La préfecture de l’Eure informe les habitants que des analyses génétiques confirment la présence du castor d’Europe dans le département notamment au bord de la Charentonne, près de Broglie.
Des bois taillés en crayon… Des arbres rongés… Depuis quelques semaines, les experts se penchaient sur la question : et si le castor était de retour dans l’Eure ?
Le castor d'Europe de retour en Normandie
Après des analyses génétiques réalisées notamment par le Groupe mammalogique normand (GMN) et l’office français de la biodiversité (OFB), c’est confirmé, des castors se sont installés près de Broglie au bord de la Charentonne.
Attention, il s’agit bien du castor d’Europe et non son cousin le Canadien classé « espèce exotique envahissante ».
Des animaux à queue plate
Le castor ne doit pas être non plus confondu avec le ragondin, une espèce également classée "exotique envahissante", originaire d’Amérique du Sud. Plus petit que le castor d’Europe, le ragondin a une queue ronde alors que le castor d’Europe est, quant à lui, très facilement reconnaissable à sa queue plate à l’aspect écailleux.
Six pièges photographiques ont été installés par le GMN et l'OFB afin d'assurer une veille. De nombreuses photos et séquences vidéo ont alors mis en évidence la présence d'au moins deux individus.
Comment le castor a pu revenir en Normandie ?
Son apparition sur la Charentonne, loin des populations connues les plus proches de la Normandie (départements de la Sarthe et de la Mayenne), soulève de nombreuses questions sur son origine. "De plus, de nombreux suivis naturalistes sont assurés sur le bassin-versant de la Risle où aucun indice n'a jamais été trouvé au cours des dernières années", précise le GMN.
Les spécialistes pensent que sa présence est due à une "réintroduction volontaire non cadrée et qui serait, de ce fait, tout à fait illégale". Le castor apporte des bénéfices écologiques indéniables dans les habitats qu'il occupe, cependant le GMN condamne fermement cette réintroduction réalisée en toute illégalité, sans aucune concertation avec les structures compétentes dans le domaine et qui amène aujourd'hui à devoir gérer des problématiques de cohabitation non anticipées.
Cette action est d'autant plus regrettable qu'une recolonisation par le sud de la région pouvait se faire naturellement, à court ou moyen terme, grâce à la remontée des populations du bassin de la Loire. Le GMN a déjà lancé un travail de médiation en installant quelques protections physiques visant à limiter les dégâts chez les riverains actuellement impactés.
Une espèce protégée depuis 1968
Au Moyen-Âge, le castor d’Europe était présent dans toute la France. Longtemps chassé pour sa fourrure, sa chair et ses sécrétions utilisées en parfumerie, l’espèce subit une forte régression à partir du XVIIe siècle pour ne plus subsister que dans la basse vallée du Rhône au début des années 1900. Protégée depuis 1968, l’espèce fait depuis son retour sur les cours d’eau français.
L’OFB est en charge du suivi de l’espèce au plan national depuis 1987, à la demande du ministère en charge de l’environnement. Il anime le « réseau castor ». Dans l’Eure, en lien étroit avec le groupe mammalogique normand et d’autres partenaires locaux ainsi que des services de l’État, le suivi se poursuit dans le secteur où les premiers indices ont été découverts.
Il est possible de signaler les indices de présence et/ou d’observation de castor au service départemental de l’office français de la biodiversité sd27@ofb.gouv.fr.