Une opération pour extraire le béluga, cétacé de quatre mètres et environ 800 kg qui se trouve depuis vendredi dans un bassin de la Seine à Saint-Pierre-La-Garenne (Eure), va être réalisée dans la soirée ce mardi 9 août 2022.
Le béluga repéré dans la Seine il y a une semaine a-t-il une chance d'être sauvé ? C'est en tout cas ce que vont tenter de faire les autorités et les équipes de soigneurs ce soir "Aujourd'hui une opération d'une grande ampleur, complexe et non dénuée de risques mais indispensable pour le béluga va se mener", indique Sea Shepherd France ce mardi matin sur les réseaux sociaux.
"L'importante opération d'aujourd'hui consistera à transloquer le béluga qui est à plus de 150 km de la mer, vers un bassin d'eau salée, mieux adaptée à sa physiologie afin de bénéficier d'une surveillance médicale et de soins."
Une opération à haut risque
L'opération, qui devrait avoir lieue à partir de 20h, sera délicate et non sans risque pour l'animal dont l'état de santé est déjà fragile. "Tous les cétacés sont énormément sensibles au stress. Les captures dans les filets génèrent pas mal de mortalité", nous explique Gérard Mauger, vice-président du groupe d'études des cétacés du Cotentin (GECC). "Cette crainte est réelle, ce qui nécessite de prendre un maximum de précautions."
Il faudra que la manœuvre dure le moins longtemps possible.
Gérard Mauger, vice-président du groupe d'études des cétacés du Cotentin (GECC)
Reste la question d'administrer des calmants ou non à l'animal pour diminuer son stress : "il y a des difficultés à donner des médicaments aux cétacés parce que si on les endort de trop ils risquent de ne plus respirer et de mourir."
L'animal de 800 kilos devra être capturé avant d'être suspendu par une grue via une sorte de hamac avant d'être posé sur un camion, à sec. Le béluga devrait être transporté dans un brancard avec des matelas pour éviter que l'animal souffre du poids de son corps. "Dans l'eau, les cétacés supportent bien leur poids mais sur terre, la gravité est plus difficile et ça comprime ses organes. Il ne faut pas qu'il reste trop longtemps dans cette position."
L’opération sera "longue et technique" a indiqué dans l'après-midi Isabelle Dorliat-Pouzet, secrétaire générale de la préfecture de l'Eure et sous-préfète d'Evreux. Plus de 80 personnes seront mobilisées, parmi elle, une quarantaine de pompiers, des gendarmes, des spécialistes, des plongeurs et des vétérinaires. 24 personnes devront tenir les cordes pour soulever les 800 kg. "L'extraction devrait durer deux à trois heures", précise Isabelle Dorliat-Pouzet.
Une épreuve d'autant plus risquée que l'animal est affaibli. Plusieurs tentatives pour nourrir l'animal, "très amaigri", ont été faites ces derniers jours mais sans succès pour le moment, amenuisant de jour en jour ses chances de survie. Les nouvelles de l'animal "sont correctes" mardi matin, a indiqué Isabelle Brasseur, l'une des membres de l'équipe.
Il y a quand même un facteur d’espoir. L’urgence c’est de savoir si le fait qu’il ne mange pas est dû à une maladie incurable ou si on peut l’aider et dans ce cas il faudra le faire pour lui donner toutes les chances d’être relâché en mer dans les meilleures conditions.
Lamya Essemlali, présidente de Sea Shepherd France
Une course contre la montre
La course contre la montre est lancée. D'autant plus que l'animal se trouve dans une des écluses de Saint-Pierre-la-Garenne (Eure), à 130 km de la mer. L'animal devra être arrosé en permanence pour maintenir sa peau humide jusqu'à destination.
Le béluga sera transporté dans une écluse à Ouistreham, près de Caen (Calvados).
Objectif remise en mer
Si l'opération réussi, l'animal devrait être gardé plusieurs jours en observation avec une équipe de vétérinaires "pour s'assurer qu'il a les meilleures conditions possibles pour le remettre en mer."
Au bout des deux ou trois jours, il sera conduit en haute mer, très loin loin des côtes, avec les moyens habituels de tractage. Il sera remis en liberté et la nature reprendra ses droits.
Isabelle Dorliat-Pouzet, secrétaire générale de la préfecture de l'Eure et sous-préfète d'Evreux
"Le risque de le remettre en mer directement c'est qu'il meurt aussitôt et qu'il revienne échoué", poursuit Gérard Mauger, vice-président du groupe d'études des cétacés du Cotentin (GECC).
Les pronostics pour que le béluga égaré dans le Seine ne connaisse pas la même fin tragique que l'orque au printemps derniers ne semblent pas très favorables. L'opération de la dernière chance va être lancée.