Un des plus grands noms du cinéma s'est éteint. L'acteur Michel Piccoli est décédé à l'âge de 94 ans entouré de sa famille dans son manoir de Philbert-sur-Risle dans l'Eure.
La nouvelle a été communiquée ce lundi 18 mai par sa famille.
L'acteur français Michel Piccoli s'est éteint le mardi 12 mai 2020 des suites d'un accident cérébral, dans sa propriété de Saint-Philbert-sur-Risle, près de Pont-Audemer dans l'Eure.
Il avait 94 ans.
Compagnon de route de cinéastes comme Claude Sautet et Luis Buñuel, Michel Piccoli est un des monstres sacrés du cinéma français, avec des rôles dans des films qui ont marqué leur époque comme "Le Mépris", "Les Choses de la vie" ou "La Grande Bouffe".
Il est surtout connu pour son travail au cinéma, mais Michel Piccoli a également brillé sur les planches, sous la direction des plus grands metteurs en scène, de Patrice Chéreau à Bob Wilson.
Sa vie discrète à Saint-Philbert-sur-Risle
Michel Piccoli s'était installé dans ce village de 900 habitants il y a près de 40 ans, avec sa compagne Ludivine Clerc, scénariste.
Les parents de Mme Clerc étaient alors connus dans la commune.
"Tout le monde savait qu'il s'était marié à Saint-Philbert, qu'il venait régulièrement au Château de la Court et tout le monde respectait son intimité."
Françis Courel, maire de Saint-Philbert-sur-Risle
Le maire la commune, Françis Courel, que nous avons rencontré ce lundi raconte :
"j'ai eu l'occasion d'approcher l'acteur plusieurs fois. Pas souvent, mais à chaque fois c'était un grand plaisir. Quand il venait à Saint-Philbert, il était extrêmement discret".
Le couple s'est marié dans cette commune, le 8 juillet 1978. C'est Mr Bougon, le maire de l'époque qui avait célébré leur mariage.
L'acteur a adopté ensuite avec son épouse deux enfants d'origine polonaise.
La famille de Michel Piccoli était impliquée dans la vie de Saint-Philbert-sur-Risle.
Josette Clerc, sa belle-maman, disparue au cours de l'année 2018, était bénévole de la médiathèque Danielle Miterrand du village et participait très régulièrement à l’atelier d'écriture.
Un homme engagé à gauche
Ancien compagnon de route du Parti communiste, Michel Piccoli qui se déclarait "passionnément de gauche", s'est engagé dans divers combats de société en France, comme à l'étranger, notamment contre le racisme et le "capitalisme débridé".
"Il achetait Le Monde et Libé et moi j'achetais Le Monde et L'Humanité."
Françis Courel, maire de Saint-Philbert-sur-Risle
Des engagements politiques qu'il partageait avec le maire de Saint-Philbert-sur-Risle.
Françis Courel se souvient :
"il m'est arrivé de le croiser à la maison de la presse de Montfort-sur-Risle le dimanche matin. Un simple regard nous rendait notre complicité. Il achetait Le Monde et Libé et moi j'achetais Le Monde et L'Humanité. Michel Piccoli a été non seulement un immense acteur, profondément humain mais il a surtout été un militant, un compagnon des forces de gauche".
Pourtant, si l'homme ne s'est jamais inscrit au Parti socialiste, il en a systématiquement soutenu les candidats à l'élection présidentielle, de François Mitterrand en 1981 à François Hollande en 2012.
Dès les années 2000, il affirme que "la politique est devenue une catastrophe", "il n'y a plus d'idéologie possible, à part l'argent", déplore-t-il dans un entretien avec Libération.
"Il aimait mes fesses"
Michel Piccoli a tourné avec Brigitte Bardot l'une des scènes mythiques du cinéma.
En ouverture du "Mépris", Bardot, allongée nue sur un lit, énumère les parties de son corps sous le regard amoureux de Piccoli pour un dialogue inoubliable, sur une musique de Georges Delerue: "Tu vois mon derrière dans la glace ? - Oui. Tu les trouves jolies mes fesses ? - Oui, très."
Le film, qui révélera l'acteur au grand public en 1963, et réalisé par Jean-Luc Godard, raconte la désagrégation du couple, à l'occasion d'un tournage en Italie sur lequel travaille le personnage interprété par Piccoli, un scénariste.
Sa célèbre partenaire lui a rendu hommage ce lundi.
Michel Piccoli : nous avons interprété « le Mépris » mais partagé une grande estime réciproque. pic.twitter.com/e0OpbFC8VX
— BRIGITTE BARDOT (@brigitte_bardot) May 18, 2020