Conseillère démissionnaire, chroniqueuse hebdomadaire… où va Ingrid Levavasseur ?

Près de 3 ans après sa soudaine naissance médiatique, l’ancienne figure de proue des Gilets Jaunes vient de démissionner de son siège de conseillère d’opposition à Louviers (Eure). Chaque semaine, elle est désormais chroniqueuse à la télévision. Et demain ? Rencontre.

"Je n’irai pas me faire vacciner sous obligation !" affirme-t-elle le poing serré, face à son interlocuteur. Nous sommes sur le plateau de l’émission Apolline Matin, sur RMC Story. Il est 8h25. Ingrid Levavasseur dit haut et fort ce qu’elle pense ; cela dure depuis 3 ans maintenant. Fin 2018, c’était sur le péage d’Heudebouville ; ce matin, dans des studios de télévision à Paris.

De Gilet Jaune à chroniqueuse, tout est allé très vite pour l’euroise. "J’ai envie de dire : quel changement, quelle évolution en si peu de temps, nous confie Ingrid Levavasseur, après son passage en plateau. J'ai l'impression que c'était hier, mais quand je fais la chronologie des choses je vois beaucoup de chemin parcouru. J'en suis fière, même si j'ai parfois eu des petites fautes de parcours. Mais ce n’est pas grave, ça se rectifie. L’échec permet la construction".

Après 15 mois dans l'opposition, la démission

Son parcours est fait de nombreux rebondissements. Le dernier en date, le 27 septembre dernier, quand elle démissionne de son siège de conseillère municipale d’opposition à Louviers (Eure). Née dans la commune, Ingrid Levavasseur, 33 ans, a dû déménager "pour sa vie privée", dans une commune voisine.

Une raison suffisante selon elle pour motiver cette démission. "Je me sentais pas légitime de représenter les lovériens sans savoir ce qu’ils vivent au quotidien, sans être représentative de la population, car ne vivant plus à Louviers, n'utilisant plus ses commerces, les lieux publics…".

Elue depuis juin 2020, Ingrid Levavasseur s’arrête donc. Définitivement ? "Je fais une pause à Louviers, mais je ne fais pas de pause politique. La politique m’intéresse encore".

Un break bienvenu pour se consacrer davantage à son association, Racines positives, qui vient en aide aux familles monoparentales. Aide psychologique, conseils financiers… l’association accompagne ces hommes et ces femmes qui élèvent seuls leurs enfants. "Je veux continuer à défendre ce type de famille, car pour moi elles sont encore trop exclues de la société. C'est tout un tas de contraintes qui fait que ces familles ne vivent pas comme les autres : des contraintes financières, des contraintes du quotidien concernant l'éducation des enfants...". 

C'est un vrai engagement de défendre ceux qu'on entend jamais à la télévision

Ingrid Levavasseur

Pour Ingrid Levavasseur, cette pause politique n’est pas synonyme de désengagement. "Je reste engagée à travers l’association. Et c’est un vrai engagement que d'aller toutes les semaines sur un plateau télé et de débattre d'un thème d'actualité. C'est un vrai engagement de défendre ceux qu'on entend jamais à la télévision".  Défendre ceux qu’on entend jamais… un engagement pris, gilet jaune sur le dos, un certain 17 novembre 2018.

« Toujours gilet jaune », mais traumatisée à vie

Ingrid Levavasseur était d’abord une manifestante anonyme, comme 300 000 autres gilets jaunes. Mais très vite, elle en devient une figure de proue. La porte-voix des mères célibataires aux fins de mois difficiles.

Trois ans plus tard, sa colère est toujours là. "Aujourd'hui, je pense qu'on aurait encore plus de raisons de sortir dans la rue. Il y aurait de quoi faire un vrai mouvement, entre l'obligation du passe sanitaire, les souffrances du confinement, les prix du gaz, de l'électricité, de l'essence ! Il y a autant de colère. Et je reste fondamentalement Gilet Jaune dans ces colères-là, car je me dis que c'est injuste, et que c'est toujours les mêmes qui payent".

Si y'a un truc négatif que je retiens, c'est ces menaces de mort, de viol

Ingrid Levavasseur

Le Gilet Jaune est toujours dans son cœur, mais plus sur ses épaules. Rangé, depuis qu’elle s’est désolidarisée du mouvement après avoir subi des agressions. "Si y'a un truc négatif que je retiens, c'est ces menaces de mort, de viol, et ces agressions physiques que j'ai subie. Cela reste des traumatismes à vie".

Autre revers de la médaille, Ingrid Levavasseur a les plus grandes difficulté à travailler en tant qu'aide-soignante, son métier de formation. Son nom étant irrémédiablement rattaché au mouvement des Gilets Jaunes, les portes se ferment, même en pleine pandémie.

Un retour dans le jeu politique ?

Mais l’ancienne salariée du CHU de Rouen n’oublie pas son corps de métier. "Je veux défendre des personnes comme moi seules avec leurs enfants, les personnes qui ont des boulots qui ont été plus que nécessaires pendant le confinement, et qui devraient etre pris plus en considération aujourd'hui." Un discours qu’elle peut tenir chaque semaine sur un plateau télé... en attendant de revenir un jour dans le jeu politique ? "Peut-être, je ne sais pas… on peut pas dire ce qu'on fera dans 10 ans, la politique est tres aléatoire". Et en politique aussi, tout va très vite.

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