Si les incendies sont historiquement concentrés dans le sud de la France, le risque s'étend désormais progressivement à tout le pays en raison de la sécheresse. Dans l'Eure, cet enjeu était au cœur de l'Assemblée générale de l'Union Régionale des Collectivités Forestières, ce jeudi 25 mai au Château de Martot près d'Elbeuf.
Malgré les précipitations de mars et d’avril, le niveau des nappes phréatiques reste peu satisfaisant dans une grande partie du pays, y compris en Normandie d'après une carte établie le 10 mai par le BRGM (Bureau de Recherches Géologiques et Minières).
Cet été, le risque de sécheresse est donc considéré comme "très fort" en Seine-Maritime et dans l'Eure. Dans ces conditions, les forêts sont particulièrement vulnérables.
Dans la région, 86% du domaine forestier se compose de feuillus, moins inflammables que les arbres résineux mais le risque d'incendie augmente avec la sécheresse.
Eric Hincelin, ingénieur forestier au Centre Régional de la Propriété Forestière en Normandie (CNPF)
Plus les arbres sont secs, plus ils sont inflammables. L'incendie survenu près de Montfort-sur-Risle le 12 août 2022, en pleine sécheresse, l'a démontré. Le plus important feu de forêt du département de l'Eure depuis 1976 avait ravagé 42 hectares de forêt de pins.
"D'un peuplement peu sensible, on va passer en cas de sécheresse à un peuplement sensible avec un risque d'incendie assez fort ", s'inquiète l'ingénieur forestier Eric Hincelin.
Une évolution des formations nécessaire
Conséquence, les pompiers normands surtout préparés aux feux de récolte revoient leur formation et partent s'entraîner dans le Sud.
On fait évoluer notre matériel et nos formations. On sera prêt d'ici quelques années à répondre à des enjeux similaires à ceux que l'on retrouve dans le Sud aujourd'hui.
Colonel Pierre Machillot, directeur adjoint du service départemental d'incendie de l'Eure
Présent également à cette Assemblée générale, le sénateur de Seine-Maritime (UC) Pascal Martin. Co-rapporteur d'une proposition de loi sur les feux de forêt, il a rappelé l'importance d'adopter une stratégie nationale.
"Il faut avant tout mettre en place des politiques de prévention et de sensibilisation à destination de la population, où que ce soit sur le territoire, à travers des campagnes de communication", a-t-il assuré.
28 communes de l'Eure devraient faire l'objet d'un arrêté préfectoral d'obligation de débroussaillement d'ici l'été.