Une opération de la douane a mis au jour un véritable arsenal chez un jeune homme de 25 ans. Domicilié dans l’Eure, il a été placé en garde à vue avec son complice, un militaire exerçant à Belfort (Territoire-de-Belfort).
C’est une information révélée par nos confrères du Monde et confirmée par la procureure d’Evreux. Samedi 20 novembre 2021, une équipe de la douane a saisi 130 armes chez un particulier. Une enquête est actuellement menée par la police judiciaire de Rouen (Seine-Maritime). En plus des armes, l’homme cachait des « éléments de propagande liée à l’extrême droite, des écussons, des affiches, de la documentation néonazie typique ».
D'après l'Agence France Presse, mercredi 24 novembre, deux hommes ont été mis en examen et placés sous contrôle judiciaire pour des infractions relatives à la législation sur les armes après la découverte d'un arsenal et d'objets néonazis dans l'Eure, a appris l'AFP auprès du parquet d'Évreux.
Les deux mis en cause "reconnaissent détenir des armes de guerre et être particulièrement passionnés par les armes. Après, leurs explications sont assez peu crédibles sur la provenance des armes. D'où l'ouverture d'information pour vérifier d'où viennent ces armes", a expliqué à l'AFP la procureure de la République d'Évreux Dominique Puechmaille.
Les deux jeunes hommes sont défendus par Maître Delacroix du barreau d'Evreux qui s'étonne de la retombée médiatique de cette affaire : "si la portée terroriste avait été retenue, mes clients auraient été placés en détention. A ce stade, ils sont sous surveillance judiciaire avec obligation de ne pas entrer en contact. Les chefs d'accusation retenus sont "l'acquisition et la détention d'armes". Le militaire est aussi mis en examen pour "sévices et actes de cruauté envers des animaux." L'homme tirait sur les chats sauvages en pleine campagne car il estimait qu'ils étaient à l'origine de beaucoup de dégradations".
Les deux hommes sont originaires de Bernay et se connaissent depuis l'enfance. Le deuxième vit dans le Calvados et des armes ont également été saisis à son domicile. Ils se disent passionnés de chasse et de tir.
Au cours de leurs auditions, ils n'ont pas fait état de discours politisé et semblaient dépassés par leurs gardes à vue de 96h.
Course poursuite avec les douaniers
Les faits remontent au 20 novembre 2021. Deux jeunes hommes à bord d'un véhicule tentent d’échapper à un contrôle des douaniers. Ils viennent d’achever une séance de tir en rase campagne, une activité interdite. Leur fuite prendra fin en percutant le véhicule des policiers. Dans leur coffre, trois fusils de chasse et un pistolet automatique sont saisis. Des armes détenues de manière légale, cependant les policiers poursuivent leurs investigations en se rendant au domicile de l’un d’entre eux.
Dans une maison individuelle située au Mesnil-en-Ouche (Eure), se trouvent 130 armes dissimulées dans un local caché. Selon l’article du Monde : « des fusils d’assaut AR-15 et AK-47, au moins deux pistolets-mitrailleurs, des armes de poing, deux fusils à pompe à canon et crosse sciés, 200 kilos de munitions diverses, des grenades, cinq cartouches de 20 mm pour mitrailleuses d’avion… Soixante-dix-sept de ces armes relèveraient toutefois de la catégorie C, c’est-à-dire que leur détention est uniquement conditionnée par une déclaration : armes de chasse ou neutralisées, c’est-à-dire rendues inaptes au tir. » Dissimulés également, la police met la main sur des « éléments de propagande liée à l’extrême droite, des écussons, des affiches, de la documentation néonazie typique »
Un militaire surveillé par les renseignements
Selon les premiers éléments de l’enquête, le propriétaire de la maison est outilleur, et son complice est un militaire d’active, caporal au 35e régiment d’infanterie de Belfort (Territoire-de-Belfort). L’interpellation n’est pas le fruit du hasard. Les deux jeunes hommes étaient surveillés depuis des mois par les services de renseignement. Le Monde précise que « la direction du renseignement et de la sécurité de la défense, chargée de la sécurité interne aux armées, s’intéressait aux activités du caporal interpellé, en collaboration avec la direction générale de la sécurité intérieure, leader en matière de lutte antiterroriste. »
Dominique Puechmaille procureure de la République à Evreux nous précise que « le lien avec une action terroriste est plus que ténu. Les gardes à vue prolongées en régime dérogatoire se terminent demain (mercredi 24 novembre) et sauf dessaisissement au profit du parquet national anti-terroriste si des éléments particuliers apparaissaient, nous envisageons soit une comparution immédiate soit une ouverture d’information ».