La tradition veut que l'on présente ses vœux en ce début d'année à nos familles, nos amis ou nos administrés si l'on est maire. À l'heure des comptes, certaines collectivités ont fait le choix de déroger à cette coutume. À Routot dans l'Eure, le maire tient quant à lui à conserver cette cérémonie, qui se tiendra ce vendredi soir dans la salle des fêtes.
Dans la salle des fêtes de Routot dans l'Eure, on s'affaire autour des tables. Des petites mains posent les nappes en papier, installent les chaises et comptent les verres. C'est ce soir, vendredi 3 janvier, que le maire Marie-Jean Douyère a choisi de présenter ces vœux aux habitants de sa petite commune de 1600 âmes, nichée dans les boucles de la Seine.
Alors que certains édiles ont fait le choix d'annuler leur cérémonie pour protester contre les coupes budgétaires que leur impose le gouvernement, lui a préféré maintenir ce moment de convivialité.
"Les habitants sont contents de venir aux vœux"
"Je suis très contente de venir à la cérémonie ce soir, de notre maire Monsieur Douyère, car je trouve que ça permet de se rencontrer, sinon on est chacun chez soi, et ça permet de se connaître" explique cette habitante de Routot rencontrée ce matin dans le centre-ville de la commune, "On vit une période où on a besoin de se retrouver".
Même son de cloche chez cet autre habitant. "Il y a d'autres problèmes que de savoir si oui ou non on peut ouvrir une bouteille de cidre et deux trois petits boudoirs pour les habitants de la commune, qui peut-être n'ont vu personne pendant les fêtes d'ailleurs, et qui seront bien contents de se retrouver à cette occasion".
"Les habitants sont contents de venir à ces vœux. C'est l'habitant qui chaque jour nous anime, et nous fait avancer" confirme le maire, élu en mai 2020.
Il faut bien gérer sa commune, mais il faut garder aussi des valeurs, garder la proximité. Il faut faire un savant équilibre entre bien utiliser les fonds d'une part, et d'autre part, vivre avec les habitants.
Marie-Jean Douyère, maire de Routot dans l'Eure
La cérémonie devrait coûter à la petite commune à peine 1 500 euros. "C'est du jus de fruits, du cidre, un peu de champagne, et on en profite aussi pour faire vivre les commerçants locaux. Tout ce qui va être consommé ce soir sera pris dans tous les commerces d'ici, on renvoie l'ascenseur en faisant des manifestations. Il faut se poser la question : à qui profitent nos animations ? Mais ça reste très, très modeste, ce n’est pas la fête non plus", poursuit Marie-Jean Douyère.
Le budget de fonctionnement de Routot est d'environ 1,6 million d'euros. "Je suis Normand moi, je fais attention aux deniers, donc on serre les budgets partout" plaisante l'édile. La cérémonie des vœux "est la seule de l'année où on met du champagne, les autres manifestations on met soit du crémant soit du cidre. Ce n’est pas dans ce domaine-là que nos économies sont importantes".
Le maire estime qu'il y a d'autres pistes d'économie possibles, comme l'éclairage public, plutôt que de renier sur une manifestation unique dans l'année.
Marie Jean Douyère rappelle qu'il ne dépassera pas son budget annuel, car tout est calculé et budgété.
Annulation symbolique
Le maire de Rouen, Nicolas Mayer-Rossignol, a fait le choix aussi de maintenir la cérémonie des vœux dans sa mairie. Le planning de l'édile, qui est aussi président de la Métropole rouennaise, est même bien chargé. Nicolas Mayer-Rossignol assistera également aux vœux la semaine prochaine des communes de Maromme, Montmain, Montville, Quevillon, Moulineaux, Houppeville...
En revanche, les vœux de la Métropole aux associations et autres acteurs socio-économiques de la région, ont été annulés. Mais pas ceux des agents de la Métropole. Une décision raillée par l'opposition qui n'y voit qu'un "coup de com".
Marine Caron, conseillère municipale de Rouen dans l'opposition, et membre du conseil métropolitain, explique sa désapprobation. "Le moment des vœux est un moment extrêmement important pour les acteurs socio-économiques, institutionnels et associatifs du territoire, pour connaître le cap donné. Ça ne représente que quelques dizaines de milliers d'euros seulement, quand la Métropole continue de dépenser à tout va des millions d'euros sur plein de projets, et quand la dette s'accroît de plus de 21% en un an. Donc c'est une mesure de communication qui est bien peu pertinente par rapport à ce que la Métropole devrait envisager comme mesures fortes pour impacter ses finances".
L'élue préconise d'être vigilant dans les dépenses tout au long de l'année, et rappelle l'importance pour les acteurs du territoire de se retrouver tous ensemble dans un moment convivial et fédérateur.
La mesure n'apportera qu'une modeste économie reconnaît la Métropole Rouen Normandie, "Elle se veut avant tout symbolique, au moment où des politiques pourtant utiles et importantes sont menacées (fonds vert, mobilités cyclables, réseaux de chaleur)", explique la collectivité dans son communiqué.