Restos du cœur : des dons et des bénévoles en moins, des bénéficiaires toujours plus nombreux

La campagne d'hiver des Restos du Cœur a débuté en Normandie. Avec de plus en plus de bénéficiaires, les bénévoles sont inquiets : la fréquentation "explose". Familles monoparentales, étrangères, retraités, jeunes actifs, la précarité touche tout le monde.

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La 38ème campagne des Restos du Cœur est lancée, et cette dernière s'annonce inédite. En raison des différentes crises qui se sont succédées, sanitaire, sociale, écologique, les chiffres sont très alarmants cette année : +15% de demandes dans la région de Rouen, et même plus de 50% dans certains territoires comme au Neubourg. 

"La crise que nous connaissons actuellement, l'inflation, le prix de l'énergie, le prix du carburant... toutes ces raisons nous inquiètent", lance René Riquet, chargé de communication des Restos du Cœur de la région rouennaise (Seine-Maritime).

Pour bénéficier des Restos du Cœur, il faut répondre à certains critères comme les conditions de ressources. Inédit cette année : la prise en compte des frais de chauffage. "On regarde le reste à vivre des bénéficiaires que nous accueillons. Ce reste à vivre est impacté par le prix de l'énergie."

"C'est en train d'exploser"

A l'antenne d'Evreux (Eure), dans le quartier populaire de La Madeleine, les bénévoles ne cachent pas leur inquiétude. Ils n’ont jamais connu une situation aussi tendue. "C'est en train d'exploser. On attend environ 800 à 900 familles sur le centre d'Evreux", se désole Gilbert, un bénévole. "Moi je suis là pour donner à manger aux gens mais si on ne donne pas ce qu'il faut, ça va coincer."

Michèle Loquet, responsable des Restos du Cœur à Evreux, estime que le nombre de bénéficiaires va augmenter de 15 à 20 %. "Il y a beaucoup de familles monoparentales, il y a aussi des familles ukrainiennes, des familles étrangères, des retraités qui ont du mal à s'en sortir car le coût de la vie augmente de plus en plus."

La succession de crises sanitaire, écologique, économique a un impact : toujours plus de précarité. "Au moins ici on peut manger, ça évite de fouiller les poubelles dehors", nous lance un bénéficiaire. "Je suis au RSA et malheureusement quand on a payé toutes les factures, les fins de mois sont un peu dures. Les Restos du Cœur nous aident à mieux vivre", nous explique un second. 

L’année dernière les Restos du Cœur ont servi 1 300 000 repas à 7 500 bénéficiaires dans le département de l’Eure.

Difficile de trouver des produits frais

A l'antenne de Saint-Pierre-en-Auge (Calvados), située en zone rurale, le problème est de trouver des produits frais. Nous avons suivi Gérard pendant son ramassage. Ce bénévole se rend dans les supermarchés du coin pour récupérer les produits donnés par l'enseigne, sans savoir de quoi sera faite la collecte. "On peut avoir des fruits et légumes, des produits frais... on peut avoir deux caisses comme en avoir 15. Quand on part, on ne sait jamais ce qu'on va ramener."

Trois fois par semaine, un bénévole des Restos du Cœur vient donc chercher les dons qu'il ramène ensuite à l'antenne de l'association. C'est ensuite l'heure du tri, du rangement, de l'inventaire car tout doit être précis et comptabilisé. C'est aussi l'occasion de se rendre compte du manque de produits frais.

"Il n'y a vraiment pas grand-chose... des oranges, quelques pommes. J'appréhende vraiment cet hiver, ça va être très compliqué", constate Mauricette Levionnais, responsable des Restos du Cœur à St-Pierre-En-Auge. 

"Les supermarchés font des opérations antigaspis désormais avec des promos. Résultat, on se retrouve avec beaucoup moins de produits !"

Mauricette Levionnais, responsable des Restos du Cœur à St-Pierre-En-Auge

On est encore bien loin de l'idée de Coluche en 1985, que les Restos du cœur ne durent qu'un an.

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