En engageant sa responsabilité sur le projet de loi de financement de la Sécurité sociale via l'article 49.3, le Premier ministre Michel Barnier fait face à une fronde politique majeure. Le Rassemblement National et les partis de gauche se mobilisent pour voter une motion de censure, qui pourrait conduire à la chute du gouvernement dès cette semaine. Les réactions des politiques normands.
Le Premier ministre Michel Barnier a engagé lundi 2 décembre 2024 la responsabilité du gouvernement sur le projet de loi de financement de la Sécurité sociale. Un premier 49.3 qui devrait le conduire à chuter dès cette semaine, le Rassemblement National ayant annoncé qu'il voterait la censure du gouvernement à l'unisson de la gauche.
"Nous censurerons ce gouvernement"
Timothée Houssin, député RN de l’Eure, réagit à la potentielle censure du gouvernement :
"Depuis des semaines Marine Le Pen et les députés RN font des propositions, budgétairement équilibrées, pour préserver le pouvoir d'achat des Français et diminuer la mauvaise dépense publique. (...) Faute d'être entendus, nous constatons que Michel Barnier refuse de rompre avec la politique d'Emmanuel Macron que les Français ont massivement rejeté en juin 2024, en conséquence, nous censurerons ce gouvernement !"
Depuis des semaines @MLP_officiel et les députés RN font des propositions, budgétairement équilibrées, pour préserver le pouvoir d'achat des français et diminuer la mauvaise dépense publique.
— Timothée Houssin (@T_Houssin) December 2, 2024
Faute d'être entendus, nous censurerons ce gouvernement ! pic.twitter.com/AQXUCnKd6r
Le Rassemblement National n'est pas le seul parti à vouloir censurer le gouvernement. Arthur Delaporte, député socialiste du Calvados, compte lui aussi faire tomber le gouvernement Barnier.
Nous avons proposé un budget de justice sociale et environnementale qui répond aux préoccupations des Français. Les macronistes-LR ont préféré négocier avec l'extrême droite.
— Arthur Delaporte (@ArthurDelaporte) December 2, 2024
Dont acte. Nous censurerons le gouvernement Barnier. https://t.co/OZ5FfukEQq
"À chacun, désormais, de prendre ses responsabilités !", lance Philippe Gosselin, député (LR) de la Manche. "L’intérêt du pays mérite mieux que des postures politiciennes. Mercredi, je voterai contre les motions de censure", a indiqué Joël Bruneau député (DVD) de la 1ère circonscription du Calvados.
L’intérêt du pays mérite mieux que des postures politiciennes. Mercredi, je voterai contre les motions de censure. pic.twitter.com/XTRoOJVSBN
— Joël Bruneau (@joelbruneau) December 2, 2024
"Emmanuel Macron est doublement responsable"
Le président de la Région Normandie, Hervé Morin (Les Centristes), a également réagi au micro de nos confrères de LCI : "Emmanuel Macron est doublement responsable : il est responsable en ayant effectué une dissolution que personne ne voulait, mais il est aussi responsable de la situation financière du pays en ayant caché l'état des finances publiques".
"@EmmanuelMacron est doublement responsable : il est responsable en ayant effectué une dissolution que personne ne voulait mais il est aussi responsable de la situation financière du pays en ayant caché l'état des finances publiques !" @Herve_Morin pic.twitter.com/zPLnq29wPh
— Les Centristes (@LesCentristes_) December 2, 2024
130 motions de censure, une seule adoptée sous la Ve République
Plus de cent-trente motions de censure ont été déposées depuis 1958 avant celles annoncées lundi mais une seule, en 1962, contre l'élection du président de la République au suffrage universel, a été adoptée, ce qui avait fait chuter le gouvernement Pompidou.
Une motion de censure peut en effet être à l'initiative des députés pour censurer la politique d'un gouvernement (art 49.2), comme cette fois-là avec succès. Elle peut aussi être utilisée après l'engagement de la responsabilité du gouvernement sur le vote d'un texte (art 49.3), comme ce fut par exemple le cas à deux reprises et sans succès le 20 mars 2023 pour le texte sur la réforme des retraites défendue par la Première ministre Elisabeth Borne.
Pour être adoptée, une motion de censure doit recueillir la majorité absolue (287 voix) et aucune déposée suite à un 49.3 n'a été adoptée depuis la naissance de la Ve République.