise pas chez moi" nous confie-t-elle. D'autres établissements se joignent également au mouvement. 

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